Déconfinement jour 124… « Patville, Journal en temps de coronavirus: Le Feuilleton », un feuilleton fiction, écrit par Yves Carchon, autour du coronavirus. A suivre tous les vendredis pendant la période de pandémie.
Patville, Journal en temps de coronavirus
Chapitre 8 : Fils à papa (suite et fin)
— Alors, c’est vous Collins ? Cushing m’a dit que vous vouliez me voir ! Je vous préviens, je vous accorde cinq minutes, pas plus ! Que voulez-vous savoir ?
Le reste de l’entrevue avait été narré dans le menu détail par un Collins encore estomaqué à une Emy curieuse, la même Emy l’ayant rapporté à la mercière Mme Holy en mal de ragots, quasi en transes quand elle l’avait elle-même restituée à Jim.
« Cinq minutes, rien que ça ! Il se prenait pour qui le vieux ! Pour sûr que Jeff ne s’est pas démonté et qu’il a pris son temps pour lui poser toutes les questions qu’il avait sur le cœur ! Il en a vu d’autre à l’Ecole militaire ! Le pauvre ! « Il est encore pas né, çui qui voudra m’en imposer ! » que Jeff a même ajouté en retirant ses bottes. Il a donc sorti son calepin sous le nez de Cooper et lui a demandé ce que sa Chevrolet de merde foutait donc sur la route des Terres Hautes… A quoi Cooper a répondu que c’étaient ses oignons et que ses véhicules roulaient quand lui le décidait. Là-dessus Jeff, qui est tout sauf un dégonflard, ne s’est pas laissé embrouiller. Il a parlé des sacs de cocaïne dans le coffre de l’auto. Là, le Cooper a franchement marqué le coup. « De la coke, comment ça ? » « — Un bon paquet, ça oui ! Qui a tout lieu de ressembler à un trafic en direction d’Oraculo… Ce qui m’embête, c’est que cette Chevrolet vous appartient… » La tête de Cooper ! Vrai, il tombait des nues ! C’était pas du chiqué ! Le vieux était pas franchement dans la combine… Mais le plus dur c’est quand mon Jeff parla du conducteur mort… Un mort qui s’était fait la malle ! Pour ça, il y avait d’quoi en contrarier plus d’un !».
Là, J. Copper avait arrêté Jeff d’un simple geste.
— Je l’ai récupéré hier. Il est ici ! avait-il grommelé, la voix un peu cassée.
— Chez vous ?
— Oui, là, dans ma maison !
— Mais… pourquoi ? s’était étonné Collins,
— Parce qu’il s’agit d’Alan, et qu’Alan est mon fils, avait-il grimacé.
Jeff avait encaissé l’information, avant de demander :
— Vous voulez dire que c’est Alan qui conduisait la Chevrolet ?
— A mon corps défendant ! J’avais pourtant donné des ordres à mon second ! En aucun cas, il ne devait conduire, surtout quand il était en pitoyable état ?
— Dans quel état se mettait-il, monsieur Cooper ?
J. Cooper soupira.
— Dans un état de dépendance extrême. Alan était toxicomane, un accro à la coke… Il y a deux jours, j’avais pris soin de demander qu’on le gardât à l’œil…Alan ne tournait pas très rond depuis une bonne semaine ! Un gosse de riche, vous savez ce que sais ? Eh bien, Alan était le spécimen parfait du gosse de riche ! Capricieux, fainéant et coureur de jupons. Mais ce que j’ignorais — et Jeffries avec moi, c’est qu’il traficotait et faisait commerce de coke…
Collins avait poussé un pion sur le damier de son enquête.
— Avec le bagne d’Oraculo ?
— Peut-être. Je ne saurais vous dire. A priori, il avait pris la route d’Oraculo… Par chance, Jeffries pistait Alan le jour de l’accident, il a assisté impuissant à l’embardée brutale de la voiture et au choc contre le pylône… Et il a constaté que mon fils était mort sur le coup ! Il m’a rejoint presque aussitôt aux Terres Hautes. Je lui ai dit d’aller chercher le corps…Mais entretemps, j’imagine que vous étiez déjà sur place pour vos premières constatations…
— En effet, lui dit Jeff. Et c’est là qu’en forçant le coffre de la Chevrolet, j’ai découvert le pot-aux-roses !
Selon les dires du vieux Cooper, — qui pour Collins avaient des airs de vérité, ni lui, ni son homme de main ne connaissaient les trafics du fils. Sinon, Jeffries aurait récupéré la came en plus du corps. Jason Cooper, malgré sa magnifique aura de patriarche, n’était au fond qu’un pauvre père qui avait dû se coltiner un mauvais fils. Un fils mort présentement. Un mort qui endeuillait déjà la maisonnée Cooper. Mais Jeff devait poursuivre son investigation. A commencer par voir Alan et s’assurer qu’il s’agissait du même mort qu’il avait vu.
— Hum, reprit-il avec moult précautions en regardant Cooper… Ça m’ennuie de vous demander ça, monsieur Cooper… mais…comment dire… pourrais-je voir Alan…pour mon enquête ?
J. Cooper s’était figé, fixant un court instant Collins comme s’il lui demandait de perpétrer un acte inavouable, le regard douloureux, avec une pointe de cruauté à la commissure de ses lèvres. Mais Jeff savait que le chagrin, qui déformait parfois l’expression du visage, pouvait s’apparenter à une franche brutalité. Le vieux hocha enfin la tête. « — Suivez-moi », lui avait-il dit.
Collins, sans hésiter, lui avait emboîté le pas.
Patville, un feuilleton signé Yves Carchon, écrivain, auteur de "Riquet m'a tuer", de "Vieux démons", de « Le Dali noir », et de son nouveau polar « Le sanctuaire des destins oubliés »
Retrouvez
Covid-19 : Patville Le Feuilleton | Épisode 24
Covid-19 : Patville Le Feuilleton | Épisode 23
Covid-19 : Le Feuilleton | Chapitre 7 | Les Terres Hautes
Covid-19 : Le Feuilleton | Chapitre 6 | Collins contre tous
Covid-19 : Le Feuilleton | Chapitre 5 | Le bagne d’Oraculo
Covid-19 : Le Feuilleton | Chapitre 4 | Le village de nous autres
Covid-19 : Le Feuilleton | Chapitre 3 | Les culs terreux
Covid-19 : Le Feuilleton | Chapitre 2 | Les culs terreux
Covid-19 : Le Feuilleton | Chapitre 1 La fin des temps
Le mort n’est plus fantome , il est rentré chez lui par d’autres moyens . Il ne s’embarrasse pas avec les lois visiblement le père Cooper .
Merci pour la suite du feuilleton .
Bonne soirée
avec plaisir
Merci pour cette suite douce fin de journée
avec plaisir
C’est bien de notre époque, très captivant !
vivement la suite
Passe une bonne journée Bernie
toi aussi