Covid-19 : Patville Le Feuilleton | Chapitre 15 | Les mutins

Patville Le Feuilleton, un journal fiction, écrit par Yves Carchon, en temps de la pandémie du coronavirus Un nouveau chapitre à suivre, tous les vendredis.

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Patville, Journal en temps de coronavirus

Chapitre 15 : Les mutins

Le Rat et sa troupe de démons s’étaient déjà emparés des fusils quand Blackstone, le cul calé dans son fauteuil, s’éternisait autour d’un dernier verre avec Murphy. Le bureau était grand, plutôt spacieux, même si les murs étaient chargés d’armoires cubiques où se trouvaient classés les dossiers des bagnards.

De ces meubles métalliques à caissons datant probablement de la fin de la Guerre. Ayant été soldat, Blackstone en avait hérité pour services rendus et parce qu’il devait prendre ses quartiers comme directeur du bagne, en attendant que l’intendance suive. Mais l’intendance n’avait pas suivi. Le mobilier qu’on lui avait promis n’ayant jamais franchi les portes d’Oraculo, il avait dû en faire son deuil.

Comme pour beaucoup de choses au demeurant.  Il s’était rendu compte très vite que, du côté des grilles où lui était, c’était guère mieux que s’il avait été derrière. Quand on était au bagne, tout directeur fût-on, on était bel et bien la dernière roue de la charrette. Il s’était donc aigri, passant ses nerfs sur la plupart des détenus et augmentant à chaque fois d’un cran le degré des sévices.

Murphy, au fil du temps, l’avait vu s’étioler. L’absorption de mezcal avait causé de gros dégâts dans sa tête de pioche, bousillant ses neurones et empâtant ses traits. En l’espace de cinq ans, il l’avait vu gonfler comme une outre trop pleine, au point qu’on aurait cru parfois qu’il était prêt à éclater. Son pas s’était fait lourd, sa démarche vacillante. Il n’était plus celui qu’avait connu Murphy.

De son côté, Murphy, prudent et peu porté sur la bouteille, avait toujours pris soin de boire modérément cet alcool frelaté. Ce mezcal, consommé tous les jours dans le camp, avait détruit plus d’un taulard.

Les abrutis et les tarés étaient certes légion entre ces murs, avec ou sans mezcal, mais sans conteste, c’étaient de loin les fous furieux alcoolisés qui tenaient le haut du pavé. Si l’on ajoutait à ce putain d’alcool une dose quotidienne de dope, on n’avait pas besoin de sortir de West Point pour mesurer les ravages provoqués dans les têtes.

A commencer par celle de Hayes, ce rat au ciboulot fêlé qui, à l’heure qu’il était, devait ronger son frein dans sa cellule.

Après quelques années passées au bagne, Murphy s’était habitué à observer tout ça de loin. Que Blackstone ait décidé de se foutre en l’air était son problème à lui seul, pas le sien. Il avait bien assez affaire avec lui-même ! « Il faut mourir un jour de quelque chose, » se disait-il souvent avec un rien de fatalisme.

Mais il est vrai aussi qu’il y trouvait son compte à voir Blackstone se dégrader, pour la bonne raison que l’autre s’en remettait à lui pour tout ce qui touchait la discipline et les contacts assez fréquents avec les pontes du comté. Il ne coupait pas au rapport à faire auprès du Chef, mais il avait acquis une latitude suffisante pour exister. Il était devenu en somme l’unique référent pour le monde extérieur, rôle délicat qu’il assumait avec doigté et fermeté.

Ayant surpris Blackstone s’en jeter un dernier derrière la cravate, Murphy avait saisi son verre pour   s’humecter les lèvres de mezcal, n’était-ce que pour accompagner ce monstrueux soiffard. C’est à cet instant-là qu’ils avaient entendu des coups de feu dans l’enceinte du camp, les laissant tous les deux aussi figés qu’aphones.

— C’est quoi, avait fini par bredouiller Blackstone.

Murphy n’avait pas eu le temps d’ouvrir la bouche. Une cavalcade de pas dans le couloir, la porte du bureau forcée, qui avait volé en éclats sous la poussée brutale d’une horde de bagnards, fusils au poing, avec en tête un Rat tout grimaçant d’exultation : voilà à quoi chacun avait eu droit, scotchés littéralement sur place comme deux ronds de flan.

Murphy était resté assis, tandis que le sac à mezcal — dixit Le Rat — avait tenté de se lever d’un bond. En vain, puisqu’il semblait avoir déjà son compte.

— On bouge pas ! avait hurlé Le Rat, fusil pointé sur lui.

Mais Blackstone n’avait pas obéi. S’étant mis sur ses jambes, il avait voulu dégainer son arme qu’il trimbalait toujours sur lui. Un coup de feu était parti ; Murphy l’avait vu s’écrouler et disparaître derrière l’épais bureau.

— Vous êtes fous, Hayes ! s’était-il étranglé.

— Ta gueule ! avait craché Le Rat.

Un des malfrats, penché sur ce qui avait été le directeur d’Oraculo, avait confirmé de la tête qu’il était ad patres. Le Rat s’était montré très satisfait, riant comme une hyène.

— Et lui, on le descend ? avait grogné une brute, en pressant son canon sur la joue de Murphy.

— Lui, on le garde en vie ! Il pourra nous servir ! avait lâché Le Rat.

Murphy avait pu voir le forcené balayer le bureau de Blackstone avec la crosse de son fusil et renverser tous les dossiers qui s’y trouvaient dessus. « Lamentable, » avait-il pensé. Mais l’autre, tout bouillonnant de rage, avait brisé à terre la bouteille de mezcal.

— Fouillez-moi ce bordel ! Et cherchez-moi le coffre : il doit pas être loin !

Le Rat s’était tourné vers l’homme qui molestait Murphy.

— Lui, je veux plus le voir ! Bouclez-le dans le quartier des filles ! C’est là qu’est sa vraie place ! avait-il ricané.

Murphy avait été conduit manu militari dans le fameux quartier. Les filles, livraison assurée par Reno, avaient été bouclées dans une sorte de dortoir où avaient dormi des gardiens, quand on considérait encore Oraculo comme une prison modèle. A l’époque, durant leur formation, les nouvelles recrues logeaient dans cette partie jouxtant le réfectoire et donnant sur la cour. Depuis, le bagne avait vieilli, perdu de son aura et, depuis belle lurette, il n’y avait plus personne occupant ce dortoir.

C’est Blackstone en personne qui avait décidé d’y installer ces dames, ce quartier-là n’étant ouvert qu’après la soupe du soir, sur un laps de deux heures. Les détenus intéressés devaient prendre un ticket à l’avance, en payant leur écot, afin de juguler toute affluence dangereuse. Tout le monde serait servi, pour peu qu’on respectât la règle.

L’argent des passes revenait pour partie à Irma, la mère maquerelle, et pour une autre part au pourvoyeur Reno, lequel versait un pourcentage à l’administration en la personne de Blackstone. L’accès aux filles était ainsi réglementé et sous la surveillance d’une flopée de gardiens, autant pour contrôler la bonne tenue des passes que par mesure d’hygiène.

C’étaient donc deux bagnards qui, ayant liquidé les matons en faction, étaient venus ouvrir les grilles du quartier des filles. Là, Murphy s’était vu sérieusement bousculé par les chiourmes et cantonné à devoir vivre de l’autre côté des grilles. Il avait pu noter toute l’ironie de la situation.

En le poussant sur un grabat, l’un lui avait crié, sur un ton rigolard :

— Eh-oh, Murphy ! Gaffe à ton pucelage ! Les filles vont te manger tout cru !

Et justement, elles étaient cinq, sorties de dieu sait où. Le bruit de clés les avait alertées. C’étaient surtout les coups de feu qui avaient inquiété les dernières arrivées, Audrey et Deborah, d’après ce qu’elles avaient confié au nouvel arrivant.

 « T’es qui ? », avait voulu savoir Audrey, les yeux rivés sur la carrure du gardien-chef. Deborah, elle, tout en matant discrètement les fesses de Murphy qu’elle trouvait rebondies, avait répondu à sa place : « Un mec de l’administration, poulette ! Ça se voit comme le nez au milieu de la figure ! ».

Évidemment, Murphy était loin de penser que l’une et l’autre le regardaient comme un éventuel partenaire sexuel. Il était trop préoccupé par cette soudaine mutinerie et trop sonné encore par le meurtre de Blackstone pour penser à tout ça.

Les trois autres catins étaient d’impressionnantes matrones avec des seins comme des obus et des culs comme des malles. C’est en tout cas ainsi que ces filles-là avaient été dépeintes par Le Rat, quand le shérif avait mené son interrogatoire et obtenu de lui ses aveux à Patville. Ces trois putains, ayant de la bouteille, en avaient vu des vertes et des pas mûres, s’étant un jour retrouvées embarquées dans une sorte de bordel ambulant, les transportant de ville en ville. Du pays, elles en avaient vu, ça oui, et des rustauds aussi !

Donc elles étaient blindées, et plus coriaces qu’elles, on ne pouvait trouver. Pas un hasard aussi si leur maquerelle avait pensé à elles pour Oraculo. Les coups de feu, les rixes, elles connaissaient, pour sûr. Il n’y avait pas de quoi se dilater le foie ou se froisser la rate ! Une seule chose les avait étonnées : c’est que Murphy fût là, comme qui dirait en garde à vue chez elles.

L’une d’elles, la plus fardée, lui avait demandé :

— Vous faites quoi au juste, ici, entre nos pattes ?

— Ce que je fais ? Voyez vous-même ! Les bagnards se sont mutinés et ont flingué le Chef !

Sur ce, Audrey et Deborah avaient poussé un : oh épouvanté à l’idée de mourir à leur tour. Mais les trois autres avaient hoché la tête.

—  Pour le Chef, entre nous, ce n’est pas une perte, avait dit la fardée. Pour la mutinerie, c’est autre chose ! Faudrait pas que ça tourne au vinaigre !

— Nous y sommes déjà ! avait dû concéder Murphy.

Les trois anciennes avaient haussé leurs trop rondes épaules, vaguement fatalistes et prêtes à s’en remettre à qui les sortirait de ce merdier. Mais pour Audrey et Deborah, elles étaient paniquées, pas rassurées du sort qui leur était promis. Les deux tôlards, installés dans le fond du dortoir, riaient, fusil en mains, en observant Murphy au milieu de ces femmes. Et leurs gros rires, leurs blagues de merde terrorisaient Audrey qui jetait des regards effrayés à Murphy.

De temps en temps, on entendait une fusillade. Puis tout cessait d’un coup. A nouveau, des salves montaient jusqu’à eux. A priori, ça se passait dans la grande cour, vu les échos des tirs qui se répercutaient entre les murs, avant de reprendre de plus belle en staccatos hachés. Le Rat avait-il donné ordre de liquider tous les matons ?

Ecoutant ces crépitements sporadiques, Murphy ne voyait là qu’une fatale issue à cette révolte. Il leur faudrait s’attendre à un vrai bain de sang. Allongé sur son lit, tout en guettant du coin de l’œil les deux matons qui tapaient le carton, Murphy tentait d’échafauder un plan pour se tirer d’affaire. Il avait eu la chance de demeurer en vie, en grande partie parce que Le Rat comptait sur lui.

Pourquoi, au juste, pour quelle combine tordue ? Pour entamer des tractations avec les forces du comté, Murphy jouant avec d’autres les otages de service ? Peut-être.

Mais il savait aussi qu’il avait affaire à un fou dangereux en la personne du Rat et que sa vie, comme celle de ces filles, ne tenait qu’à un fil. Il lui faudrait donc manœuvrer une fois de plus pour tirer son épingle du jeu. Il connaissait Le Rat et avait l’avantage de l’avoir pratiqué. S’il s’y prenait bien, Murphy pourrait le retourner, pour peu qu’il lui laissât un peu de temps.

De nouveaux tirs avaient fusé, qui ressemblaient à des pétarades de fusils qu’on aurait brandis vers le ciel en signe de liesse. Audrey avait gardé un doigt en l’air, demandant à chacun d’écouter. Mais Deborah, indifférente aux tirs, se passait du vernis sur les ongles et les matrones de leur côté se partageaient un thé. L’une d’elles avait servi deux tasses à leurs gardiens et le plus fruste avait tenté de lui passer une pogne.

— Pas touche ou faut payer ! l’avait-elle rabroué, sans demander son reste.

Réfléchissant au lendemain, Murphy avait fini par se convaincre que les services du comté commenceraient par rétablir la ligne téléphonique avec Oraculo. Une fois la ligne réparée, ils tenteraient de joindre son bureau, qui jouxtait celui de Blackstone, enfin de feu Blackstone. Murphy avait imaginé les affidés du Rat mettant à sac son bureau, vidant tous les tiroirs et éventrant toutes les armoires, avant de se vautrer dans son fauteuil.

Peut-être même que Le Rat y avait installé son QG. Trop malin pour se laisser piéger et sachant par avance que les autorités ne tarderaient pas à appeler, il ne pourrait laisser sonner le téléphone dans le vide. Il lui faudrait répondre. C’est là que lui, Murphy, canon braqué contre la tempe, serait contraint de prendre en main le téléphone pour rassurer tout le beau monde de là-bas. Et il comptait le faire comme il se doit…

Il ne croyait pas si bien dire. Au même instant, dans le service du comté chargé des établissements pénitentiaires, on avait demandé à deux équipes de se mettre à pied d’œuvre pour rétablir la ligne avec Oraculo. N’ayant plus de nouvelles, on savait d’expérience qu’il fallait aller vite.

Le chef du département Prisons était sur le qui-vive, sachant combien ce bagne était une pétaudière. On lui avait aussi appris, — chose qui le tourmentait, qu’on n’avait pas livré la dope qui était attendue là-bas et que, sans livraison depuis des jours, on s’exposait au pire.

Par ailleurs, une rumeur lui était parvenue : un éleveur nommé Cooper comptait lever une milice pour protéger Patville d’éventuels meurtres que des bagnards en fuite pourraient commettre, s’ils s’étaient révoltés. Une piètre initiative, menaçant de brouiller les cartes et de remettre en cause l’usage de la troupe.

— Eh bien, est-ce qu’on a rétabli cette ligne ? s’était-il emporté, sachant combien le temps pressait.

— Ça y est ! Nous pouvons joindre Oraculo !

— Très bien ! Basculez-moi l’appel dans mon bureau !

Et comme l’avait prévu Murphy, le téléphone avait sonné dans son bureau.

Le Rat, venant de prendre une dose de coke retrouvée dans le coffre de Blackstone, ouvert à l’explosif, s’était figé. Son nez de musaraigne avait frémi, sous l’impulsion de la sonnerie qui n’en finissait pas de retentir. Dans le bureau, il y avait des bagnards qui figuraient sa garde prétorienne.

— Allez chercher Murphy, et vite ! leur cria-t-il.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Deux sbires avaient couru jusqu’au quartier des filles et ramené Murphy. Avant même de l’entendre dans le petit couloir menant à son bureau, Murphy savait qu’il s’agissait du téléphone. Et en effet, c’était bien lui ! Sur son bureau, le téléphone clignotait tout en continuant à striduler.

— Lâchez-le ! Et foutez-moi le camp ! avait crié Le Rat.

Resté seul avec Murphy, Le Rat avait fait signe du menton pour qu’il aille décrocher.

— Grouille-toi ! Tu dis que tout se passe bien, ok ? Tu fais pas de conneries ! grimaça-t-il, fusil pointé sur le torse de Murphy. Le moindre mot de trop, et je t’envoie la gomme !

— D’accord ! l’avait calmé Murphy. Vous voulez prendre l’écouteur ?

— C’est bon ! Je t’ai à l’œil ! Décroche ou je te fais sauter la gueule !

Murphy avait donc décroché, tout en tentant de maîtriser sa voix. A l’autre bout du fil, on s’était montré soulagé quand Murphy les avait assurés que tout était en ordre. Oui, le Chef Blackstone était en forme. Oui, ils avaient subi quelques dégâts avec la pluie. Oui, il serait grand temps de leur livrer la drogue. Puis Murphy avait opiné et grogné quelques : hum, avant de raccrocher.

Le Rat avait tordu sa gueule de rongeur en un atroce sourire, qu’il arborait comme une éclatante victoire. Mais il y avait un os, que seuls Murphy et le chef des Prisons pouvaient ronger secrètement : les oui inoffensifs de Murphy, lâchés dans la conversation, étaient des oui codés.

Trois oui, insignifiants et sibyllins, qui signifiaient qu’il y avait le feu ici, dans ce putain de bagne, et qu’il fallait donner la troupe prestissimo.

Le chef des Prisons avait donné tout aussitôt ses ordres. Oraculo serait bientôt le monstrueux théâtre d’un mémorable carnage.

 

Patville, un feuilleton signé Yves Carchon, écrivain, auteur de "Riquet m'a tuer", de "Vieux démons", de « Le Dali noir », et de son nouveau polar « Le sanctuaire des destins oubliés »

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Bernie
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8 commentaires

  1. C’est bien utile le langage codé dans ce genre de situation , heureusement le Rat ne s’est aperçu de rien .
    Palpitant ce feuilleton
    Bon dimanche Bernie

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