Covid-19 : Patville Le Feuilleton | Chapitre 8 | Fils à papa

Journal en temps de coronavirus: Patville Le Feuilleton, un feuilleton fiction, écrit par Yves Carchon, autour du coronavirus. Retrouvez l’intégralité du chapitre 8 « Fils à papa». A suivre tous les vendredis.

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Patville, Journal en temps de coronavirus

Chapitre 8 : Fils à papa

Après avoir remis son rapport à Cushing, Collins s’était déplacé jusqu’au chef-lieu du comté pour élucider cette histoire de matricule de la voiture accidentée. « Vous y allez mollo ! l’avait prévenu Joe Cushing. Je veux pas des histoires ! »

Au moins, s’était dit Jeff, ça avait le mérite d’être clair. Il ne désirait pas qu’on brassât trop ! Oui, mais voilà ! Quand lui, Collins, était sur une affaire, il lâchait rien, non, rien. A West Point, — il en avait gardé le souvenir comme si c’était hier, on l’avait nommé chef de chambrée. Eh bien, les choses tournaient du feu de Dieu ! Il savait se faire obéir, y compris par les fils à papa qui grouillaient à l’Ecole militaire. Des types qui le snobaient, avec une morgue pas croyable. Des gars nés le cul dans la soie. Pas comme lui !

Dès son jeune âge, Collins avait dû apprendre à se battre contre vents et marées pour sortir de l’ornière où l’avait laissé sa naissance. Père et mère alcooliques, sans famille, il avait été tôt placé dans un foyer où il avait appris à se défendre. Œil pour œil, dent pour dent. Pas question de baisser la garde face aux petits marlous peuplant cette maison de correction. Il avait fait très vite le coup de poing, quitte à en prendre plein la gueule aux tous débuts. Après ces escarmouches, les choses avaient changé. Il avait dû rejoindre un clan qui l’avait adoubé.

Collins, au souvenir de ces rudes années, savait que désormais il n’avait rien à craindre de personne. Il avait acquis la peau dure. Aucun n’était de taille à lui en imposer. Et il était buté, plus têtu qu’une mule. Emy le lui disait souvent, et elle avait raison. Il n’en poursuivait pas moins son chemin, sans se soucier des bavardages à son sujet, ni du qu’en-dira-t-on.

Au chef-lieu du comté, un gars qui s’occupait des immatriculations l’avait reçu. Et Jeff avait appris très vite à qui appartenait la Chevrolet. Un dénommé Jason Cooper. Un nom que personne ne pouvait ignorer à Patville car chacun savait peu ou prou qui était un tel homme.

« Un gros morceau, s’était dit Jeff Collins. Pas plus, pas moins que J. Cooper, le patriarche des Terres Hautes ! » Voilà qui risquait fort de contrarier Cushing. « Une enquête délicate à mener, » avait-il pensé, en remontant dans sa voiture. Mais il n’avait pas d’autre choix que de se rendre dans les Terres Hautes pour rencontrer le vieux Cooper. Et de lui demander l’identité du gars conduisant la voiture à son nom.

Une voiture en miettes, avec un coffre bourré de came, dont le conducteur mort s’était évaporé dans la nature. Oui, il semblait inévitable qu’il ait une saine explication avec le vieux des Terres Hautes.

Mais avant toutes choses, Jeff s’était demandé s’il ne lui faudrait pas passer d’abord par la case Cushing, au risque de perdre un temps précieux et en sachant que celui-ci voudrait en informer Cooper. Il n’avait pas hésité très longtemps, se décidant de ne rien dire au maire et à seule fin d’avoir toute latitude dans son enquête. En commençant par interroger J. Cooper et en ayant une discussion entre quatre-z-yeux, peut-être bien que son mort finirait bien par refaire surface afin de lui livrer ses plus petits secrets. « Sait-on jamais ! » avait-il maugréé, tout en s’engageant sur la route des Terres Hautes.

La route qui menait aux Terres Hautes avait été souvent aménagée, inondée maintes fois par des pluies torrentielles et défoncée par les mastodontes agricoles qui l’empruntaient régulièrement pour se rendre d’un champ à un autre. Grâce aux taxes payées par les propriétaires des Terres Hautes aux services du comté, Patville n’avait pas eu à mettre beaucoup de sa poche. Et c’était bien venu, car au village, côté infrastructures, il y avait beaucoup à dire. Cushing s’était déplacé combien de fois pour obtenir de l’aide ? « Oh, des paquets de fois, » avait pensé Collins, l’œil rivé sur la route.

Une route en rase campagne, courant en ligne droite entre des champs infinis de tabac et que baignait la pâle lumière d’un ciel fadasse. « Peut-être qu’il pleuvra ce soir, » s’était-il dit, tout en doublant une charrette ployant sous un volumineux chargement de maïs. Dans le rétroviseur, il avait aperçu la silhouette du gars qui guidait son cheval.

Comme il roulait vitres baissées et que le temps était au gris, il montait de la terre une odeur végétale et comme un souffle chaud, qui ressemblait à une forte haleine, un remugle animal d’étable. Plus loin, paissaient des troupeaux de bovins. Plus il s’approchait des Terres Hautes, plus il voyait des hommes aux champs, courbés sur leur labeur.

Il ralentit, apercevant trois magnifiques Paint horse aux flancs tout tachetés, courant dans un enclos. Des chevaux qu’il aimait parce qu’ils avaient l’allure de ceux qui en avaient été les maîtres : les Indiens Pawnees, guerriers ayant bravement combattu à la fameuse bataille de Little Big Horn. A ce sujet, Collins avait appris que ces chevaux avaient eux-mêmes participé à ce carnage et que beaucoup avaient survécu au massacre. Des rescapés, en somme. « Mais dans toute guerre, il y a toujours des rescapés, » s’était-il dit en poursuivant sa route. Qu’il s’agît de chevaux le comblait néanmoins.

Quand on arrivait aux Terres Hautes, on tombait sur la rue principale, bordée de riches maisons blanches à colonnades, avec pour la plupart d’entre elles des vérandas fleuries qui donnaient sur la rue. Tout au long des trottoirs étaient garées de nombreuses calèches, stationnant devant des boutiques, et des charrettes à bras, chargées de sacs d’engrais. Une survivance, ces charrettes, mais qu’on utilisait encore et que tiraient des hommes de peine dans les champs de maïs.

A l’entrée des Terres Hautes, Collins avait noté un gros placard publicitaire qui vantait les vertus du maïs. Une sorte de bannière brandie avec fierté et destinée aux visiteurs. Il se souvint que trois gros épis jaunes, se découpant sur un cheval dressé, formaient le blason de la ville. Collins l’avait appris de la bouche de Cushing, un jour qu’ils parlaient des Terres Hautes.

A côté, — et ça, il ne put s’empêcher d’y penser, Patville tenait du bled, avec ses maisons en torchis, ses étables et ses auges à cochons, ses rues toutes bosselées, même sa mairie, qu’on aurait dit une grande halle aux murs tout décrépis. A part le temple, que le Révérend avait restauré grâce aux dons généreux de certains, rien ne semblait tenir debout à Patville. Ah si, peut-être : le Cactus’ Bar. Faut dire que les patrons avaient ripoliné l’endroit, et comment ça, dans des teintes pétards qu’on voyait même la nuit, quand la lune les lustrait gentiment de sa touche. A l’intérieur aussi, c’était nickel, avec le bar et le juke-box flambant neuf. Et ça pulsait toujours, grâce à la musique nègre, country et blues réunis.

Oui, à côté des Terres Hautes, Patville semblait être un furoncle qu’on n’aurait pas soigné de très longtemps. Peut-être même une lèpre. Un patelin n’apparaissant sur aucune carte du pays, délaissé, oublié par la grande Amérique, avec tout son toutim de lutte pour la vie et de démocratie. Tu parles ! Cushing pouvait toujours se démener : le fric, il était dans les fouilles des gros. Et les bonnets à la solde des services du comté étaient tous à leur botte, aux gros, ça oui. Collins ne s’était jamais bien raconté des histoires. Il savait trop que le système était fait pour les gros. C’était ainsi. Il ne voyait d’ailleurs personne qui aurait pu lui prouver le contraire.

Tout en traversant les Terres Hautes, il s’étonnait des toilettes des dames marchant sur les trottoirs et de l’activité du lieu, captée dans l’écran large de son pare-brise. Il se croyait au cinéma. Enfin, pas loin. A un moment, il ralentit parce qu’une charrette à bras lui coupa le chemin. Puis il reprit sa route, s’étonnant du peu de trafic en s’éloignant du centre-ville.

C’est alors qu’en roulant, il aperçut entre deux façades de maison, dressée sur les hauteurs, la maison des Cooper. Le Château, comme certains l’appelaient. L’appellation, vaguement ironique, venait d’une remarque du Doc, surnom qui avait fait florès, et qui faisait encore sourire Collins quand il s’engagea sur la route conduisant au Ranch Cooper.

« Ah, là, c’est son vrai nom, » s’était-il dit quand l’écriteau lui était apparu, à la bifurcation où il avait quitté la grande route pour suivre un chemin escarpé, bordé d’aloès géants et de cactus chandelier, qui menait droit à la maison.

En grimpant la colline, il put apercevoir, en bas, des champs infinis de maïs s’étirant sous le ciel grisâtre et sur l’autre côté de la route le corral aux chevaux, fleuron de la maison Cooper. Un vaste enclos, immense et poussiéreux, où s’égaillaient les plus beaux spécimens du comté. Enfin, c’est ce qui se disait. Collins adorait les chevaux, notamment les Appaloosas à la robe tachetée, mais il n’avait jamais monté, et cela lui manquait.

L’entrée du ranch était ornée d’un porche immense, gardé par un planton qui, quand il vit la voiture arriver, lui fit signe de stopper. L’homme demanda à Jeff de descendre de voiture. Un type au visage basané, du genre mexicano, pas franchement ouvert. « Ça promet ! » se dit Jeff en ouvrant sa portière. Une fois face au bouledogue, il montra son insigne qu’il ne portait jamais. Mais là, ça semblait s’imposer.

— Pouvez-vous dire à vot’patron Jason Cooper que Jeff Collins aimerait lui parler ?

— Vous avez rendez-vous ? aboya le planton.

— Non, soupira Collins.

— De toute façon, monsieur Cooper n’est pas ici ! Si j’étais vous, moi je déguerpirais !

Collins garda son calme. A quoi bon s’énerver ? Cet enfoiré avait des ordres. Filtrer toutes les entrées du ranch et faire en sorte que les fouille-merdes passent leur chemin, c’était précisément pourquoi on le payait. Il devait bien gagner sa croûte aussi. Jeff comprit donc qu’il lui fallait s’y prendre tout autrement.

Il soupira, chercha un chewing-gum dans sa poche de jeans et le coinça bientôt entre ses dents. Un goût sucré de chlorophylle chimique lui imprégna la bouche.

— J’insiste, reprit Collins. Je sais que vous avez des ordres. Mais moi j’ai d’autres impératifs. Voyez si, par hasard, je pourrais pas le rencontrer…

A cet instant, dans la petite guérite où attendait le basané planton quand Jeff s’était pointé, un téléphone sonna. Collins le vit s’y rendre au pas de course comme un vrai bon larbin, puis échanger un mot ou deux dans la guérite. Il raccrocha et fit signe à Collins de passer.

— C’est bon, dit-il ! Vous pouvez y aller !

Collins sauta dans sa voiture sans demander son reste.

Le porche franchi, il se sentit plus détendu. Il traversa tranquillement un grand jardin, suivant un chemin ombragé qui s’enfonçait sous de grands arbres séculaires. Enfin, la maison émergea de l’écrin de verdure avec, sur le devant, une grande terrasse où, sur le haut des marches, une silhouette d’homme l’attendait.

Collins se rangea sous un gros sycomore, en bas de la terrasse. En s’extirpant de sa voiture, il s’attendait à être reçu par un larbin. Le vieux Cooper, à ce qui se disait, était souvent accompagné d’un dénommé Jeffries, tout à la fois homme de confiance et intendant. Mais là, pas de Jeffries. Le vieux, un peu voûté, lui faisant signe de monter, sembla s’impatienter. Il affichait une tête contrariée.  Une tête autoritaire qui n’avait pas coutume d’attendre le bon vouloir des autres. Collins réalisa alors que c’était Cooper en personne qui l’invitait à le rejoindre, le même sans doute qui lui avait ouvert il y a peu les portes du Château.

Une fois sur la terrasse, Jeff serra la main que lui tendit le vieux. Une poigne de fer qui lui broya les doigts. Alors qu’ils l’observaient, les petits yeux du vieux Cooper semblèrent le pénétrer, comme s’ils scannaient Collins de pied en cap. Ce rapide examen tira au vieux une rapide grimace.

— Alors, c’est vous Collins ? Cushing m’a dit que vous vouliez me voir ! Je vous préviens, je vous accorde cinq minutes, pas plus ! Que voulez-vous savoir ?

Le reste de l’entrevue avait été narré dans le menu détail par un Collins encore estomaqué à une Emy curieuse, la même Emy l’ayant rapporté à la mercière Mme Holy en mal de ragots, quasi en transes quand elle l’avait elle-même restituée à Jim.

« Cinq minutes, rien que ça ! Il se prenait pour qui le vieux ! Pour sûr que Jeff ne s’est pas démonté et qu’il a pris son temps pour lui poser toutes les questions qu’il avait sur le cœur ! Il en a vu d’autre à l’Ecole militaire ! Le pauvre ! « Il est encore pas né, çui qui voudra m’en imposer ! » que Jeff a même ajouté en retirant ses bottes. Il a donc sorti son calepin sous le nez de Cooper et lui a demandé ce que sa Chevrolet de merde foutait donc sur la route des Terres Hautes…  A quoi Cooper a répondu que c’étaient ses oignons et que ses véhicules roulaient quand lui le décidait. Là-dessus Jeff, qui est tout sauf un dégonflard, ne s’est pas laissé embrouiller. Il a parlé des sacs de cocaïne dans le coffre de l’auto. Là, le Cooper a franchement marqué le coup. « De la coke, comment ça ? » « — Un bon paquet, ça oui ! Qui a tout lieu de ressembler à un trafic en direction d’Oraculo… Ce qui m’embête, c’est que cette Chevrolet vous appartient… » La tête de Cooper ! Vrai, il tombait des nues ! C’était pas du chiqué ! Le vieux était pas franchement dans la combine… Mais le plus dur c’est quand mon Jeff parla du conducteur mort…  Un mort qui s’était fait la malle ! Pour ça, il y avait d’quoi en contrarier plus d’un !».

Là, J. Copper avait arrêté Jeff d’un simple geste.

— Je l’ai récupéré hier. Il est ici ! avait-il grommelé, la voix un peu cassée.

— Chez vous ?

— Oui, là, dans ma maison !

— Mais… pourquoi ? s’était étonné Collins,

— Parce qu’il s’agit d’Alan, et qu’Alan est mon fils, avait-il grimacé.

Jeff avait encaissé l’information, avant de demander :

— Vous voulez dire que c’est Alan qui conduisait la Chevrolet ?

— A mon corps défendant ! J’avais pourtant donné des ordres à mon second ! En aucun cas, il ne devait conduire, surtout quand il était en pitoyable état ?

— Dans quel état se mettait-il, monsieur Cooper ?

J. Cooper soupira.

— Dans un état de dépendance extrême. Alan était toxicomane, un accro à la coke… Il y a deux jours, j’avais pris soin de demander qu’on le gardât à l’œil…Alan ne tournait pas très rond depuis une bonne semaine ! Un gosse de riche, vous savez ce que sais ? Eh bien, Alan était le spécimen parfait du gosse de riche ! Capricieux, fainéant et coureur de jupons. Mais ce que j’ignorais — et Jeffries avec moi, c’est qu’il traficotait et faisait commerce de coke…

Collins avait poussé un pion sur le damier de son enquête.

— Avec le bagne d’Oraculo ?

— Peut-être. Je ne saurais vous dire. A priori, il avait pris la route d’Oraculo… Par chance, Jeffries pistait Alan le jour de l’accident, il a assisté impuissant à l’embardée brutale de la voiture et au choc contre le pylône… Et il a constaté que mon fils était mort sur le coup ! Il m’a rejoint presque aussitôt aux Terres Hautes. Je lui ai dit d’aller chercher le corps…Mais entretemps, j’imagine que vous étiez déjà sur place pour vos premières constatations…

— En effet, lui dit Jeff. Et c’est là qu’en forçant le coffre de la Chevrolet, j’ai découvert le pot-aux-roses !

Selon les dires du vieux Cooper, — qui pour Collins avaient des airs de vérité, ni lui, ni son homme de main ne connaissaient les trafics du fils. Sinon, Jeffries aurait récupéré la came en plus du corps. Jason Cooper, malgré sa magnifique aura de patriarche, n’était au fond qu’un pauvre père qui avait dû se coltiner un mauvais fils. Un fils mort présentement. Un mort qui endeuillait déjà la maisonnée Cooper. Mais Jeff devait poursuivre son investigation. A commencer par voir Alan et s’assurer qu’il s’agissait du même mort qu’il avait vu.

—  Hum, reprit-il avec moult précautions en regardant Cooper… Ça m’ennuie de vous demander ça, monsieur Cooper… mais…comment dire… pourrais-je voir Alan…pour mon enquête ?

J. Cooper s’était figé, fixant un court instant Collins comme s’il lui demandait de perpétrer un acte inavouable, le regard douloureux, avec une pointe de cruauté à la commissure de ses lèvres. Mais Jeff savait que le chagrin, qui déformait parfois l’expression du visage, pouvait s’apparenter à une franche brutalité. Le vieux hocha enfin la tête. « — Suivez-moi », lui avait-il dit.

Collins, sans hésiter, lui avait emboîté le pas.

 

Patville, un feuilleton signé Yves Carchon, écrivain, auteur de « Riquet m’a tuer« , de « Vieux démons« , de « Le Dali noir », et de son nouveau polar « Le sanctuaire des destins oubliés »

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