La poésie rend le monde plus habitable. Grâce aussi bien sûr aux échanges, à la réciprocité… Au travers de sa rencontre avec Martine Rouhart, Virginie Vanos nous fait découvrir la personne, l’expérience, les écrits, et la poésie de cette femme de lettres belge.
A la rencontre de Martine Rouhart, femme de lettres belge : « Il faut absolument mettre de la poésie dans la vie, parce que vivre ne suffit pas »
Virginie Vanos : Bonjour Martine, vous êtes auteure de romans comme de poésie. Vous sentez-vous plus romancière ou poétesse ?
Martine : Pour moi, les deux suivent le même fil rouge, s’interpénètrent et forment un tout indissociable. J’éprouve autant de plaisir à passer des heures sur l’écriture d’un roman que pour tracer un poème bref qui capte l’instant d’une image ou d’une sensation. J’ai commencé par écrire des romans parce que c’était le rêve de mes vingt ans que, pour des tas de (mauvaises) raisons, j’avais mis de côté mais sans jamais l’oublier.
C’est seulement depuis une dizaine d’années que j’ai pu mener à bien ce rêve-là. Je me suis rendu compte que, même dans l’écriture de romans, mon vrai « carburant » c’est la poésie. Comme j’ai souvent les deux « en chantier », il n’est pas rare qu’un poème me donne une idée de développement du roman, et vice versa, je m’inspire d’une phrase d’un de mes romans pour en faire un poème.
Mais bien sûr, l’écriture n’est pas du tout la même.
VV : Dans tous vos écrits, quelle est l’œuvre qui vous ressemble le plus ?
Martine : Évidemment j’ai envie de répondre : tous…. Comme c’est sûrement le cas de nombreux auteurs, j’ai la sensation d’écrire sous un pseudonyme tant il me semble que mes livres parlent pour moi. Présente partout mais éparpillée dans les pages…
Mais mon dernier roman paru, La Solitude des étoiles (éditions Murmure des Soirs, 2017), reflète vraiment beaucoup de ce que je suis (en particulier l’amour des animaux et de la nature/ l’ouverture aux autres).
Cueillette Matinale, mon premier recueil de poésie, (éd. Demdel, 2018) me ressemble peut-être encore plus, sans le léger « voile » des personnages derrière lesquels l’auteure de romans se dissimule quand même un peu…
VV : Quelle valeur morale actuellement tombée en désuétude vous manque le plus, autant en tant que femme que comme auteure ?
Martine : Alors que nous n’avons jamais eu autant accès aux autres (par les médias, les réseaux sociaux, etc…), ce constat désolant : les murs, l’indifférence entre les gens. Nous sommes un peu tous proches et lointains, comme le réseau serré des milliards d’étoiles qui sont en réalité situées à des années-lumière l’une de l’autre…
VV : Vous écrivez tous les jours et vous partagez… La poésie était-elle pour vous un véritable art de vivre ?
Martine : Très sincèrement, je dirais que c’est presque ma devise : il faut absolument mettre de la poésie dans la vie, parce que vivre ne suffit pas …
Je pense même que la poésie et le rêve (que ce soit dans l’écriture ou dans les attentions que l’on porte aux petites et grandes choses de la vie) ont le pouvoir de nous rendre meilleurs, et aussi plus forts.
Oui… vivre en poésie. La poésie rend le monde plus habitable. Grâce aussi bien sûr aux échanges, à la réciprocité.
VV : Si vous pouviez passer une journée avec un auteur aujourd’hui disparu, qui choisiriez-vous ?
Martine : Je pense à plusieurs… Mais j’aurais envie de répondre : Montaigne !
Quand on replonge dans les essais, c’est un peu retrouver un très vieil ami. Cela fait toujours du bien de savoir qu’il est là, à portée de main, et de relire quelques pages au hasard.
Sa sagesse est vraiment une conquête de la volonté de l’esprit sur nos tourments de mortels…
VV : Et si vous deviez rendre hommage à un homme ou une femme célèbre, qui serait-il ou elle ?
Martine : Sans réfléchir beaucoup, Spinoza. A une époque difficile de ma vie, je me suis plongée dans des ouvrages philosophiques ne portant guère aux lamentations, tels ceux de Spinoza.
Je m’y suis accrochée en particulier pour ce qu’il dit de la joie. Il m’a donné du courage et m’a fourni à ce moment-là les armes qu’il fallait. Je le remercie encore maintenant…
VV : Enfin, quelle question souhaiteriez-vous que je vous pose, quel message substantiel voudrez-vous adresser aux lecteurs ?
Martine : Vivons en poésie, ne passons pas à côté des petites choses qui nous font tenir debout. Jusqu’au bout, il y a de la lumière.
Où que l’on se trouve
il y aura
un bout de chemin
à faire
éclairés par nos rêves
C’est mon dernier poème posté ce matin sur Facebook !
VV : En vous remerciant…
Martine : Mais c’est moi, Virginie, qui vous remercie. J’admire beaucoup les gens et les auteurs en particulier qui rangent leur ego de côté pour mettre un peu en valeur les autres. Merci de tout cœur.
ne rencontre signée Virginie Vanos
(Re) découvrez l’interview de Virginie Vanos qui nous parle de son dernier roman Anna Plurielle
Je ne dirais pas que je ne peux pas vivre sans poésie. Je dirais plutôt que la poésie accompagne mes moments heureux ou douloureux. C’est le reflet de mon âme. J’en glisse dans mes romans pour intensifier le récit ou au contraire parfois pour l’adoucir.
merci pour votre témoignage.
Je ne peux vivre sans poésie, j’ai un faible pour Ronsard, Géraldy et Hugo mais j’aime aussi Pouchkine et Lermontov mais j’en lis bien d’autres ! Bonne fin de semaine
La poésie … on ne peut vivre sans…
mais crois-tu que de nos jours les jeunes aiment la poésie, est-ce qu’à l’école on leu enseigne ???? je n’en suis pas sûr…passe une bien agréable journée
Tous les jeunes, sans doute pas… Mais la flamme se transmet, par les parents aussi…
La poésie nous relie au monde des symboles et nous permet d’entrer dans un monde interactif d’images et de sons, effectivement la poésie pousse à redevenir pleinement acteur de otre vie.
merci pour ce joli complément à l’article.
La vie sans poésie est comme une nuit sans lune …
Bon jeudi, déjà !
Le temps passe à une vitesse folle, la semaine va encore être terminée sans l’avoir vue passer …
Je passe une IRM le 24, pour mon lipome que je sens vraiment avoir grossi !
Encore une intervention à prévoir, je suppose.
Mais le moral est toujours là, c’est le principal ☼
Bisoux, cher bernie.
belle métaphore