Tous les samedis, Yves Carchon, écrivain, nous ouvre son univers littéraire, en nous offrant le plaisir de la lecture d'une nouvelle ou d'une micro-fiction.
La parure
Oui, j’ai porté longtemps ce lourd bijou à mon oreille. D’abord parce qu’il m’avait été offert par toi. Mais aussi pour plein d’autres raisons. Pour un ami qui m’avait dit qu’il m’allait bien.
Et pour cet inconnu croisé entre deux trains, qui m’avait porté mon bagage et m’avait avoué qu’il aurait bien voulu être celui qui me l’avait offert. S’il avait su !
Celui n’a jamais existé. Mais celle : oui.
Souviens-toi : tu t’étais entêtée à vouloir l’acheter.
Pour moi. Tu m’avais dit qu’il ne pourrait aller qu’à moi. T’étais-tu rendu compte de la passion qui t’animait ?
Le joaillier, c’est vrai, y avait mis du sien. Il répétait, je m’en souviens :
« Ce joyau vous va à ravir. Votre teint le sert bien ! Je ne parle pas de votre carnation qui en relève l’éclat… »
Tu m’avais dit : « Fais-moi plaisir ! » Et je t’avais dit oui, soucieuse de tes propres désirs.
Après, rentrées chez toi, tu m’avais demandé de dégager mon cou, de lâcher mes cheveux. Ces cheveux longs que tu aimais quand ils tombaient sur mes épaules nues.
Et j’avais dû me maquiller, peindre mes lèvres d’un rose tendre posé à peine sur les pulpes boudeuses qui souvent t’affolaient…
Alors, c’est toi qui doucement avais cherché mes lobes pour les garnir de ces deux boucles opulentes tombant en grappes. Avec quel soin avais-tu dégagé mes mèches de cheveux ! J’aurais dû t’embrasser, heureuse d’être fêtée par toi.
C’est toi qui m’avais gratifié d’un passionné baiser. Je l’ai porté longtemps ce lourd bijou à mon oreille. Une des deux boucles a dû sans doute disparaître dans le sillage de ta fuite.
Une seule m’est restée, que je mets quelquefois en souvenir de toi. Elle me paraît si lourde avec le temps.
Une micro-fiction signée Yves Carchon, écrivain, auteur de "Riquet m'a tuer", de "Vieux démons", de « Le Dali noir », et de son nouveau polar « Le sanctuaire des destins oubliés »
Des grappes de passion qui oui peuvent peser quand l’amour s’est enfui .
Toujours aussi agréable cet univers littéraire .
Bonne soirée Bernie
merci
souvenirs souvenirs doux amer…
parfois…
Très beau récit. J’aime beaucoup.
Un grand merci pour le partage.
Passe une douce journée.
merci à toi.
quand des souvenirs s’ y attachent !!!
Bonne journée Bernie
Ah les souvenirs…
ici les lèvres ne sont pas d’un rose tendre mais d’un rouge sang !
impressionnant