Lâcher de bouquetins dans le Parc naturel régional des Pyrénées Ariégeoises

Alors qu’il avait totalement disparu des Pyrénées françaises en 1910, le bouquetin fait l’objet depuis 7 ans d’un programme de réintroduction. Fier de son héritage historique, illustré par les peintures pariétales de la grotte de Niaux, le Parc naturel régional des Pyrénées Ariégeoises présente un cadre de réalisation géographique et administratif favorable à cette opération.

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©Canet Julien

Réintroduction du bouquetin dans les Pyrénées

Le 16 octobre 2020, 8 nouveaux bouquetins sont venus renforcer les effectifs ariégeois. À ce jour, environ 170 animaux sont recensés au sein du Parc naturel régional des Pyrénées Ariégeoises.

 « Dès la création du Parc en 2009, la réintroduction du bouquetin sur notre territoire est apparue comme une des priorités » explique Kamel Chibli, Président du Parc naturel régional (PNR) des Pyrénées Ariégeoises.

« Il est très rare de pouvoir réintroduire une espèce, et ce projet n’aurait pu voir le jour sans le soutien et l’adhésion des acteurs locaux. Menée conjointement avec le Parc national des Pyrénées, notre démarche fait des Pyrénées un modèle de la sauvegarde de la biodiversité au niveau européen. »

 

Le 16 octobre 2020, les montagnes du parc naturel régional des Pyrénées ariégeoises ont accueilli 8 nouveaux bouquetins

 

Le bouquetin et les Pyrénées : une longue histoire, à la fin tragique

De la préhistoire à nos jours, le bouquetin fait partie du paysage pyrénéen. Les plus anciens restes de bouquetins remontent à environ 80 000 ans.

Aux côtés du bison et du cheval sauvage, l’histoire du bouquetin des Pyrénées est étroitement liée à l’art rupestre.

Ses représentations sont nombreuses dans les cavités pyrénéennes occupées par l’homme préhistorique. L’une des plus célèbres reste la silhouette stylisée de la grotte de Niaux en Ariège.

En 1910, deux grands mâles sont abattus près du lac de Gaube près de Cauterets. Il s’agissait des derniers représentants de bouquetin des Pyrénées observés sur le versant français.

Malheureusement, les discontinuités d’habitats qui isolent la chaîne des Pyrénées des plus proches régions naturellement habitées par l’espèce dans le nord de l’Espagne rendaient le retour du bouquetin sur le versant français par colonisation naturelle difficile.

1970 – 2014 : historique du projet

Comme évoqué par Kamel Chibli, la réintroduction du bouquetin est portée par le PNR des Pyrénées Ariégeoises et le Parc national des Pyrénées, et a suscité une forte adhésion des acteurs locaux.

Le projet d’un retour du bouquetin dans les Pyrénées est progressivement apparu au travers de différentes initiatives ou de documents émanant de milieux associatifs et d’établissements administratifs français.

Ce projet s’inscrit dans une démarche de restauration de la faune sauvage dont certaines espèces ont été dangereusement réduites ou éliminées par l’homme au cours de l’histoire récente.

Dès 1970, le Parc national des Pyrénées envisage une réintroduction du bouquetin dans les Pyrénées. À l’échelle du massif, la réintroduction du bouquetin apparaît alors comme une orientation importante du projet de Stratégie Pyrénéenne de Valorisation de la Biodiversité développée par le Ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie.

Un volet spécifique est consacré à cette espèce dans le cadre d’une reconstitution de la biodiversité pyrénéenne. Au niveau national, ce projet s’inscrit dans la Stratégie de restauration des bouquetins en France (2000 – 2015), dans laquelle la réintroduction du bouquetin dans les Pyrénées y apparaît comme une des actions prioritaires.

La zone cœur du Parc national est considérée comme une des plus favorables au vu de ses potentialités écologiques et de son statut de protection.

En 2009, le PNR des Pyrénées Ariégeoises prend l’engagement, dans sa charte constitutive, de « Réussir la réintroduction du bouquetin ».

Le choix du bouquetin ibérique

L’élaboration d’un projet de restauration dans les Pyrénées françaises préconise la réintroduction d’individus transplantés depuis les populations existantes. Les bouquetins étaient encore présents en Espagne qui avait su conserver l’espèce, notamment grâce à la création de la Réserve royale de chasse de la Sierra de Grédos par le roi Alfonso XIII en 1905.

Un programme efficace de conservation des bouquetins au niveau national avait été établi en 1950, avec la création de nombreuses réserves. Ceci n’avait toutefois pas empêché la régression de l’espèce dans certaines régions et même sa disparition dans les Pyrénées.

La population donatrice a été sélectionnée en évaluant plusieurs critères : la variabilité génétique, garante d’un faible taux de consanguinité ; la ressemblance (taille, pelage, forme des cornes) avec la souche pyrénéenne du bouquetin ; l’absence de maladies dans les populations espagnoles afin de répondre aux exigences sanitaires.

Ces critères ont conduit à s’orienter vers les bouquetins ibériques (Capra pyrenaica victoriae), présents dans la Sierra de La Pedriza (Parc national de la Sierra de Guadarrama), un massif montagneux qui possède un climat enneigé et froid proche de celui des Pyrénées.

Pendant plusieurs années, l’obstacle majeur à la réintroduction du bouquetin dans les Pyrénées est la difficulté d’obtention des animaux.

En avril 2014, la mise en œuvre du projet commun de la Stratégie Pyrénéenne de Valorisation de la Biodiversité est marquée par un désir de collaboration.

Un traité intergouvernemental validant le retour du bouquetin dans les Pyrénées est signé entre les ministères français, espagnol et andorran, permettant de lancer effectivement le programme de réintroduction.

Entre temps, le bouquetin ibérique a été classé espèce protégée sur le territoire français le 15 septembre 2012.

Depuis 2014 : une réintroduction couronnée de succès

Prélevés en Espagne dans le Parc national de la Sierra de Guadarrama, les bouquetins sont soumis après leur capture à une batterie d’analyses.

Le volet sanitaire est primordial dans ce type de projet car il garantit la viabilité et la qualité de la restauration et permet de se prémunir de toute atteinte à la santé publique. Un plan de maîtrise sanitaire a donc été élaboré en collaboration par les services vétérinaires français et espagnols.

Une fois toutes les garanties réunies, les bouquetins sont équipés de colliers et de marquages visuels. Ils sont ensuite conditionnés dans des sabots (caisses individuelles). Le transport s’effectue de nuit dans un fourgon climatisé jusqu’aux sites de lâcher.

Le tout premier lâcher dans les Pyrénées Ariégeoises a eu lieu le 30 juillet 2014. Les bouquetins sont libérés dans le cirque de Cagateille sur la commune d’Ustou, commune ariégeoise frontalière de l’Espagne. Parallèlement, des lâchers ont été effectués sur la commune de Cauterets, dans les Hautes-Pyrénées, par le Parc national des Pyrénées.

Durant l’été, ce sont 38 bouquetins ibériques qui ont relâchés dans le PNR des Pyrénées Ariégeoises et dans le Parc national des Pyrénées. Au printemps 2015, on assiste aux premières naissances de cabris sur le territoire français après une absence de plus de 100 ans.

Désormais, on dénombre près de 170 bouquetins dans les Pyrénées Ariégeoises. En 2020, il y a eu 29 naissances, dont 3 paires de jumeaux, ce qui est le signe d’une bonne acclimatation des animaux réintroduits. Le 16 octobre 2020, 8 nouveaux bouquetins sont venus les effectifs ariégeois.

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Bernie
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20 commentaires

  1. Bonsoir
    Très belle initiative.Quoi de plus beau que la nature, les animaux sauvages , la flore…et c est si mign les bouquetins
    A vrai dire c est important la réintroduction d animaux dans leur espace naturel …Beaucoup d espèces disparaissent malheureusement.
    Espérons tout ira mieux lorsque les humains auront changé leurs comportements autodestructeurs et réussi à faire la paix avec la nature et l’environnement.
    J ai bien peur que nos enfants ne verront les animaux que dans leurs livres ou encore sur leurs écrans.
    Bonne soirée
    http://helenamybeauty.over-blog.com/2020/10/le-musee-du-bardo-the-bardo-museum-bardo-museet.html

  2. C’est bien lorsque l’homme répare ses erreurs , une réintroduction couronnée de succès , c’est super .
    Bonne soirée

  3. Magnifique entreprise! Ils me font peur quand je les vois « à la télé » , dévaler les pentes et roches arides, je crains qu’ils ne se cassent une patte.
    Je vois aussi que tu es un fan de chats. Mon mari les aimait aussi, heureusement, sinon je n’aurais pas pu assouvir ma passion pour eux.
    Je te souhaite une bonne semaine Bernie

  4. c’est bien de les introduire, mais évitons la chasse et les chasseurs ….et laissons ces animaux vivre comme ils le désire, en paix….passe un doux dimanche

  5. dans le Mercantour ca pullule ….. On peut facilement approché les gros mâle car ils n’ont peur de rien….. Dans l’arrière pays grassois, on trouve aussi bisons et chevaux de Przewalski
    @+

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