Théophile-Alexandre Steinlen - La rentrée du soir, 1897, Huile sur toile, 65 x 50 cm Association des amis du Petit Palais de Genève,© Studio Monique Bernaz

Exposition Théophile-Alexandre Steinlen | Musée de Montmartre

Le Musée de Montmartre consacre une exposition à Théophile-Alexandre Steinlen (1859-1923), artiste emblématique de Montmartre à la fin du XIXe siècle. Cette exposition présentée du 13 octobre 2023 au 11 février 2024 marque le centenaire de sa disparition ; elle rend hommage à cet artiste inclassable et protéiforme, qui fut dessinateur, graveur, peintre et sculpteur et qui n’appartint qu’à une seule école : celle de la liberté.

Exposition Musée de Montmartre Jardins Renoir

Théophile-Alexandre Steinlen, un témoin critique de son temps.

Un fil conducteur se détache au sein de sa production extrêmement prolifique : celui de l’engagement, tant l’artiste associa art et politique, en se faisant témoin critique de son temps.

Steinlen fit circuler ses motifs d’une technique et d’un médium à l’autre, entre presse illustrée, art du livre, affiche et tableau. Le peuple des humains, mais aussi celui des chats qui en est comme un double carnavalesque mais à l’irréductible étrangeté animale, sont les principaux sujets de l’artiste qui s’intéressa également aux genres classiques de la peinture, en particulier le nu et le paysage.

Méfiant envers toutes les chapelles, Steinlen croyait en la mission sociale et politique de l’art, comme voie et voix vers un monde meilleur.

En signant l’affiche iconique La Tournée du Chat Noir, Théophile-Alexandre Steinlen est désormais associé au Montmartre artistique et bohème de la fin du XIXe siècle, quartier emblématique devenu mythique du Paris 1900. Originaire de Lausanne, en Suisse, il s’établit dès son arrivée à Paris en 1881 dans le quartier de la Butte qu’il habite et arpente sans relâche au cours de sa vie.

Membre du cabaret du Chat Noir et dessinateur privilégié de la revue associée, il en fréquente les acteurs principaux, avec qui il collabore. Il contribue à véhiculer l’« esprit montmartrois » caractérisé par l’humour et l’anticonformisme. Par cet ancrage et ce rôle liés au Chat Noir, il était logique que le Musée de Montmartre consacre une exposition à cet artiste incontournable de Montmartre, à l’occasion du centenaire de sa mort.

Porté par des idées de justice et de liberté sociales, l’artiste n’a de cesse d’utiliser son crayon pour railler et dénoncer les pouvoirs politiques, religieux et bourgeois, oppresseurs et tyranniques. Il se fait ainsi le porte-parole du peuple, des marginaux et des déclassés – animaux, enfants, femmes, hommes – sans hiérarchie, mettant en scène leurs dures conditions de vie. Si nombreux ont fait de Steinlen un militant anarchiste, il est en réalité un « destructeur taciturne » et pacifiste.

Une vision politique de l’art

Au cours de sa carrière et le long de son œuvre, il décline certains motifs iconographiques privilégiés qu’il déploie à travers une grande variété de techniques, sans plus de hiérarchie que ses sujets : dessin de presse, affiche, estampe sous toutes ses formes, peinture, pastel, sculpture… Il refuse de la même manière dans ses sujets toutes les classifications académiques.

Selon un parcours chrono-thématique, l’exposition retrace la carrière de Steinlen et donne un aperçu de la richesse de sa production à travers une sélection d’une centaine d’œuvres, dont une grande proportion de peintures à l’huile, moins connues que son œuvre graphique, largement représentée également dans l’exposition, ainsi que des sculptures. Suivant le fil conducteur de l’art social, le parcours est organisé en trois principaux mouvements :

  • Montmartre et le Chat Noir ;
  • Le peuple comme sujet et but de l’art ; enfin, entre peinture d’histoire et nus intimes,
  • Le rapport aux genres classiques de l’histoire de l’art, toujours au service d’une vision politique de l’art.

Exposition Musée de Montmartre : Le parcours

–             Le parcours commence avec les œuvres de sa production des premières années parisiennes, liée au cabaret du Chat Noir, déjà empreinte des convictions et de l’engagement de l’artiste : le cercle anarchiste qu’il rejoint éveille chez Steinlen son intérêt social et politique. La figure du chat qu’il déploie dans cet environnement apparaît déjà comme un symbole de liberté et l’emblème des marginaux. Elle témoigne des réflexions de Steinlen sur les agissements des hommes et les rapports de domination, tout comme sa production massive d’illustrations pour des revues aux positions politiques souvent radicales.

–             Un second corpus rassemble une sélection de travaux témoignant de l’engagement de l’artiste au service du peuple : « Tout vient du peuple, tout sort du peuple et nous ne sommes que ses porte-voix » écrit Steinlen. Par ses œuvres allégoriques de la Révolution populaire contre l’oppression et ses peintures donnant à voir la misère et la souffrance des travailleurs – paysans, mineurs, charretiers, trieuses de charbon, prostituées… –, Steinlen dénonce la dure réalité sociale. Véritable reporter, il va jusqu’à pénétrer la prison de Saint- Lazare, où étaient enfermées des prostituées, et livrer une véritable enquête de terrain. Son arme est son crayon.

–             Le troisième et dernier ensemble réunit des œuvres pensées au prisme des grands genres académiques : peinture d’histoire, paysage, nu. Steinlen reprend les codes de la peinture religieuse pour son rêve d’une société meilleure.

Théophile-Alexandre Steinlen, témoin de la Grande Guerre

Témoin de la Grande Guerre, il cherche des moyens picturaux et graphiques pour représenter l’indicible, et devant l’absurdité de l’histoire humaine, se met au paysage. Il réalise une série de nus, dont ceux de Masséida, une femme d’origine Bambara qui devient le modèle d’œuvres dans lesquelles Steinlen interroge les notions contemporaines d’exotisme, primitivisme et colonialisme.

Cette production d’œuvres de genres académiques est à comprendre dans la continuité de ses travaux, portés par le même message social, le même regard humaniste : Steinlen s’inscrit à la suite des maîtres et de la tradition classique dont il détourne les codes iconographiques avec ironie, laissant ainsi deviner en filigrane ses positions antimilitaristes, anticléricales et anticolonialistes.

L’exposition est constituée des œuvres des collections de la Société d’Histoire et d’Archéologie Le Vieux Montmartre et bénéficie d’importants prêts institutionnels, notamment du Musée d’Orsay, de l’Association des amis du Petit Palais de Genève, du Musée de Vernon, ainsi que de collections particulières prestigieuses dont la collection David E. Weisman & Jacqueline E. Michel. Elle intègre également plusieurs œuvres de Steinlen provenant de la collection Timothy Hanford & J.J. MacNab qui ont fait l’objet d’une donation récente au Musée de Montmartre, grâce à l’American Friends du Musée de Montmartre.

Exposition Musée Montmartre - Théophile-Alexandre Steinlen - La rentrée du soir, 1897, Huile sur toile, 65 x 50 cm Association des amis du Petit Palais de Genève,© Studio Monique Bernaz
Théophile-Alexandre Steinlen – La rentrée du soir, 1897, Huile sur toile, 65 x 50 cm Association des amis du Petit Palais de Genève,© Studio Monique Bernaz

Exposition au Musée de Montmartre : informations utiles

Exposition Théophile-Alexandre Steinlen

Du 13 octobre 2023 au 11 février 2024

Inauguration : jeudi 12 octobre 2023 à 18h30

COMMISSARIAT

Leïla Jarbouai, conservatrice en chef, arts graphiques et peintures du musée d’Orsay

Saskia Ooms, ancienne responsable de la conservation du Musée de Montmartre

Avec la contribution scientifique d’Aurore Janson, assistante de conservation du Musée de Montmartre

Musée de Montmartre Jardins Renoir

12, rue Cortot – 75018 Paris

« À quoi bon prêcher ? Il faut agir. Le monde ne va pas ainsi qu’il devrait aller. » Théophile-Alexandre Steinlen, 1898

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Bernie
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21 commentaires

  1. Une exposition à découvrir c’est certain , une bonne idée ce parcours en trois étapes .
    Bonne journée

  2. Le but de ces expositions est de faire la lumière sur des artistes moins connus du grand public. Et quand il s’agit de diffuser la culture….c’est bon pour la santé d’un Pays!
    Bonne journée!

  3. Je ne connaissais pas du tout ce musée. Je vais en parler à mon beau fils qui adore !

  4. Je connais la belle affiche du chat noir, mais pas le reste de son oeuvre, merci de nous le faire découvrir! bisous Bernie. cathy

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