Bon, après 55 ans, voire 60 ans pour les plus chanceux, vous êtes vieux et moches mais nous avons les moyens de vous rendre glamour… Jeunior, bogoss attitude, Du paraître au détriment de l’être un entretien Fred Morgan réalisé par Virginie Vanos.

Entretien avec Fred Morgan : Du paraître au détriment de l’être
Virginie Vanos : Bonjour Fred, je rentre tout de go dans le vif du sujet. Ce qui m’a poussé à vouloir cet entretien avec toi, c’est un mini reportage vu au journal de 20h, sur les « Jeuniors ». Si on lit entre les lignes, le message subliminal est à mes yeux « Bon, après 55 ans, voire 60 ans pour les plus chanceux, vous êtes vieux et moches mais nous avons les moyens de vous rendre glamour ». Quelle est ton opinion à ce sujet ?
Fred : Bonjour Virginie et merci pour cet interview.
Pour moi, il n’y a pas d’âge pour faire partie des vieux. Déjà, la catégorie « vieux et moches » m’irrite un peu.
Ce terme de Jeunior a surtout été inventé pour des raisons de marketing. Pour moi, on a l’âge que l’on a et le physique que l’on a. Certaines personnes peuvent paraitre 10 ans de plus ou 10 ans de moins. Les retraités (donc les vieux) ont l’avantage d’avoir le temps pour chercher, comparer, étudier, pour un mieux vivre.
Ce terme de Jeunior est une fois de plus, à mon sens, une manière de catégoriser l’être humain en fonction de son Age et son physique. Je n’y adhère pas pour ma part, car je suis dans la tranche d’âge et je ne me sens pas encore « vieux ». Après, il y a une partie de cette population, qui vont essayer de s’intéresser aux nouvelles technologies, de s’habiller « jeunes » pour essayer de ne pas être catégoriser comme vieux. Ils peuvent paraitre glamour par obligation et non par envie pour certains.
VV : Il y a déjà eu il y a une petite dizaine d’année la mode de la « bogoss attitude ». J’ai cru que ce n’était qu’une blague de mauvais goût, un microscopique buzz extrêmement passager. Mais je me rends compte que si le terme tend à disparaitre, cela a durablement marqué certains esprits des moins de 30 ans…
Fred : C’est une mode lancée par un blogueur à l’origine du nom de Mr Vendetta âgé de 30 ans aujourd’hui. La, on aborde plus le côté « je me la pète et je suis beau gosse ». Pas de cigarette, pas d’alcool mais du sport et tu seras bogoss.
A l’époque son coup de buzz a marché, mais depuis la tendance est retombée comme lui est tombé dans l’oubli. Les moins de 30 ans ont eu besoin de se démarquer à l’époque.
Surtout au niveau vestimentaire pour rester branché. C’est un peu comme vivre avec un masque dans la journée, qui tombera une fois rentré chez soi.
J’ai l’impression que la nouvelle génération ne représente plus trop les caractéristiques de cette attitude. Boissons et cigarettes sont présentes dans de nombreuses soirées ou fêtes organisées.
VV : Toute société a ses tabous. Mais la nôtre a touché le fond, à mon sens ! On dirait que ce soit un véritable délit de ne pas être bimbo ou bogoss, de ne pas être dans le vent, à la mode et même d’avoir des états d’âme ! Être vieux, « moche », malade, semble même être une véritable cause d’exclusion sociale. Qu’en penses-tu ?
Fred : Je suis entièrement d’accord avec toi. C’est bien triste à mes yeux. Comme tu le dis, être malade, moche, te catégorise dans la section exclue de la société car tu es transparent, tu ne brilles pas, donc tu n’intéresses pas…
Se sentir rejeté de la sorte au 21ème siècle est impensable… Et que se passera-t-il quand la mode de ces bimbos ou bogoss commencera à s’essouffler. Il y a également un danger à cela, cette exclusion peut entrainer pour certains une envie d’en finir…
VV : Je crois que ce culte du paraître n’est que le plus stupide et le plus vain des paravents cachant l’angoisse ultime de beaucoup de monde : la peur de la mort…
Fred : Oui. Pour ma part je ne pense pas à la mort et je n’en ai donc pas peur. Je partirai le moment venu et puis voilà. Le plus tard sera le mieux c’est sûr.
Mais je suis d’accord avec toi, beaucoup de personnes craignent et même repoussent l’idée que cela arrivera un jour. J’y suis confronté dans mon travail, car je propose des contrats dans ce domaine. Et contre cette peur, il n’y a aucune solution que celle du paraitre…
VV : Ne trouves-tu pas que notre époque met la pression sur les hommes, gays comme hétéros, et qu’on leur dicte non seulement ce qu’ils doivent impérativement être mais en plus ce qu’ils ont à attendre de leur partenaire ?
Fred : Oui de plus en plus. En fait on essaye de contrôler la vie qu’ils devront mener. Après, ça ne veut pas dire que tous suivent ces règles.
J’estime que l’on doit vivre comme on veut, en respectant certaines règles de base bien sûr. Une vie se construit à deux, avec les envies de chacun…
Mais la société nous entraine plus vers des routes toutes tracées qu’il est difficile d’éviter.
VV : Tu as récemment lu mon livre « Maldonnes » où entre autres, je dénonce la violence psychologique de ce diktat de l’éternelle jeunesse et des invraisemblables critères de beauté. A tes yeux, ai-je fait passer le message sans pour autant verser dans la propagande ?
Fred : J’ai adoré ton livre et je le recommande.
Tu as su tout à fait, décrire le paraitre et les dégâts que cela peut provoquer. On y découvre ce que vivent certaines personnes pour véhiculer une image qui n’est pas forcément la leur mais dont elles ont besoin pour vivre.
Tu as su également nous montrer le ressenti des autres, d’une manière habile. Il y a un message dans ce livre que je ne peux pas révéler ici.
Et tu n’es pas du tout tombé dans la propagande. La fin est juste surprenante…
VV : Enfin, tu es papa. Si tu pouvais t’adresser aux ados et jeunes adultes qui se sentent exclus, rejetés, ignorés ou brimés, que leur dirais-tu ?
Fred : C’est délicat car je ne suis pas un fin psychologue.
Être fier de qui l’on est, d’où on vient car l’habit ne fait pas le moine. Actuellement, notre société est très violente. Je leur conseillerais également de communiquer avec leurs parents, voire des professionnels de santé dans certaines circonstances.
Construisez votre histoire dans le respect, ne devenez pas serpent, mais ne soyez pas moutons.
La vie n’est plus un long fleuve tranquille, alors soyez fier de vous et entourez-vous, même si c’est difficile, des bonnes personnes. Il ne faut jamais baisser les bras, car il y a toujours une solution à plus ou moins long terme.

Une rencontre signée Virginie Vanos
(Re) découvrez l’interview de Virginie Vanos qui nous parle de son dernier roman Anna Plurielle
Le physique change mais le coeur reste toujours le même…
Absolument…
A 74 ans je me considère comme vieille mais pouvoir faire un voyage comme j’ai fait à,100 à l’heure j’ai oublié si j’étais jeune ou vieille lol !
Es tu Jeunior alors ?
Un société cruelle qui rejette les hors normes dont la vieillesse, qui forcément n’est plus dans l’coup… alors certains le »reste » à coups de bistouri et autres instituts, ridicule, mais bon… ! On est jeune dans sa tête et beau dans le regard de l’être aimé… merci…
C’est délicieusement bien dit.
Quand on est vieux, inutile de vouloir paraitre plus jeune.
On est beau à tout âge et il n’y a rien de plus moche qu’une vieille qui veut paraitre jeune !
Assumons notre âge, c’est là que nous serons les plus beaux.
Bon jeudi, avec un beau soleil, après les gelées matinales !
Et bonne fête aux zamoureux ♥, enfin, ceux qui se nomment comme tels …
Ce que tu dis est plein de bon sens et de justesse.
il y a des choses qui ne dépendent pas d’ un choix !
on a l’ âge de ses artères,c’ est toujours vrai, et qu ‘importe ce que disent les jeunes, un jour ils seront vieux !
Bonne journée Bernie
Nous sommes un peu plus vieux au fil des jours, pourvu que ça dure.