Target Flowers : Ouverture de l’installation permanente de Martin Bonnaz au Hit, rue des amis, 1201 Genève, le jeudi 27 avril 2023 de 18 h à 21 h.
Avec un texte de Thomas Liu Le Lann
En collaboration avec Sunna Margrét Porisdottir, Laureline Dupuy, Charly Miranbeau, Zaba, Naoki Karathanassis, Amat Gueye, Romy Colombe. K, Evo Jovicic, Eliot Möwes, Giovanna Belossi, Diane Rivoire, Yann Stéphane Biscaut, Elise Corpataux, Flora Mottini, Arnaud Sancosme, Niels Hung, Yan Pavlik, Sabinche, Anatole Tièche Janjic, Estelle Saignes.
Target Flowers
On annonce le printemps à HIT ! L’amour éternel a les fleurs qui se font polliniser par la camaraderie. Ici, les libertinages féconds s’exercent dans des parterres roses venin et vert Martin d’où jaillissent des fontaines et se creusent des gouffres généreux.
Les murs accueillent des motifs dont la sérialité nous rappelle les broderies des jardins à la française. Enfermée dans ce dispositif, une farandole de dames-d’onze-heures nous encercle et observe avec perversité nos détresses fécales.
Nos amours gluantes s’exécutent dans une growing room ruisselante d’acide lysergique, on y agite nos pédoncules, obsédés par la quantité de trous au travers des cloisons, l’efflorescence de nos corps se mêle à cet émerveillement du monde naturel.
Martin Bonnaz sait que la répétition est un habit inusable. Bien qu’elle soit mise à mal par un climat d’excitation qui pèse sur nos vies, l’artiste nous fait bifurquer dans cette réalité douce où tout meurt et tout refleurit. La mémoire OP est contenue dans sa peinture et son héritage affectueux trouve ici une place singulière : les WC sont décorés.
Le formalisme est un costume ajusté à cet espace qu’il faut atteindre après une traversée du blanc stérile, telle une route vers l’oasis. Le bouquet qui recouvre le cabinet sert d’invitation, il est transpercé par ses amitiés. Inutile d’y glisser son œil pour apercevoir Irina Palm, la lumière est mise sur ces pénétrations pour que les univers des artistes qu’il a invités soient apparents.
Cette complicité met Louis XIV à l’épreuve du jardin communautaire, les orbites qui convoquent d’autres peintres s’apparentent aux double-sided-plates qu’Anne Minazio réalise en collaboration, faisant exister l’art dans des circonstances inattendues.
On remarque toujours les fleurs, comme écrit Andy Warhol dans son Party Book. Celle que Martin Bonnaz reproduit à la main dans sa jeune éternité m’évoque Cannabis, l’un des 36 tableaux de Luigi Lurati peint vers 1965 qui figurait dans l’exposition Formen der Farbe organisée à la Kunsthalle de Bâle deux ans plus tard par son directeur Harald Szeemann. L’esthétique Hard Edge, appliquée au motif de la fleur, a marqué à jamais l’âme des artistes qui l’ont croisé. Son décès tragique le jour du vernissage de cette exposition me fait penser à nouveau, face aux tableaux de Martin, que tout meurt et tout refleurit.
Ainsi le printemps installé, on se saisit du tendre parfum, dans une cabine interdite, d’un matin opportun, au rythme de folles pulsations, encagé dans les toiles de Martin, à la manière d’une grande partition, nous répétant sans cesse que rien, plus rien n’a vraiment de fin.
Informations utiles
Hit
rue des amis,
1201 Genève