Les Vespasiennes reviennent à Paris pour La Journée Mondiale des Toilettes. Pour la première fois à Paris, Marc Martin ose. C’est au Point Ephémère, à Paris, que ces « tasses » ou vespasiennes, qui autrefois étaient érigées au sein même de l’espace public vont, une fois de plus, répondre aux besoins naturels de toute la population d’une soif de savoir.
Exposition Les Tasses – Toilettes Publiques – Affaires Privées
Point Ephémère – 200 Quai de Valmy – 75010 Paris – Du 19 Novembre au 1er Décembre 2019
Pendant plus d’une décennie, Marc Martin s’est penché sous les jupes des pissotières pour redonner vie aux rencontres d’hommes aux penchants condamnés par la loi, aux archives de la Police et liens à la Résistance mais aussi à de grands noms de ce monde tels Degas qui, eux aussi, étaient utilisateurs de ces toilettes publiques masculines.
Cette exposition révèle, entre autres, l’empreinte d’un endroit de liberté en milieu hostile à l’homosexualité. L’exposition parisienne fait suite au succès de celle inaugurée 2018 au Schwules Muséum de Berlin.
L’exposition Les Tasses se tiendra au sein du point Ephémère et débutera le jour phare de la Journée Mondiale des Toilettes, soit le 19 Novembre 2019. De nombreuses archives de la Police, des cartes postales, des photographies d’époque; tout sera mis en valeur pour révéler les indiscrétions de ces lieux qui mêlaient politique, sexualité et secrets bien gardés d’un ancien temps.
« En matière d’histoire(s) autour des vespasiennes, une vision pessimiste me semble avoir le monopole du souvenir. Les témoignages que j’ai recueillis, ma propre expérience, m’ont donné envie de délivrer un éclairage complémentaire sur le sujet. Dans ces précieux édicules, relations et amitiés se sont nouées… (…)
On a souvent reproché aux hommes qui fréquentaient les pissotières d’être lâches, qualifiés de sordides rencontres en ces lieux publics. Or, n’ont-ils pas osé braver les interdits ? N’ont-ils pas, pendant plus d’un siècle, osé affronter les plaisirs défendus ? J’aimerais qu’on reconnaisse à ces hommes un certain courage.
Je voudrais rendre à ces endroits libertaires, qui ont abrité tant de frissons, leur part troublante de sensualité. Les lieux sont la mémoire. Démolis, les lieux survivent à la mémoire. » – Marc Martin
Vous qui venez ici dans une humble posture, de vos flancs alourdis, décharger le fardeau. Veuillez,
quand vous aurez soulagé la nature, Et déposé dans l’urne un si modeste cadeau, Epancher dans
l’amphore un courant d’onde pur. Et, sur l’hôtel fumant, placez pour chapiteau Le couvercle arrondie
dont l’auguste pointure Au parfum indiscret doit servir de tombeau.
PARIS PERDU
La vespasienne, imaginée par le préfet Rambuteau en 1834, fut ainsi baptisée en référence à l’empereur vespasien qui jadis imposa une taxe sur l’urine.
À Paris, au début du siècle dernier, on comptait des milliers de vespasiennes sur le pavé.
FRONTIÈRE DES SEXES & QUESTION DE GENRES
De ces édifices publics, conçus par et pour les hommes, les femmes n’ont jamais profité. Pourtant, à ce sujet et à juste titre, elles avaient très tôt revendiqué l’́égalité des sexes. Mais elles n’ont pas été entendues.
Pisser en ville au XIXème siècle, restera « une affaire de mecs », qui nous renvoie aux prémices du féminisme et au questionnement sur les genres. Le sociologue Sam Bourcier, militant queer, rappelle que les historiens du Genre font remonter à 1739 à Paris, à l’occasion d’un bal, les premières toilettes séparées. C’est le focus inattendu de l’exposition.
PETITS SECRETS DE LA GRANDE HISTOIRE
Ce petit mobilier urbain s’est inséré dans la grande histoire. Pendant la Résistance, la vespasienne fut un haut lieu d’échange et de rendez-vous. Elle s’est aussi immiscée dans l’affaire Dreyfus !
Les conspirateurs s’y retrouvaient la nuit pour ourdir le complot et échanger fluides et faux. Sous la dictature nazie en Allemagne puis en Europe, des milliers d’homosexuels ont été déportés et exterminés.
À Paris comme à Berlin, les pissotières étaient un lieu phare pour procéder aux persécutions. Des agents en civil y servaient d’appât. Pendant l’Occupation, la police parisienne surveille l’activité homosexuelle dans les vespasiennes et les toilettes de gare et des stations de métro.
LES MURS PARLENT
Derrière des portes fermées, sur de la céramique glauque, sur de la peinture jaunie, sur le gris des ardoises, se sont amoncelés des millions de graffiti. Affranchis des règles habituelles, ils ont révélé une variété de mondes parallèles…
Ils nous parlent dans un langage cru, argotique, des désirs inavouables de toute une société. Les inscriptions à la craie sur les parois des tasses furent les ancêtres des petites annonces, des applications digitales.
Pionnier de la sexologie naissante et du mouvement d’émancipation homosexuel allemand à la fin du XIXème siècle, Eugène Wilhelm (1866-1951), dans son journal intime, avait méticuleusement recueilli et retranscrit les graffiti qu’il rencontrait dans les vespasiennes de Paris en 1910.
Nos anciens ont peu témoigné de ce mode de rencontre considéré comme déshonorant. En libérant la parole d’une génération d’hommes stigmatisés, j’ai voulu rendre à ces édicules du passé leur art troublante de sensualité. Et aux hommes qui les fréquentaient un peu d’estime…
Informations Pratiques
Exposition
Les Tasses Point Ephémère 200 Quai de Valmy 75010 Paris
Ouverture
Du 19 Novembre au 30 novembre 2019
Du lundi au dimanche Libre d’accès de 13H00 à 20H00
Accès
Métro Ligne 5, 2 et 7bis – Jaurès Ligne 7 – Louis Blanc
Bus : 26/46/48
« LES TASSES » – 1/7 – MARC MARTIN & JEAN-PIERRE ESPERANDIEU
Ah ! En voici une expo fort intéressante que je ne risque pas de manquer si je suis de passage dans la capitale. Je vous remercie pour ce partage et vous souhaite une bonne journée !
Avec grand plaisir.
Excellent article bien documenté ! Expo qui devrait être fort intéressante, dommage c’est à Paris !
Ah ! Les vespasiennes, pissotières ! Que de souvenirs, si, si si ????
Le premier qui m’est venu : le sketch des vespasiennes des Branquignols (Dhéry,, Legras) dans leur pièce de1972, « Branque c’est branque » ????
Et le deuxième : une blague que mes copains du kayac m’avait faite : le soir après l’entrainement j’ai retrouvé mon solex en haut des pissotières !!! J’ai du aller appeler mon père pour qu’il me le descende ( point de portable à l’époque -1967).
Le troisième : l’odeur ! Surtout l’été, quand elles fonctionnaient mal (pas d’eau)
Après, nous les femmes nous avons eu la possibilité d’utiliser les fameuses « sanisettes », dans lesquelles je ne suis jamais entrée ! Trop peur que la porte s’ouvre ou reste fermée !
Bonjour Catherine, merci d’avoir partagé avec nous les souvenirs que t’ont inspirés cet article sur les Vespasiennes.
les wc pour hommes comme pour femmes devraient être obligatoires dans les villes, mais parfois il faut chercher, ils ne sont pas toujours très bien indiqué…..passe une bien douce journée
Les vespasiennes se trouvaient facilement..
C’est bien pour les hommes mais injuste pour les femmes qui doivent consommer dans un café si elles veulent aller aux toilettes.
L’égalité n’est pas encore une réalité dans ce domaine aussi
he bien j’en apprend je ne savais pas que ces pissoirs servaient aussi de RDV secrets et dit coupable….Amitiés
C’est une vraie page d’histoire
toujours avec le sourire!
naturellement
On retrouve Boris Corentin et Aimé Brichot de la brigade mondaine…
@+ Pat
C’est tout à fait cela
il me semble qu’ à Paris, il n’ y a pas longtemps on a tenté les vespasiennes pour femmes !
Bonne journée Bernie
Ah je n’ai pas vu cette information.
Ah les pissotières, et quand il y en avait pas ce sont les murs d’église qui trinquaient… sympa cet expo ma foi, nous les femmes faut rentrer dans un bistrot pour se soulager si pas de W-C public ou madame pipi en ville….
Même là l’égalité n’est pas au rendez-vous
et en contrepoint , je signale le livre de Gabriel Chevallier qui a écrit Clochemerle, village imaginaire mais en fait Vaux en Beaujolais dont il était originaire où justement il est question de vespasienne. Léger et agréable, il est irrésistible.
avec le sourire
Merci pour ce contrepoint.