Quand Virginie entre en contact avec le pseudo « La vie est un long fleuve tranquille » qui a comme avatar « Homer Simpson », imagine-t-elle que derrière ce pseudo il y a Pierre, Chroniqueur, très proche des auteurs, qu’il cerne tact et délicatesse à travers leurs écrits ?
Entrevue avec Pierre : « La vie est un long fleuve tranquille ».
Virginie Vanos : Bonjour Pierre, nous nous sommes rencontrés sur le site de mise en contact entre auteurs et chroniqueurs, www.simplement.pro . Dites-moi, pourquoi avoir choisir ce pseudo « La vie est un long fleuve tranquille » ? Y a-t-il une corrélation entre votre avatar et vos goûts en matière de la littérature ?
Pierre : Bonjour Virginie,
Effectivement, vous faites partie des merveilleuses rencontres que j’ai eu la chance de faire sur ce site.
Ce pseudo plutôt anachronique fait référence, je suppose, à ma vision personnelle et manichéiste du monde qui nous entoure. J’aime assez l’idée de faire croire que tout est linéaire et transparent, alors qu’il n’en est malheureusement rien.
L’autodérision du pseudo se marie de manière subtile avec mon avatar. Homer Simpson est le roi des gaffeurs et représente monsieur tout le monde. L’esprit de la série dégage une satire de notre mode de vie tout à fait exceptionnelle. Il ne vous échappera pas, notamment, que Lisa Simpson apparaît très souvent avec un livre à la main, multipliant les références littéraires.
Cette philosophie générale me correspond bien. Ce mélange d’humilité, de curiosité, voire de contestation prudente emprunte de positivisme me permet d’apprécier avec beaucoup d’ouverture et de plaisir les œuvres classiques comme les fictions contemporaines, sans a priori ni réticence.
VV : Qu’est-ce qui fait pour vous la différence entre un bon livre et un chef d’œuvre ?
Pierre : Je pourrais répondre de diverses manières, avec cependant un trait commun lié à la relativité temporelle de l’appréciation.
Il est indéniable que notre état d’esprit conditionne la réception de nos lectures, et par conséquent la restitution de ce souvenir.
De mon point de vue, un bon livre m’apporte une certaine légèreté intellectuelle et une sensation agréable.
Un chef d’œuvre me transporte dans un monde différent, me laisse haletant en me provoquant des sentiments et des sensations particulières propres aux questionnements de l’œuvre. C’est essentiellement une affaire de sensibilité et de justesse, de durabilité et de désir, presque charnel, qui m’incitera à le relire et à y penser périodiquement.
Il est flagrant de constater qu’il est difficile de s’exprimer sur un chef d’œuvre, de ressortir des émotions si profondément enfouies, si rares, si intimes, si personnelles que les écrire les dénaturent impitoyablement à nos yeux.
Un chef d’œuvre est toujours le fruit d’une symbiose parfaite entre l’auteur et son écrit, et révèle beaucoup de sa personnalité.
VV : Vous semblez toujours très proche de vos auteurs et vous les cernez avec tact et délicatesse à travers leurs écrits. Cela m’a personnellement énormément touchée… Je n’hésiterais pas une seconde vous qualifier de profond humaniste. Vous percevez-vous comme tel ?
Pierre : Merci pour ce compliment…
Il est certain que plus l’œuvre est magnifique, plus je ressens de l’empathie pour l’auteur. Vous en êtes un exemple flagrant car vos écrits révèlent une sensibilité exceptionnelle que l’on peut difficilement inventer et ignorer. L’ensemble de votre œuvre vous ressemble, à l’évidence, et la manière que vous avez choisie pour la dévoiler aboutit à une catharsis littéraire qui m’a personnellement transporté.
Si faire preuve d’humanisme, c’est considérer que l’Homme détient la clé de nos questions fondamentales, cela correspond à mon caractère. C’est assez osé, je l’avoue.
Nonobstant cette évidence, je reste partisan d’une relative réserve dans la rédaction d’une critique, même si le livre ne m’a pas plu. Certes, il faut dire les choses, mais la façon est importante et il ne faut jamais dénigrer le travail qui a été effectué, qu’importe si le résultat, à nos yeux, n’est pas à la hauteur. Une appréciation restera toujours une histoire de point de vue.
Pour en revenir à l’humanisme, je reste persuadé que nous sommes à la fois la source et la solution de nos problèmes et je crains que la face sombre de l’humanité ne soit en voie d’aboutir à un atavisme déplaisant et peu conforme avec mon idée de la tolérance…
VV : Quelles sont les valeurs humaines, philosophiques et sociales qui vous tiennent le plus cœur de défendre ?
Pierre : Mmmm…
Les valeurs humaines qui me sont chères sont sans conteste toutes les formes de bonté (l’indulgence, la clémence, la solidarité, etc.), l’harmonie et la tolérance.
Elles sont dans la lignée de mes valeurs sociales prônant la paix, la protection de l’environnement et l’ouverture d’esprit.
Mes valeurs philosophiques sont plutôt stoïcienne, en particulier ce qui concerne le fait d’agir de manière honorable en accord avec une raison ou une pensée droite.
Il est essentiel d’arriver à comprendre l’autre grâce à une sensibilité grandissante envers les valeurs humaines (et la littérature y participe) que l’autre exprime à travers sa propre culture, ses propres traditions, son ethnie. Tout cela aboutit à un sentiment d’appartenance à la famille humaine.
VV : Vous me parlez aussi de la nature… En êtes-vous proche, émotionnellement parlant ? Et œuvrez-vous pour sa préservation ?
Pierre : Je possède un rapport quasi mystique avec la nature, sous toutes ses formes.
J’ai eu l’immense bonheur, dans ma vie professionnelle, de découvrir des endroits magnifiques, d’assister à des explosions volcaniques, de longer des icebergs, de fouler divers déserts et jungles, de parcourir des mers, de toucher des espèces animales qui, malheureusement, n’existeront plus d’ici peu de temps.
Je n’arrive pas à comprendre que nous soyons aussi inconscient des dégâts irréversibles que nous causons à notre belle planète, occasionnant notamment des pertes infinies à certaines peuplades. Nous assistons impuissant à une forme de suicide collectif incompréhensible.
J’ai besoin, aujourd’hui, de marcher plusieurs fois par semaine, de sentir, de ressentir cette nature pour me ressourcer, récupérer cette énergie positive. Mon corps et mon esprit en ont besoin, à l’instar de Thoreau qui sacrifiait plusieurs heures quotidiennes à marcher dans la campagne sauvage et à étreindre les arbres. Je n’en suis pas là, mais l’addiction est identique.
Comme par magie, et c’est un bienfait de la nature parmi tant d’autres, le respect qu’on lui témoigne se transmet également vers l’espèce humaine.
Au-delà de cet amour, je n’ai pas le temps d’œuvrer activement pour sa préservation hors de mon action personnelle et de la vision d’une certaine écologie responsable.
VV : Quels sont les sentiments humains qui vous émeuvent? Et quels travers de l’Homme vous peinent le plus ?
Pierre : Le véritable altruisme m’a toujours ému aux larmes. Donner, parfois jusqu’au sacrifice suprême sans contrepartie est d’une insolente rareté.
Soit l’être humain cultive l’égoïsme, soit son empathie se limite à la sphère familiale ou sociale. C’est affligeant. Mais il y a des exceptions, et la nouvelle génération peut évoluer dans le bon sens. J’y crois profondément, comme je crois aussi au changement de tout être humain. Dans les deux sens, malheureusement…
A l’inverse, le manque de tolérance m’exaspère car je n’y trouve aucune justification acceptable.
La laideur n’existe que dans l’esprit de l’Homme, c’est une manière de sentir qui révèle sa faiblesse, lui seul est capable de la concevoir et de la produire ; et sans cette infirmité ou cette faculté, pourquoi donc se pâme-t-il d’aise devant la beauté quand il la rencontre ?
VV : Remontons quelques siècles en arrière et imaginons que vous soyez attablés avec des philosophes du siècle des Lumière ? Comment leur décririez-vous le monde de l’an 2019 ?
Pierre : Je n’ose imaginer me retrouver à table avec des commensaux comme Diderot, Voltaire, Montesquieu, Rousseau et autres illustres philosophes de cette période si prodigieuse ou nous nous sommes notamment opposés à l’intolérance et les abus de l’église et de l’Etat, dans une Europe marquée par les divisions religieuses. Je serais moins enclin à m’identifier au déisme, pour des raisons purement pragmatiques. Qu’importe ! Cette effervescence intellectuelle ne semblait avoir aucune limite.
Etant d’un naturel bavard en bonne compagnie, je ne manquerais pas de leur dire que nous vivons une époque extraordinaire techniquement, d’une richesse inégalée dans ce domaine et aux conséquences futures incertaines. Je pense à l’intelligence artificielle, mais là, je crois qu’ils décrocheraient…
Je leur dirais que la folie humaine n’a pas de limite, malgré deux guerres mondiales qui nous ont rendus exsangue. Que les problèmes de religion qu’ils ont combattus sont malheureusement toujours présents. Que dans ce domaine, nous sommes également dans l’incertitude.
Et comme il faut quand même terminer sur une note positive, je conclurais par le fait incontestable et ô combien délicieux que nous vivons une période immensément riche en matière littéraire, que les supports se multiplient pour livrer des œuvres d’une qualité insoupçonnée à des lecteurs avides de nouveautés, réceptifs de toutes formes d’expression et là, je crois qu’ils m’envieraient un peu…
VV : En vous remerciant….
Merci, Virginie !
Une rencontre signée Virginie Vanos
(Re) découvrez l’interview de Virginie Vanos qui nous parle de son dernier roman Anna Plurielle
et donc, le fleuve n’ est pas si tranquille !
Bonne journée Bernie
tout à fait…
Pas vraiment… Mais vous l’avez deviné !
merci d’avoir répondu