Au Collège (Institut KAMBALI), je devins le rat de la Bibliothèque. Ainsi, je me suis vu en main avec « Les Châtiments » de Victor Hugo. Je le pris à mon goût. Je le dévorai tout entier… une rencontre avec Viteghe Volonté signée Virginie Vanos : « La Poésie m’est une vocation ».
Rencontre avec Viteghe Volonté : « La Poésie m’est une vocation »
Virginie : Bonjour, heureuse de faire votre connaissance ! Dites-moi, quel est votre parcours depuis vos études de Droit jusqu’à l’éclosion de votre carrière de poète ?
Viteghe Volonté : Ma carrière de poète n’a jamais connu son éclosion avec mon départ de la faculté de Droit. Elle signe son début avec mes premiers vers que je griffonnais déjà à 13 ans. Je n’avais jamais écrit de poésie avant.
Je me contentais depuis mes onze ans à rédiger des contes sur les animaux et sur les mystères de la nature. Pour me lancer en poésie, il a été question d’un oracle parce que ma carrière de poète m’a été révélée par une femme inconnue qui m’a rencontré au Marché central de la ville de Butembo : J’accompagnais ma mère.
Cette femme étrange avait dit à ma mère : « Est-ce bien lui, Volonté ? » Louise NZONGA, ma mère avait accepté. Comme si touchée, la femme mystérieuse avait pris la parole, je cite : « J’ai appris qu’il a écrit un grand poème dans son collège, et il en a reçu des prix. ».
Ma mère était surprise, et moi je n’en revenais pas parce que je n’avais jamais écrit de poème. Il est vrai que j’écrivais des petits contes déjà, mais qui restaient cachés dans mes cahiers de composition. Je ne les montrais qu’à mes confidents. J’avais peur d’approcher les gens. J’étais timide et introverti.
Vu ce, depuis ladite révélation sur ma carrière de poète, j’ai le soir-même de la « prophétie » écrit mon premier poème « Parc des Virunga ». Le texte n’était pas parfait, mais c’était le début d’une carrière qui bouleversa l’itinéraire linéaire de mon existence. J’étais régi par une force, une seconde respiration, une nouvelle inspiration. D’autres textes ont suivi ce premier pas de mes vers, et déjà, je me voyais débuter un recueil de Poésie « Au Plus beau Pays de la Poésie » qui aujourd’hui reste écrit au stylo.
Au Collège (Institut KAMBALI), je devins le rat de la Bibliothèque. Ainsi, je me suis vu en main avec « Les Châtiments » de Victor Hugo. Je le pris à mon goût. Je le dévorai tout entier. Un vent plus engagé souffla sur ma carrière d’écrivain-Poète. Quand je rencontrai Alphonse de Lamartine en Cinquième année du secondaire avec son œuvre « La Chute d’un Ange », ma plume connut une amélioration artistique dans le style, les soupirs, les sensations de l’âme.
Je rédigeais des tas de poèmes qu’à la fin de la sixième, je venais de finir mes deux recueils en manuscrit : Au Plus Beau Pays de La Poésie et La Première partie des « Rêves Sacrés. » Il sied de noter qu’à côté de la poésie mes œuvres prosaïques montaient aussi de palier : J’étais déjà à la réalisation de mes deux bouquins de contes et de mon roman d’enfance « Idem ».
Au demeurant, une fois à l’université, j’ai choisi le droit comme faculté. Ma poésie était déjà en ébullition : Je fréquentais déjà un groupe culturel où je pouvais déclamer mes vers. J’avais déjà un public et ma notoriété s’était déjà accrue. Je poursuivais mon œuvre « Rêves Sacrés ». J’ai repris à lire Victor Hugo, Lamartine et toute la classe de la littérature romantique.
Au fait, le Droit était un choix qui s’imposait vu l’absence la faculté des lettres dans l’université où je poursuivais mes études (L’Université Catholique du Graben). Le Droit me permit d’ajouter à mon talent de poète, une bouche de rhéteur.
Après trois ans d’études juridiques, en première licence, un nouveau souffle poétique me vint. Nous étions déjà en 2015. Le Cénacle des Poètes que j’avais initié venait de connaître le départ d’un cadre important, le Poète Eugène. Il fallait de ce fait que je reprenne les manettes de direction du Cénacle et sa plus grande responsabilité. Le Cénacle La Plume d’Or était très jeune. Il lui avait fallu une énergie herculéenne pour faire asseoir la Poésie du vers régulier.
Comme au début de ma carrière, quelque chose de mystérieux vint me remontrer le chemin. Une force intérieure me saisit. Une voix spirituelle me souffla que je pouvais mieux défendre le monde par mes vers humanistes que portant une toge de juriste. Depuis, les études devinrent fades et incertaines.
Ainsi, au milieu de l’année de la première licence, je quittai le Droit pour me consacrer entièrement à ma vie poétique. Le début fut difficile. Mes tuteurs, ma famille, mes amis et tant de gens qui me connaissaient me prirent pour un déréglé, un incontrôlé, un fou, voire une brebis égarée loin du troupeau qu’est la société humaine. C’était moi contre le monde.
Le degré du talent poétique excella quelques mois après mon départ des études juridiques. En 2015, quelques mois après ma décision poétiquement engagé, j’obtins le deuxième prix au Concours Européen de la Poésie (Europoésie) du Poète français Joël Conte via internet.
J’en obtins un autre deuxième prix en 2017. Je me consacrai ainsi aussi à la formation des poètes par le Cénacle La Plume d’Or. La Mairie de ma ville me reconnut après l’obtention de mes prix internationaux de poésie. Elle me nomma « Poète de la ville. »
De là, je continuai avec la formation d’autres éditions des poètes dans La Plume d’Or, qu’en 2019, une trentaine des jeunes poètes ont été formés par mon petit talent.
En 2016, mon poème satirique « Quitte le Pouvoir en Paix », a été publié par la communauté des Bloggeurs HABARI RDC. Ainsi, il me fut demandé d’intégrer la Communauté, et j’intégrai. Depuis, Habari RDC avec comme président Guy MUYEMBE m’a publié tous les mois qui suivaient mon intégration. La même année, je m’intéressai plus vivement au slam.
Je sortis deux sons à l’instar de « Le Tricheur » et « Qui survivra » avec Jean Rostand un jeune musicien de ma ville. En 2017, avec mon slam « Je suis Afrique » réalisé en collaboration avec la structure «Afric’arti/asb de Moïse WAHEMS, le chemin pour une poésie musicale ou le slam s’ouvrit. Le son connu un succès nouveau. Ainsi, d’autres sons comme « Passion cannibale », « Indivisibles » et plutard « La Corneille » et d’autres suivirent.
Sans tout dire, l’obtention du troisième prix au Concours national slam/Poésie sur les droits humains en décembre 2018, organisé par l’Onu, a attiré le regard du public national sur ma poésie. Et là, je venais de publier localement mon recueil « L’Aube en Noir. »
Le Parcours a été immense que je n’arrive pas à énumérer le nombre de fois où de l’effort artistique et du travail scénique nous sommes arrivés à asseoir la Poésie humaniste, engagé et au vers classique sur la ville de Butembo en particulier.
D’autres révélations s’annoncent avec les jours qui viennent.
Virginie : Quelles sont vos principales sources d’inspiration ?
Viteghe Volonté : Mes principales sources d’inspirations sont au nombre de cinq.
Primo, Dieu. « Je suis l’élu du ciel, le fils de la réussite/ Le Poète accompli que Dieu lui-même habite. » Ces deux vers de moi témoignent mon appartenance spirituelle. Comme tout poète, le spirituel est l’essence-même de l’inspiration.
Dieu m’a inspiré depuis ma tendre enfance jusqu’en ce jour. Je me tiens de noter que la première poésie à déclamer devant un public important m’a été le poème du Roi David, le Psaume 23 ; je n’avais que sept ans. Par ce fait je réitère autrement ce que disait Platon « Ce n’est pas eux qui font les vers, mais c’est Dieu qui les écrit au travers d’eux. »
Deuxio, Victor Hugo et Alphonse de Lamartine. Si Hugo a fait naître ma Poésie, Lamartine l’a faite mûrir. Le premier, je l’ai toujours regardé comme cette personne que j’ai toujours voulu incarner. A Butembo, Victor Hugo est devenu d’ailleurs mon pseudonyme, tellement je fais référence au génie de cette grande figure de la littérature mondiale.
Pour couronner le tout, j’ai eu à imiter Victor Hugo dans sa boutade « Je veux être Châteaubriand ou rien », je l’ai reprise par « Je veux être Victor Hugo ou au-delà. » Pour le second, Lamartine, j’ai appris à lire au fond de mon âme ces voix mystérieuses de l’esprit et à toucher de mon intuition les vertus spirituelles de la Poésie.
Tertio, L’humanité. Comme tout poète engagé dans la lutte des valeurs humaines, l’humanité est ma nationalité. Dire que je suis congolais ou africain, c’est me donner des limites face à l’humanité. De l’humanité, je devise l’humanisme, la fraternité, l’amour, le monde du partage, la cohabitation, etc. S’il y a le mal qui règne en maître sur nos sociétés, je me tiens à me tenir comme un réparateur des brèches, comme celui qui se voudra de rendre le monde habitable. Toutes ces guerres, ces cruautés, ces faits inhumains que les âmes innocentes ont vécu, je les combats. Mon souci est le retour imminent de la justice, de la paix, de la vie et surtout de l’amour.
Quarto, la Nature. Dans ce grand livre de Dieu, il est caché tant de vertus et de merveilles. Les vents qui mugissent, les vagues qui embrassent le rivage, les étoiles qui dans la nuit allument les yeux de l’espoir, la charmante lune, le soleil qui se lève ou qui se couche, l’horizon sur la mer, les oiseaux chantant… toute cette parfaite harmonie, cette osmose naturelle m’est une ultime source d’inspiration, une élévation sans mesure de l’âme.
Quinto, La lecture des génies contemporains et des siècles passés (Poètes, romanciers, dramaturges, peintres, musiciens…). Il y a une graine d’inspiration dans chaque génie d’auteur quel que soit le domaine.
Virginie : Quels sont les principaux messages que vous véhiculez en tant que poète ?
Viteghe Volonté : En tant que poète, je véhicule des messages d’espoir, d’amour, d’humanisme, d’encouragement, de révolution… L’espoir est mon autre vie. Supprimer du dictionnaire les mots « espoir/espérance/espérer » est synonyme de m’ôter la vie. Je crois au changement, à la victoire, au succès,… même quand tout semble perdu. Sans l’amour, le monde est voué à la destruction totale, au chaos ; avec lui, tout peut être réparé, il est au cœur de l’humanisme. Et pour arriver à tout recréé, il se veut une graine de révolution et une dose importante de courage. Je tiens à souligner que je suis du côté de la vertu et de la positivité.
Virginie : Vous me dites que vous aspirez à devenir un éditeur complet. Pouvez-vous expliquer cela plus en détails à nos lecteurs ?
Viteghe Volonté : Devenir un éditeur complet fait penser qu’on est déjà un éditeur partiel. Certes, depuis l’année 2013, j’ai été le chef de l’édition et le préfacier du premier recueil de poésie du Cénacle de Poètes La Plume d’Or, j’avais 22 ans. Cinq ans après, J’ai lancé ma carrière d’éditeur avec la parution du livre anthologique « Un Pas Vers la Liberté. » du Cénacle.
En 2019, je participe à l’édition du Livre Styx du Poète William WANGEVE de ma ville, et je me fais solliciter par d’autres jeunes auteurs poètes de ma contrée. Ainsi dit, je suis un éditeur partiel parce que je n’édite que de la poésie (le vers régulier). Je voudrai participer aussi à la Prose, travailler dans une grande maison d’édition comme Hachette, Bordas, Nelson, Edilivre ou Médiaspaul…
Bref, être un éditeur dans tout le grand domaine de la littérature (Le Roman, les essais, les contes, les nouvelles, le théâtre, etc.) Je voudrai bien en vivre. Localement comme éditeur, je me dois de faire publier les auteurs, mais les publications ne franchissent que péniblement la frontière de ma ville. Les moyens sont maigres pour faire la promotion du livre et de l’auteur. Je voudrai être à la hauteur de présenter nos jeunes auteurs aux hauteurs de la littérature mondiale, devenir un éditeur connu, vertueux et qui a réussi.
Virginie : « Etendre les frontières de la Poésie par le slam » … Comment œuvrez-vous pour atteindre ce bel objectif ?
Viteghe Volonté : « Etendre les frontières de la Poésie par le slam » demande de la volonté et de l’endurance. Le Slam se voulant être une poésie vocale, où le poète ne s’arrête pas qu’à écrire ses mots mais aussi à les dire pour un public précis est une aile de plus pour ma poésie. Le slam, je l’organise sur scène.
De ce fait, il demande un spectacle. Pour ce faire, ce que les oreilles n’attendent pas, les yeux peuvent les voir. Depuis mes premiers succès devant la scène, six ans plutôt, le public de ma ville, en particulier, a été stimulé par notre poésie scénique. Des jeunes depuis la maternelle, passant par l’école primaire pour finir par l’université ont déclamé avec aisance mes vers de paix, d’amour, d’espoir…
Les larmes aux yeux, l’étendue qu’a touchée notre jeune poésie m’a toujours remplie d’admiration. L’un des grands succès fut la présentation scénique du slam « Je suis Afrique » le 24 octobre 2017 à l’occasion de la Journée des Nations Unies, où avec l’ONU, par le biais de la structure d’Artiste de ma ville Afric’arti/asbl, un spectacle de rêve a été présenté au grand public, avec moi comme artiste.
Au de-là, après le mariage avec la musique, l’auditoire poétique s’est étendue. Des amis sont tombés des audio de Grand-Corps-Malade. Certains ont pensé que c’était moi (pour ma voix caverneuse et ma diction), d’autres m’ont demandé de me lancer dans le slam.
J’ai tenté avec Le « Tricheur » mon premier slam fait au studio. Il a connu un petit succès dans certaines écoles. Il dénonçait la tricherie. Les autres slam comme « Qui survivra », « Passion cannibale », « Indivisible », « Prie pour moi », « Je suis Afrique », « Indépendance », « A mes anges », « La Corneille » et autres ont suivi. Certain des slam ont été mis sur des sites de téléchargements, et l’extension de ce qui n’était qu’une poésie écrite et dite, est devenue d’une outre mesure. Le slam a fait télécharger mondialement notre plume par l’internet. Ce qui est intéressant est que ceux qui ne pouvaient que nous lire, peuvent maintenant écouter notre voix moins ou plus poétique soit-elle.
Virginie : Quelles seraient les hommes et les femmes à qui vous souhaiteriez rendre hommage dans l’écriture de vos textes ?
Viteghe Volonté : Dans l’écriture de mes textes, je rendrai toujours hommage aux victimes des injustices de la vie, à l’instar de ceux qui ont été sauvagement tués à Beni, Je rendrai hommage aux défenseurs des droits humains, Je rendrai hommage aux illustres héros inconnus enseignants, militaires, policiers, civils,…
Je rendrai hommage à ceux qui luttent pour le retour de l’humanisme, à ceux qui ont lutté contre les ségrégations à l’instar de Martin LUTHER KING et de Nelson MANDELA ; Je rendrai aussi hommage à toutes ces personnes vivantes ou mortes qui ont guidé mes pas jusqu’aux rives envoûtantes de la Poésie et des arts, et là je me veux de citer HUGO, LAMARTINE, Paolo COELHO, Lorie LAURE PESTER, Soprano SAÏD MROUMBABA, Moïse WAHEMUKIRE, FABIEN MARSAUD, YEKIMA DEBELART,… aux poètes contemporains de ma Plume d’Or dont Eugène TASILUVAKWA, Rodriguez BOYONGO, William WANGEVE, Danny TSANLUMBO, Vincent KIKWAYA, Prince KINYONZO,… aux poète d’ailleurs ; à ma famille mon Père KAMBALE NZONGA, ma mère Kavira-Kakule LOUISE, Papy NZUKO, Osée SIVIRI, Thierry MUKIRANIA, Joy TULIRWAGHO, Bartson LEMBA, Linda DEBORAH, Neema SYALYAKULA, à tous ceux qui aiment la poésie et qui se veulent de l’embrasser comme art… à tous ceux qui me liront… et …. A vous VIRGINIE.
Virginie : Pour conclure, et en vous remerciant, que voudriez-vous dire à tous les jeunes poètes du monde entier ?
Viteghe Volonté : A tous les jeunes poètes du monde entier, j’appelle au courage, à la conjugaison de nos efforts vertueux pour défaire la déshumanisation de l’homme, à la lutte aux côtés du bien pour établir enfin la nouvelle ère, à être la bouche des « sans voix », à être la béquille pour l’humanité qui boite ; à ne pas laisser mourir la terre ; à militer pour le monde du partage et à hausser le ton contre le partage du monde, à prêcher l’amour, l’unité, la cohabitation entre toutes les races et les cultures de la terre ; à être des flambeaux ramenant la lumière sur le monde qui obscurci par la haine est devenu le tombeau des vertus.
A tous les jeunes poètes, brisons ensemble les murs de nos différences et bâtissons le pont de l’amour, de l’amitié, de la paix, de la fraternité et de l’espérance.
Merci, Virginie.
Une rencontre signée Virginie Vanos
(Re) découvrez l’interview de Virginie Vanos qui nous parle de son dernier roman Anna Plurielle
Quelle magnifique découverte poétique qui me donne davantage envie de renouer avec cet art (chose que je ferai bientôt d’ailleurs). Cette interview me fait voyager. personnellement, je reste sous le charme indémodable de Charles Baudelaire… Vivre de sa passion a travers les mots serait-il synonyme de liberté ?
je le crois…
Formidable poésie qui redonne le moral
Merci !
c’est attirant! V.V. Mapson brûle en moi les torchons du spleen. Quand j’ai auditionné ses slam, j’ai connu une sorte de mue. En avant, cette poésie(littérature) engagée. [Comme la définie mieux Jean-Paul Sartre]
Merci pour votre témoignage.
je trouve formidable de pouvoir vivre de sa passion, ce n’ est pas si évident !
Bonne journée Bernie
C’est un bel exemple à suivre.