Quelque chose me souffla qu'Angie n'était pas là tout à fait par hasard… La reine du polar une micro-fiction signée Yves Carchon, écrivain, auteur de "Riquet m'a tuer" et de "Vieux démons".
La reine du polar
Une lectrice dimanche s'approche de mon stand. La quarantaine. Elle me dit tout de go n'avoir jamais lu de polar. Curieuse néanmoins, elle me demande ce que j'écris.
– Des polars, justement.
– Ah bon !
– C'est mal parti entre nous deux, je dis.
Puis me voilà lancé à lui parler des mots qui bien souvent sont la cause de tout. Malentendus, bonheurs, dépit, que sais-je… La cause de romans aussi. Comment naît un polar, par exemple. Elle est restée un bon quart d'heure à m'écouter.
– C'est bon, je vais vous lire, a-t-elle conclu.
Dans dix ans, j'en suis sûr, elle ne lira QUE des polars.
Deux ans plus tard, ma lectrice me croisa à nouveau dans un salon du livre. Je la trouvais changée. L'alcool, la lecture intensive ?
Elle me sourit.
– Non, me dit-elle.
Quoi donc ?
La détaillant, je n'eus pas trop de peine à reconnaître en elle un personnage. C'est ça, elle était devenue héroïne de polar !
– Si on buvait un verre, lui dis-je.
– Rapidement, car je ne suis pas seule !
Généralement, quand une femme vous dit qu'elle n'est pas seule, c'est qu'elle vit avec un bonhomme ou qu'elle a un gosse à sa charge. Un chien, aussi. Mais non ! Là, c'était une amie. Une amie bien plus jeune qui me fut présentée. Elle s'appelait Betty.
– Vous, c'est Frank, dit Betty, mastiquant un chewing-gum.
– C'est ainsi qu'on m'appelle.
– Angie m'a dit que vous écriviez des polars ! Rien d'autre à faire dans votre vie ?
Du coin de l'œil, je vis l'œil sombre de la libraire qui me matait et qui semblait me dire : vous n'êtes pas là pour draguer les clientes mais pour vendre vos livres.
– Eh bien, on se le boit, ce verre ? me proposa Angie.
A la tête de Betty je crus comprendre que ce serait partie remise.
– Tu viens, lui dit Angie.
– Non, je t'attends dans la bagnole !
– Comme tu voudras !
Betty fit la grimace et tourna les talons.
Au bar, Angie et moi, on s'est pris un demi.
– Alors, vous faites toujours dans le polar ? attaqua-t-elle avec une pointe d'ironie.
– Et vous, vous avez appris à en lire ?
Elle me fit signe que oui.
– De plus, je me suis mis en tête d'en écrire !
Bingo ! Quand j'avais vu une héroïne de polar en sa personne, je n'étais pas très loin du compte. Quelque chose me souffla qu'Angie n'était pas là tout à fait par hasard.
– Un autre ? dis-je en montrant nos demis vides.
– Merci. Betty m'attend !
– Pas facile, Betty ?
– On peut dire ça comme ça !
On est sortis du bar. Angie m'a glissé une carte dans la main.
Et elle a disparu.
Je n'avais plus qu'à retrouver mes livres et la libraire.
Je ne revis Angie que trois-quatre ans plus tard. Mais là, les choses avaient changé. Elle en était à son troisième polar qui cartonnait à un tel point qu'il n'y avait plus qu'elle qu'on regardait comme la "reine du polar".
Cette fois, ayant abandonné la veine policière et m'adonnant aux joies de la paresse, je me trouvais dans la file des lecteurs qui attendaient une dédicace.
La reine du polar, une micro-fiction signée Yves Carchon, écrivain, auteur de "Riquet m'a tuer" et de "Vieux démons".
Joli renversement de situation ! Faut-il se méfier des lecteurs ?
peut-être…
Hi hi…. Elle a prit goût et plus encore, faut-il initier les gens à sa passion !?
va savoir !
c’ est bien aussi parfois d’ inverser les rôles !
Bonne journée Bernie
tout à fait
Je sens quelque chose, derrière cette histoire …
Bonne fin de semaine, toujours dans la grisaille.
Et mon rhume toujours là, lui aussi …
ah oui ?
C’est très bien écrit, on veut connaître la suite, je vais l’acheter sur ma liseuse ! Bonne fin de semaine.
C’est une micro-fiction écrite par Yves, va-t-il écrire une suite … Il n’y a que lui qui le sait ! Et donc ce n’est pas disponible, pour l’instant.