L’amour ennuie parfois…

« Cette paisible maison où nous étions heureux n’a jamais existé », Houle d’amour une micro-fiction signée Yves Carchon, écrivain, auteur de "Riquet m'a tuer" et de "Vieux démons".

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Courtesy © Bernieshoot

 

Houle d’amour

L’amour ennuie parfois.

De l’autre, on devient l’ombre.

Et l’autre nous renvoie l’empathie sirupeuse qu’il entretient avec nous-mêmes. On voudrait fuir.

Pas l’autre, mais soi que réfléchit l’aimé.

La voie d’une libération est là, dans ce banal constat. Il faut s’y faire ; rien n’est jamais facile en ce bas-monde.

Langueur lascive, tiédeur de l’habitude : Gilda et moi en étions là quand j’ai claqué la porte.

La grande maison que je quittais s’est, du coup, rabougrie.

Les arbres sont tombés malades ; la fontaine a tari ; la lune ne brillait plus sur la pelouse.

Et Gilda est partie.

Les ronces s’en sont mêlées juste après son départ.

Les pluies ont fait le reste en effritant la dune. Le sable, en lourds paquets, s’est effondré dans l’Océan, entraînant avec lui la maison de l’Amour.

Les flots ont recouvert ce qui avait bardé notre bonheur. Parfois, quand j’y repense, je crois avoir rêvé.

Cette paisible maison où nous étions heureux n’a jamais existé.

Encore un conte, me dis-je, raconté par l’idiot que je suis.

Mais quand la nuit s’en vient, mes rêves s’effilochent et je retrouve Gilda, dressée comme une statue de sel au bout de la jetée où nous faisions l’amour.

Alors, j’embarque sur un canot, ramant comme un perdu contre la houle qui m’emporte. Pas d’horizon visible tant le ciel est obscur.

Pas de répit non plus.

Je force sur les rames, athlète du Dérisoire.

Je sais que j’aimerais Gilda toute ma vie.

yves carchon auteur romancier

Houle d'amour, une micro-fiction signée Yves Carchon, écrivain, auteur de "Riquet m'a tuer" et de "Vieux démons".

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Bernie
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16 commentaires

  1. Une belle et triste histoire très bien écrite.
    Bon dimanche … toujours un peu coincée.
    J’essaye la lecture, mais ça m’endort …
    Pas trop mon truc.
    Bisoux, cher bernie

  2. Il parait que le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas… L’amour peut aussi bien donner des ailes, ouvrir des horizons insoupçonnés que faire perdre le contrôle de soi de façon démesurée. D’un extrême à l’autre dirais-je. Seul le détachement permet lucidité et raison, car au fond le sentiment amoureux n’est qu’un transfert qui se transformera en compensation ou sublimation, c’est selon. l’histoire de chacun, car aimer, c’est essentiellement vouloir être aimé…

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