Poursuivons notre découverte des libraires au travers de l’interview, réalisée par Page des Libraires, de Christine Milhès, libraire à la librairie Privat (Toulouse).
Christine Milhès, libraire à la librairie Privat (Toulouse)
Travailler dans le domaine du livre
Préambule : Quelle est l’histoire de votre librairie ?
La librairie Privat créé en 1838 (avec les éditions du même nom) est la plus ancienne de Toulouse. Après avoir été pendant de nombreuses année LA LIBRAIRIE indépendante de la ville, elle est passée depuis presque 30 ans entre les mains de divers groupes (Bordas, librairies du Savoir, Bertelsman) jusqu’à devenir une des librairies du groupe Chapitre qui a déposé le bilan de sa branche librairie il y a 4 ans.
Heureusement reprise en octobre 2013 par Benoît Bougerol (par ailleurs propriétaire de la librairie La Maison du Livre à Rodez) et sa fille Anne, nous sommes redevenus indépendants. Et ainsi pouvons-nous à nouveau être de vrais libraires indépendants dans nos sélections, dans la défense de nos choix, dans l’organisation et l’animation de rencontres avec des auteurs…. Et nous assistons avec plaisir à sa « renaissance »…
Comment êtes-vous devenu libraire ?
Après avoir soutenu un DEA en Histoire Médiévale et avoir été pigiste pour la presse pendant 2 ans je suis arrivée à la librairie Privat en janvier 1994 par la « petite porte » (la 1ère année j’y travaillais quelques heures par semaine). Depuis longtemps mon idée était de travailler dans le domaine du livre et/ou de l’écrit (j’avais songé à entrer dans une école de journalisme, j’avais fais un stage aux éditions Privat…). Ayant débutée comme polyvalente je suis depuis quelques années la responsable du pôle Histoire/Actualité
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans ce métier ? (Racontez-nous aussi une petite anecdote)
Principalement 2 choses me font aimer mon métier :
- la 1ère est de découvrir des livres, de pouvoir me dire que je peux trouver une « pépite » (même si elles se font parfois rares)
- la 2ème est de pouvoir être ce « passeur» auprès des lecteurs que l’on va conseiller et d’aimer ce contact avec eux car n’oublions jamais que ce contact humain est capital dans notre métier. L’idée de transmettre qui sait une information, peut-être un savoir, dans de nombreux cas du plaisir est tout de même une des plus belles motivations pour se lever chaque matin et partir travailler ! Je me souviens ainsi d’un tout jeune adolescent qui, venu acheter un livre à contre-cœur car sa mère le lui avait demandé, repart avec mon conseil et reviens quelques temps plus tard enthousiaste. De la même je me remémore avec plaisir les échanges avec un vieux monsieur qui m’à appris des choses sur Picasso à travers le travail de Pierre Daix qu’il connaissait par cœur. L’échange étant ainsi dans les deux sens : le libraire transmet mais il apprend également en permanence.
Quel serait le conseil que vous donneriez à des futurs libraires ou à ceux qui hésitent à se lancer dans cette belle aventure ?
D’aimer le contact humain est primordial, avec une bonne culture générale. Le tout avec un zeste de curiosité permanente pour découvrir et transmettre aux lecteurs nos propres plaisirs de lecteur.
Métier de passion avant tout je me permets toujours de rappeler que ce métier est très polyvalent. C’est un peu la « tête » et les « jambes ».
Dans une même journée, tout en conseillant les lecteurs, on gère les stocks , on range les livres dans les rayons, on organise les rencontre d’auteurs à venir, on anime un débat et on peut faire de la caisse , de la réception selon les besoins quotidiens et selon l’organisation et la configuration de la librairie
Le livre que vous lisez en ce moment …
Je viens juste de commencer « les Routes de la soie » de Peter Frankopan (éditions Nevicata) que je voulais lire depuis décembre. Cette somme de l’histoire du cœur du monde, comme le précise le sous-titre, me semble fort intelligente et vaste. Balayant l’histoire d’Alexandre Le Grand au XXIème siècle l’auteur nous aide par son analyse à mieux saisir le monde…
Et un libraire n’étant jamais en mal de livre, j’ai dans ma besace le coffret des 5 petits volumes de l’œuvre de la japonaise Aki Shimazaki, « le poids des secrets » que je ne vais pas tarder à attaquer…
Quelle dernière lecture vous a le plus marqué ?
J’ai beaucoup aimé « les passeurs de livres de Daraya » de Delphine Minoui (Seuil) car ce récit relatant la vie de ces hommes qui sous les bombes créent une bibliothèque dans les sous-sols de Daraya en Syrie, n’est-il pas la meilleure réponse à la barbarie ?
Par ailleurs les libraires étant gourmands de mots je voudrais vous citer le roman de Jenni Fagan « Les buveurs de lumière » (Editions Métailié) que ma collègue du rayon littérature m’a conseillé et que j’ai adoré et que je veux à mon tour conseiller.
Aimez-vous prêter des livres ? Pour quelle(s) raison(s) ?
Oui, bien évidemment car les libraires étant des passeurs de livres, ce ne serait pas cohérent de ne pas prêter ses propres livres à ses ami(e)s et entourage, pour leur transmettre mes coups de cœur…
De quelle manière participez-vous à la revue et pourquoi ?
Je participe de temps à autre à la revue Pages en rédigeant des articles sur les livres que les éditeurs m’expédient et que je veux défendre…
Cette interview est publiée dans le cadre du partenariat entre Page des Libraires et Bernieshoot Blog Webzine
Belle librairie et très bonne équipe de libraires. Longue vie à notre plus ancienne librairie !
Absolument d’accord