Plus impudique qu’après l’amour…

Tous les samedis, Yves Carchon, écrivain, nous ouvre son univers littéraire, en nous offrant le plaisir de la lecture d'une nouvelle ou d'une micro-fiction.

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A la renverse

L’été, quand le soleil tapait, tu squattais volontiers cette chaise longue qui grinçait, avec l’espoir d’entendre avant de t’endormir le vent frémir sous les ombrages. Tu l’entendais, comme moi je le guettais, assis dans l’ombre des persiennes et que j’épiais cet instant-là, où tu basculerais dans le sommeil.

On compare volontiers l’amour à une petite mort. Je crois qu’on pourrait dire de même du sommeil. Il nous ravit et nous en revenons souvent avec les poches pleines de rubis. Ou de cailloux, mais c’est selon.

Le seuil du sommeil et cet instant où l’on s’y abandonne vaut bien la volupté qu’on trouve dans l’amour. C’est un plaisir qui nous tombe dessus, contre lequel on ne peut rien.

Parfois, tu délaissais la chaise longue et t’allongeais dans l’herbe. Saisi par le sommeil, ton corps se relaxait, tes jambes s’entrecroisaient sous sa profonde férule. Ta chevelure rousse formait une douce nappe pour les insectes de passage.

Ce que j’aimais, c’étaient tes mains, tes doigts qui lâchaient prise, comme oubliés au coin d’un bois… En m’approchant — quittant ainsi mon poste d’observation, je pouvais voir distinctement palpiter ta poitrine.

Et rosir ton visage sous l’afflux de tes rêves.

Tu paraissais vaincue et terrassée, quoiqu’infiniment quiète.

Plus impudique qu’après l’amour.

Plus rassasiée.

Plus pleine de jouissance sous le joug du sommeil.

Des mots montaient de tes lèvres entrouvertes.

Et je tombais à la renverse.

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Une micro-fiction signée Yves Carchon, écrivain, auteur de "Riquet m'a tuer", de "Vieux démons", de « Le Dali noir », et de son nouveau polar « Le sanctuaire des destins oubliés »

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Bernie
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14 commentaires

  1. Une petite mort qui nous est indispensable parceque nous l’apprivoisons . La mort, elle, ne nous laisse pas le temps de l’apprivoiser .

  2. la volupté de l’amour et quand même meilleur que celle du sommeil, qui est effectivement une petite mort. D’ailleurs je pense que la mart y ressemble on tombe dedans pareil sauf…qu’on se réveille pas!

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