« Je pense que d’une certaine façon, ce qui me fascine le plus dans l’écriture, c’est son aptitude à retourner les strates du subconscient, sa façon de faire remonter à la surface des éléments enfouis. »… Virginie Vanos vous invite à un entretien avec Lorenzo Morello, auteur de « Le chien qui souriait en repensant à sa vie ».
Entretien avec Lorenzo Morello, auteur de « Le chien qui souriait en repensant à sa vie »
Virginie Vanos : Bonjour Lorenzo ! Merci de m’accorder cet entretien. Sourire en repensant à sa vie… Ce titre interpelle et intrigue. Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ?
Lorenzo Morello : Le sourire en question est celui d’un chien en fin de parcours qui, sur les genoux de sa maîtresse et en attendant d’être euthanasié, repense à la vie qu’il a menée auprès de sa famille. Il s’agit en réalité du sourire d’un homme réincarné en chien, qui à la suite d’un concours de circonstances, s’est vu adopté par son épouse et son fils.
L’histoire que je raconte s’étale donc sur une quinzaine d’années, durant lesquelles cet architecte arriviste et matérialiste partage la vie des siens…coincé dans la peau d’un « vulgaire » Zinneke !
VV : Les thèmes que vous abordez le plus sont la mort, la vie et le sens qu’on lui donne, la famille, la sexualité et le manque de sexualité, le rapport parent-enfants. C’est tellement vaste ! Parlez-vous plus en détails de votre univers….
LM : C’est un univers essentiellement familial, mais au sens large du terme puisque les amitiés y trouvent aussi leur place. J’avais envie de fustiger notre société de consommation en condamnant mon narrateur à changer son fusil d’épaule. Comme beaucoup d’entre nous, il considère que la réussite s’évalue sur un compte en banque, quand advient son accident de voiture. J’aurais pu le clouer dans une chaise roulante, mais j’ai décidé d’aller encore plus loin : je l’ai tué pour le faire revenir dans sa propre maison, sous la forme d’un chien.
Le chien, c’est l’exact opposé du patriarche : Il est tout en bas de la pyramide sociale, disponible pour les membres de sa famille. Bien entendu, ces nouvelles conditions de vie vont lui causer quelques frustrations, mais Il va très vite comprendre qu’aucune fortune n’aurait pu remplacer le temps qu’il aura finalement passé au sein de sa famille.
Il va aussi comprendre que par sa présence et l’amour dispensé à son fils, il aura fait plus pour l’éducation de ce dernier que s’il était resté son père. Et c’est sans doute aussi pour cela qu’au moment de quitter les siens, il sourit, satisfait du chemin parcouru et de ce qu’il laisse derrière lui.
Certains y verront une métaphore sur ce qu’éprouvent certains hommes, une fois devenus pères. Je laisse au lecteur le soin de se faire sa propre idée.
VV : Pensez-vous que la vie inspire l’art en général et la littérature en particulier ?
LM : Je pense que c’est surtout le fait qu’elle soit limitée dans le temps qui nous pousse à écrire, à faire des films, de la photo ou de la peinture. Lorsque nous créons, quelle que soit la forme que prend cette nécessité, nous ne faisons rien de plus que ce que faisait déjà le premier homo sapiens en posant l’empreinte de sa main sur la paroi d’une grotte ; nous tentons de résister à la mort en laissant une trace de notre passage. Comme un noyé qui bat des bras pour ne pas mourir tout de suite mais qui, au milieu de l’océan, se sait condamné à terme, nous cherchons à repousser l’inéluctabilité du néant en créant des choses qui nous survivront.
Ça, c’est pour ce qui nous pousse à écrire. Pour ce que l’on met dans nos livres, l’inspiration varie d’un auteur à un autre. Moi, j’écris sur ce que je connais le mieux parce que c’est le meilleur moyen d’entraîner le lecteur avec soi. Et ce que je connais le mieux, ce qui m’a toujours intéressé, ce sont les rapports humains.
VV : Vous avez eu un déclic, si je puis le nommer ainsi, à la lecture du roman de Murakami : « Chroniques de l’oiseau à ressort ». Je confesse ma totale ignorance au sujet de cet auteur et de roman… Pourquoi vous a-t-il tant impacté ?
LM : Parce que pour la première fois, un livre de 800 pages où il ne se passe presque rien, avait le pouvoir de m’absorber. Comme le dit très justement Philippe Djan, pour un écrivain, les mots sont bien plus importants que l’histoire qu’ils racontent.
Et les romans d’Haruki Murakami sont la parfaite illustration de cette définition. Je lisais depuis plus de vingt ans lorsque j’ai découvert ce roman, et j’étais déjà tombé amoureux d’un paquet d’écrivains, mais rien de comparable avec cet auteur. Je crois qu’il n’y a que certains romans qui ont cette capacité de nous soustraire entièrement à la réalité ; Haruki Murakami est l’auteur d’un bon nombre d’entre eux.
VV : Vous m’avez confié ceci : « Je pense que d’une certaine façon, ce qui me fascine le plus dans l’écriture, c’est son aptitude à retourner les strates du subconscient, sa façon de faire remonter à la surface des éléments enfouis. ». En tant qu’auteure, les plongées dans mon propre subconscient me terrifient. Comment expliquez-vous tant mon effroi que votre propre fascination ?
LM : Lorsque j’ai commencé à écrire, il y a un peu plus de dix ans, je n’aurais jamais imaginé, mais alors jamais, comprendre des aspects de ma personnalité ou de mes failles qui, jusqu’ici, m’étaient complètement passées au-dessus de la tête ! L’aspect psychothérapeutique de l’écriture a été une vraie découverte pour moi ! J’ai vraiment pris conscience de l’homme que j’étais en me relisant. Je peux concevoir que certaines personnes aient peur d’affronter le miroir que représente l’écriture, mais moi, la seule chose que j’appréhende davantage que ce miroir, c’est l’idée de mourir un jour sans avoir fait le tour de l’homme que je suis.
VV : Vous vous dites heureux et vivant devant une page blanche. Parlez-nous de cette joie de vivre et d’écrire…
LM : Quoi que nous fassions, nous ne sommes jamais complètement libres. Les seuls moments où rien ne me paraît impossible sont les moments où j’écris, parce que face à une page blanche ou à un écran d’ordinateur, c’est moi qui décide.
Et par définition, dans la création, tout est possible ! Les seules limites que l’on rencontre sont celles que l’on s’impose. Et puis, je suis un solitaire. J’ai une inclination pour les choses que l’on fait seul. Comme disait Woody Allen dans Manhattan : « No question about that ! »
VV : Pour conclure, si j’étais une bonne fée, quels vœux pourrais-je exaucer pour vous ?
LM : Tu es une fée. Alors il y a un vœu pour l’homme et un vœu pour l’écrivain. L’écrivain voudrait juste être lu par le plus de gens possibles.
Quant à l’homme…Faire revenir mes parents et mes grands-parents du pays des morts, juste pour un soir ; pour rencontrer ceux que je n’ai pas connus, parler à mon grand-père maternel ; prendre ma sœur Aurore dans mes bras.
De façon plus prosaïque : Que l’humanité parvienne à sortir de la crise climatique.
une rencontre signée Virginie Vanos
(Re) découvrez l’interview de Virginie Vanos qui nous parle de son dernier roman Anna Plurielle
Déjà dans l’ hindouisme, la métempsycose est une des clefs !
Alors qui sait quelle vie nous vivons !
Passe une bonne journée Bernie
exactement
Tu me donnes vraiment envie, là …
« » Bon jeudi, après une journée de pluies incessantes.
Pour mon IRM : ce n’est pas mon lipome qui me fait souffrir, c’est son environnement qui est pourri !
Aussi bien la colonne que les muscles, tout est délabré.
Donc, on le laisse tranquille.
Rentrée tard hier soir, pas eu le temps de répondre à tout le monde …
Temps encore bien pluvieux, ce matin.
Gros bisoux, toujours de mon téléphone. « »
je comprends