« Oh moi, la lecture, c’est pas mon truc, ça ne m’intéresse pas » ? Comment devient-on une vraie dingue de lecture ? Pour répondre à cette question, et bien d’autres, Virginie Vanos nous convie à une rencontre, agréable et instructive, avec Elise Legaillard.
Virginie Vanos : Bonjour Elise, alors, raconte-nous tout… Comment es-tu devenue, selon tes propres dires, une vraie dingue de lecture ?
Elise : Bonjour ! Je m’y suis mise assez tard. Au collège, les lectures obligatoires m’intéressaient peu, et je lisais essentiellement des mangas…
Ce n’est qu’une fois sortie du système scolaire que je me suis réconciliée avec les livres. D’abord en lisant des essais sur les thèmes qui m’intéressaient, puis, à force de « traîner » dans les librairies, j’ai commencé à lire de tout, et ce loisir est devenu une vraie passion.
Je suis loin d’être une spécialiste en littérature, mais je consolide progressivement mes bases !
VV : Tu m’as parlé des influences sur le lecteur, notamment via les réseaux sociaux… Peux-tu nous expliquer le fond de ta pensée ?
Elise : En tant qu’espace d’échange, les réseaux sociaux favorisent la communication entre les lecteurs.
En partageant nos lectures, on s’influence les uns les autres en dehors des circuits classiques de communication des maisons d’édition. C’est intéressant, car la parole est donnée au lecteur lambda : cela casse un peu le côté élitiste de la littérature.
Les réseaux sociaux favorisent aussi l’émergence de nouveaux auteurs et la communication avec leur public : pour ma part, j’ai découvert énormément de livres et d’auteurs auxquels je n’aurai pas forcément pensé car ils sont peu mis en valeur, voir absents en librairie.
VV : La lecture ouvre forcément l’esprit, ouvre les horizons… Que dirais-tu à quelqu’un qui te dirait « Oh moi, la lecture, c’est pas mon truc, ça ne m’intéresse pas » ?
Elise : Je ne suis pas sectaire !
Plus sérieusement, je ne pense pas que ce soit l’acte de lire en lui-même qui ouvre l’esprit. Comme dans la musique ou le cinéma, c’est l’analyse, l’interprétation qu’on en fait qui stimulent notre réflexion et notre curiosité.
Les livres ont cependant l’avantage de développer l’imaginaire, enrichir le vocabulaire et la maîtrise de la langue. A l’ère du langage texto et des émojis, cet intérêt n’est pas négligeable !
VV : Y a-t-il pour toi des différences significatives entre la lecture en format papier et celle en ebook ?
Elise : Pour moi, non. Je n’ai pas de liseuse, mais j’ai une application ebook sur mon téléphone. Je l’utilise principalement pour lire des ouvrages à leur lancement, car cela économise pour les auteurs ou éditeurs l’envoi d’un livre papier !
Et comme j’adore découvrir de nouveaux auteurs, c’est un outil que je trouve très pratique.
VV : Depuis une dizaine d’années, émerge une quantité importante de nouveaux auteurs. A ton avis, quels sont les caractéristiques générales des livres qui auront la carrière d’une étoile filante et celles de ceux qui passeront à la postérité ?
Elise : Personnellement, le premier critère qui rentre en contre dans mon jugement est la qualité de de l’écriture. Il faut du style, de la personnalité, sinon même une bonne histoire semblera fade. Mais la question est difficile, car il y a énormément de profils de lecteurs, et avant de juger un livre il faut déterminer à quel public il s’adresse….
Il est donc important pour un auteur de réussir à cibler son lectorat. Et de se constituer un bon carnet d’adresse, car la concurrence est rude ! Je pense qu’on peut raisonnement admettre qu’au-delà de sa qualité, le succès d’un livre dépend énormément de sa médiatisation.
VV : Quel genre de livre a toutes les chances de rester à vie sur ta table de chevet ?
Elise : Je suis fan des romans dystopiques et post-apocalyptiques. Face à l’effondrement de la société de consommation, qui au-delà de la science-fiction, semble assez inéluctable à plus ou moins long terme, je trouve intéressant de s’interroger sur les capacités d’adaptation et de survivance de l’Homme.
VV : Enfin, si tu étais Ministre de la Culture, quelles mesures prendrais-tu, quelles seraient les réformes auxquelles tu t’attèlerais ?
Elise : Je trouve qu’on a de la chance en France d’avoir un accès facile à la culture, mais c’est tout un travail d’éducation d’encourager les jeunes (et les moins jeunes) à s’y intéresser ! Pour avoir travaillé quelques années dans des écoles et lycées, je trouve que les enseignants font un super boulot pour rendre la culture plus accessible et plus attractive, notamment auprès des élèves les plus en difficultés.
Hélas, la volonté du gouvernement actuellement est de réduire encore plus le peu de temps dont disposent les enseignants dans cette mission…
Donc si j’étais Ministre de la Culture, je voudrais avant tout garantir aux écoles un soutien de leurs projets, et une prime aux enseignants qui s’y investissent.
Une rencontre signée Virginie Vanos
(Re) découvrez l’interview de Virginie Vanos qui nous parle de son dernier roman Anna Plurielle