Caroline Lépée, responsable du domaine français chez les éditions Calmann-Lévy, a répondu aux questions de notre partenaire Page des Libraires.Elle nous fait découvrir sa passion pour son métier d’éditrice.
Comment êtes-vous devenu éditeur/éditrice ?
« En répondant à une énigme ! J’avais vingt ans, je rêvais de travailler avec des auteurs. Thérèse de Saint-Phalle, une éditrice, romancière, et surtout une femme généreuse et cultivée, a accepté de me recevoir tout en haut des anciens locaux de Plon, place Saint-Sulpice.
Elle n’avait pas de poste à proposer, mais au bout d’une heure de discussion elle m’a annoncé qu’elle allait me raconter une histoire qui se terminerait par une question. Si je répondais à la question, elle m’obtiendrait un rendez-vous dans une grande maison d’édition. J’avais l’impression d’être dans un film. J’ai trouvé la réponse et elle m’a décroché un entretien aux éditions Robert Laffont, où j’ai été embauchée. »
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans ce métier ? (Racontez-nous aussi une petite anecdote)
« La plus grande excitation, évidemment, c’est le moment où, dans la lecture d’un manuscrit, vous vous dites soudain : « Mais quel texte ! » Parfois c’est totalement inattendu. Je dois ma rencontre avec Laurence Peyrin, par exemple, à une cheville cassée un 13 juillet : sans cette fracture survenue le premier jour de mes vacances, je n’aurais pas passé l’été à lire douze heures par jour (je ne suis pas la reine des béquilles), et je ne serais jamais tombée sur son premier roman.
Pour la convaincre de me le confier, j’ai foncé à Grenoble à peine déplâtrée, je pense que Laurence a craqué en me voyant boiter bas à la descente du train. C’est vrai pour les découvertes, mais c’est vrai aussi des textes confiés par des auteurs avec qui vous travaillez déjà et dont le nouveau roman vous épate. Des moments exaltants comme ça, il y en a souvent, c’est un travail où la lassitude ne menace pas »
Comment choisissez-vous les manuscrits que vous éditez ?
« Un mélange de subjectivité et de métier. La partie facile, c’est d’identifier les bons textes. Le bon texte « crève l’écran » dans les lectures de piles de manuscrits. La partie difficile, c’est d’identifier parmi les textes qui ont besoin d’être travaillés ceux qui pourraient devenir de très bons livres. Ça c’est pour le métier.
Quant à la subjectivité… je publie les livres que j’aime lire, ce qui signifie parfois que je renonce à un texte, en sachant qu’il est bon, parce que je ne l’aime pas vraiment. Heureusement nous sommes beaucoup d’éditeurs, et si un texte est bon il trouve toujours la personne qui y croit assez pour le publier. »
Que se passe-t-il entre le moment où un manuscrit arrive chez vous et celui où il est publié ?
« C’est le travail de toute une équipe, de conduire un texte de l’ordinateur de son auteur vers sa place en librairie. Je vais sûrement oublier une étape, mais allons-y : un contrat est signé, on travaille avec l’auteur, le texte est corrigé et mis en composition, on le recorrige, on le présente à nos commerciaux, qui eux-mêmes le proposeront aux librairies, on l’envoie aux libraires, on espère très fort que ces premiers lecteurs « pros » auront le même sentiment de réussite que nous en le lisant.
Écriture des textes de présentation, création de la couverture, réflexion et élaboration d’une communication autour de lui, impression (ce qui veut dire avant commande du papier, décision du tirage etc), envoi aux journalistes et blogueurs… Et n’oublions pas les services de cession des droits qui le présentent au poche et aux éditeurs étrangers, parfois aux maisons de production. »
Qu’est-ce que vous apporte votre partenariat avec la revue PAGE ?
« Le partenariat avec la revue Page nous permet d’entretenir une relation privilégiée avec un réseau de libraires indépendants, qui lisent notre production en amont de la parution, la chroniquent et la conseillent ensuite à leurs clients. C’est pour nous un moyen de faire connaître nos auteurs aux libraires, qui sont leurs meilleurs ambassadeurs auprès des lecteurs.
Le partenariat avec Page, c’est aussi un temps fort en juin : la présentation de la rentrée littéraire à 400 libraires et bibliothécaires réunis pour l’occasion à Paris. Une équipe de libraires-lecteurs de notre rentrée littéraire présente ses coups de cœur devant ce large auditoire de prescripteurs, leur permettant de mettre du relief dans une production de près de 600 romans. »
Un livre que vous nous conseilleriez …
« Le roman graphique tiré du journal d’Anne Frank, que Calmann-Lévy a publié cette année, une réussite. Et tous nos romans français du printemps, Julien Sandrel, Laurence Peyrin, Roxane Dambre, Guillaume Musso, Karine Lambert, par ordre d’apparition, ne me demandez pas de choisir ! »
Un immense merci à Caroline Lépée et aux éditions Calmann-Lévy