Le Musée Paul Valéry (Sète) présente une exposition consacrée à la donation récente de 515 livres pauvres consentie par le poète, critique et universitaire Daniel Leuwers. Du 22 septembre au 7 janvier 2018.
Exposition Le Livre pauvre autour de Paul Valéry
36 collections valéryennes du Livre pauvre
La donation réunit la totalité des ouvrages appartenant aux 36 collections valéryennes du Livre pauvre : un titre ou une citation empruntée à l’œuvre de Valéry a été utilisé par les artistes et les auteurs comme amorce à une création collaborative sans jamais être imposé comme une contrainte. Il en résulte des livres réunis dans des ensembles qui se singularisent par un format et un esprit plus que par le conformisme de l’inspiration.
La pauvreté au cœur du projet
Avant même d’être un objet, le Livre pauvre est un projet, que Daniel Leuwers a élaboré et anime depuis l’origine. La pauvreté est située en son cœur et ne va pas sans contradictions apparentes. Un livre est d’abord imprimé, alors que les livres pauvres sont avant tout manuscrits. Ils ne sont pas ensuite authentiquement pauvres dans la mesure où ils sont enluminés et accompagnés d’œuvres artistiques originales.
Par ailleurs, chaque livre pauvre aspire à une forme de perfection esthétique.
La pauvreté du Livre pauvre s’explique en réalité par le faible investissement que nécessite leur confection : un simple feuillet plié en deux est dans la plupart des cas suffisant. Les livres pauvres ne sont pas ensuite intégrés au circuit commercial habituel, puisqu’aucun imprimeur, aucun diffuseur et aucun libraire n’interviennent.
Alors que le livre d’artiste intéresse prioritairement les bibliophiles, le livre pauvre opte pour le principe du hors commerce : le faible nombre d’exemplaires confectionnés, généralement entre 3 et 6, se répartit entre le peintre, l’écrivain et les collections.
L’entreprise du livre pauvre est, on le comprend, indissociable d’un engagement politique : Daniel Leuwers revendique ainsi de prendre le parti des pauvres contre l’arrogance possessive des riches, positionnement qui radicalise la formule de Lautréamont « La poésie sera faite par tous » en l’étendant jusqu’à un potentiel « pour tous », qui, au nom du métissage, va jusqu’à englober toutes les poésies du monde.
Si le français est ainsi très largement majoritaire, de nombreuses autres langues comme l’arabe, le grec, le portugais, le russe, l’albanais, l’italien, l’espagnol, le danois ou encore l’anglais sont également représentées, seules ou accompagnées d’une traduction.
Le Livre pauvre : un « livre de dialogue » associant écriture et création plastique
Chaque poète sollicité collabore avec un artiste, qui est invité à prendre toute sa part. Daniel Leuwers revendique la formule de Mallarmé : « Je suis pour – aucune illustration ». Le livre pauvre récuse en effet l’illustration servile au profit d’un accompagnement. Suivant la formule d’Yves Peyré, le livre pauvre est un « livre de dialogue », autrement dit un lieu de confrontations et d’oppositions.
Dotée d’une dimension visuelle évidente, la calligraphie est indissociable du manuscrit. Elle est une forme de poésie pour l’oeil, privilège du manuscrit sur l’imprimé. Daniel Leuwers a été particulièrement frappé par Tériade, qui, dans Le Chant des morts, associait l’écriture manuscrite de Pierre Reverdy et l’accompagnement de Picasso.
Toutes les combinaisons sont possibles : si l’écriture occupe tout l’espace, l’intervention des peintres s’effectue dans les marges et les interstices ou bien la peinture recouvre les mots au risque de les effacer.
La donation Daniel Leuwers : un ensemble d’artistes et de poètes éminents
La donation comporte 515 livres pauvres. Parmi les auteurs et les artistes contemporains, nombreux sont ceux qui se sont associés au projet initié par Daniel Leuwers :
– Auteurs : Michel Butor, Pierre Bergounioux, Zéno Bianu, Michel Deguy, Pierre Dhainaut, Jean Joubert, Nuno Júdice, Gilbert Lascault, Cédric Lerible, Werner Lambersy, Salah Stétié, Frédéric-Jacques Temple.
– Artistes : Jean Anguera, Jean-Gilles Badaire, Georges Badin, Pierre Dubrunquez, Rachid Koraïchi, Henri Maccheroni, Jean-Michel Marchetti, Stéphane Quoniam, Jean-Marc Scanreigh.
Daniel Leuwers
Daniel Leuwers est poète, essayiste, critique littéraire (livres sur Rimbaud, Jouve, Char et la poésie contemporaine), Membre de l’Académie Mallarmé, Daniel Leuwers est l’auteur de nombreuses publications parmi lesquels un ensemble important de recueils de poésie, depuis La vie cassée, en 1996 (éd. Moires) jusqu’aux quatre titres parus en 2017 : Temps T, Bar ocre, Blanc-seing et Biefs.
Il créé en 2002 le concept des « livres pauvres ». Richesses du livre pauvre et Les Très riches heures du livre pauvre, publiés chez Gallimard respectivement en 2008 et 2011, rendent compte de l’aventure d’une collection qui a été montrée dans le monde entier.
Informations pratiques
Musée Paul Valéry
148, rue François Desnoyer – 34200 Sète
Dates de l’exposition
22 septembre 2017 au 7 janvier 2018
Jours et horaires d’ouverture jusqu’au 31 octobre
Le musée est ouvert tous les jours de 9h30 à 19h00
Jours et horaires d’ouverture du 1er novembre au 31 mars
Le musée est ouvert tous les jours sauf le lundi de 10h00 à 18h00
Tarifs pendant exposition
– Entrée : 9,5 € – Visite commentée : 1 €
– Jeunes (10-18 ans), étudiants : 5 €
– Enfants moins de 10 ans, demandeurs d’emploi, scolaires ville de Sète : gratuit
– Groupes plus de 10 personnes : 7,5 €
– 1er dimanche de chaque mois, accès gratuit à la visite des collections
– Scolaires hors ville de Sète : 25 € par classe
Catalogue
– Un catalogue accompagne l’exposition. (220 pages). Editions Midi-Pyrénéennes.