Bernieshoot Blog Webzine a le plaisir de vous faire découvrir Audrey Dubreuil, libraire à la librairie Privat (Toulouse) au travers d’une interview réalisée par Page des Libraires.
Audrey Dubreuil, libraire à la librairie Privat (Toulouse)
Interview
Comment êtes-vous devenue libraire ?
Un peu par hasard, je l’avoue. Alors que je venais de finir ma Licence de Lettres Modernes à Paris, je cherchais un travail un peu plus attrayant que mon job d’étudiant dans la restauration. C’est mon père qui m’a fait découvrir la librairie La Procure et conseillé d’y postuler. J’y suis entrée comme libraire polyvalente pour pallier l’absence d’une libraire en congé maternité. J’ai eu la chance d’être formée par un libraire passionné et passionnant, Denis Laborey. J’ai été conquise par sa vision du métier et, à la fin de mon contrat, j’ai suivi une formation à l’IUT de Saint-Cloud. Mon DUT « métiers du livre » en poche, j’ai de nouveau été embauchée à La Procure où je suis restée 10 ans en tant que responsable du rayon Littérature avant de migrer vers Toulouse et de reprendre le rayon BD à la Librairie Privat.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans ce métier ? (Racontez-nous aussi une petite anecdote)
J’aime être entourée de livres, avoir à disposition une manne de lectures en tous genres. J’ai l’impression d’être chez moi à la librairie Privat. J’aime partager mes lectures avec mes collègues et avec les clients. C’est un enrichissement permanent, et une vraie satisfaction personnelle lorsqu’un client vous dit qu’il a adoré un titre que vous lui avez conseillé et qu’il vous fait confiance pour lui donner de nouvelles pistes de lecture. C’est un métier de rencontres : avec des clients, des éditeurs, des auteurs. Certains, au fil du temps, sont devenus des amis. Le parrain et la marraine de mes enfants travaillent dans l’édition, mon mari est écrivain, j’ai beaucoup d’amis libraires. La sphère personnelle et la sphère professionnelle sont chez moi intimement liées. J’aime aussi beaucoup le côté animation qui fait vivre la librairie : le sourire des petits pendant l’heure du conte, les échanges lors des réunions du Prix des lecteurs de la Librairie Privat, les rencontres avec des auteurs qui nous font partager leur univers. Quand je vous disais que c’était un métier très enrichissant !!!
Et, cerise sur le gâteau, j’adore être au courant avant les autres des nouveautés à paraitre et en lire certaines en avant-première. J’ai alors l’impression de faire partie d’un cercle de privilégiés !
Quelle dernière lecture vous a le plus marqué ?
La Terre des fils de Gipi, chez Futuropolis. J’adore le roman graphique et certains éditeurs ont ma préférence. C’est le cas des éditions Futuropolis donc, mais aussi de Cambourakis ou de la collection « Mirages » chez Delcourt. Avec La Terre des fils, Gipi nous offre un album magistral dans lequel son crayonné minimaliste et les silences qui sous-tendent les relations entre les hommes reflètent mieux qu’une débauche de couleurs ou un excès de mots l’âpreté d’un monde dévasté. Un récit « post-apocalyptique » qui n’est pas sans rappeler La Route de Cormac Mc Carthy.
Quel livre de l’actualité littéraire conseillerez-vous pour se faire du bien ?
Je pourrais vous parler des 2 tomes de Culottées de Pénélope Bagieu mais tout le monde en parle déjà alors…
Plongez-vous sans hésiter dans Chronosquad, une série vraiment drôle dont le 1er tome est paru en fin d’année dernière et le 2ème il y a quelques semaines. Vous y suivrez les tribulations de Telonius Bloch, jeune recrue de la Chronosquad, un corps d’élite chargé de veiller à la sécurité de touristes spatio-temporels. C’est un album de SF à l’humour décalé mais plein d’érudition qui vous offrira une expérience de lecture vraiment jubilatoire !!!
De quelle manière participez-vous à la revue et pourquoi ?
Je lis la revue depuis de nombreuses années mais, au début de ma carrière, je ne me sentais pas assez expérimentée pour écrire des articles. J’ai commencé à la faire dans la revue interne de La Procure, cela m’a décomplexé. En arrivant à la Librairie Privat, c’est un collègue qui m’a conseillé de m’inscrire en ligne sur le site de la revue. Depuis, j’attends toujours avec impatience de recevoir la liste des ouvrages qui pourront faire l’objet d’une critique dans le prochain numéro. Lorsque j’ai lu les ouvrages, je transmets à la revue mes impressions de lecture et on décide ensemble du/des titre(s) que je vais chroniquer. Il y a des moments où j’aurais envie de parler de tout, d’autres où je n’ai pas de coup de cœur, c’est variable. Je participe à Page pour la même raison que je fais ce métier : le partage. Et puis, soyons honnête, c’est aussi un bon moyen d’offrir de la visibilité à la librairie.
Le livre que vous lisez en ce moment …
Dans quelques jours, je vais m’occuper du rayon polar en plus du rayon BD (je reviens à mes premières amours). Je me suis donc lancé dans la lecture de « Shibumi » de Trevanian, disponible en poche chez Gallmeister (encore un de mes éditeurs de prédilection). C’est un livre étonnant qui oscille entre roman d’espionnage, thriller, récit d’aventures et écrit philosophique. Un roman culte paru dans les années 70 qui nous donne à voir le portrait d’un homme hors du commun, nous plonge dans le Japon des années 30 et nous perd dans les méandres des relations internationales et des luttes de pouvoir. C’est dense, foisonnant, un peu lent parfois mais vraiment exceptionnel. Si vous ne l’avez pas encore lu, précipitez-vous !
Cette interview est publiée dans le cadre du partenariat entre Page des Libraires et Bernieshoot Blog Webzine
Encore une libraire passionnée qui transmet son amour du métier avec simplicité. Quel bonheur de métier !
Un métier, une étal qu’il faut préserver. J’aime à flâner dans ce genre de rayons.
@mitié