La rétrospective de Bernard Rancillac proposée à l’Espace Niemeyer par le Musée de La Poste, actuellement fermé pour rénovation, réunit sur plus de 1300 m2 une centaine de pièces : peintures, objets, affiches, installations, collages… s’étalant de 1961 à 2015. Elle permet une approche complète et représentative du parcours de l’artiste né en 1931 et grande figure de la Figuration Narrative.
Rétrospective Bernard Rancillac
Exposition organisée par le Musée de La Poste à l’Espace Niemeyer
Du 21 février au 7 juin 2017
Entrée libre
Bernard Rancillac
La gravure
Dans les années 50, Bernard Rancillac se forme à la gravure à l’Atelier 17, dirigé par le graveur et peintre Stanley William Hayter. L’apprentissage de ce médium, écrit Serge Fauchereau, révolutionne son rapport au dessin et à la ligne(1).
Après un passage par le noir avec des œuvres comme La chambre noire, Pierre de lune, Le Livre du fils (1961) mêlant plusieurs techniques, puis un passage par le blanc avec la série matiériste des Fantômas (1962), Bernard Rancillac revient peu à peu la couleur avec de grands dessins et une peinture nerveuse, pleine de saveur et de dérision.
Une réflexion sans concession sur la société de consommation
Dans le climat politique international des années 60, extrêmement tendu, il entame une réflexion sans concession sur la société de consommation, la culture populaire et l’actualité la plus brûlante.
Il partage alors sa vision de l’art et du monde avec un groupe de jeunes peintres en rupture avec l’abstraction, de nationalités diverses, aux aspirations pas toujours communes mais aux inspirations similaires.
Belfast – Bernard Rancillac © Adagp, Paris, 2017
Mythologies quotidiennes
En 1964, avec le peintre haïtien Hervé Télémaque et le soutien du critique d’art Gérald Gassiot-Talabot, il organise au Musée d’art moderne de la ville de Paris, l’exposition Mythologies quotidiennes.
Réunissant trente-quatre artistes, elle marque les esprits par l’utilisation qu’ils font de l’image à la fois banale et toute puissante.
La Figuration narrative est née.
Profondément concerné par son époque, Bernard Rancillac puise dans un répertoire d’images très variées (cinéma, photographie, publicité, bande dessinée, roman-photo…) pour aborder les sujets qui lui tiennent le plus à cœur.
Il les traduit par de grands aplats acryliques vivement colorés et d’inventions formelles d’une grande force plastique. Souvent qualifié de peintre « historique » ou de peintre engagé, il évoque de façon décalée, violente ou sarcastique la cruauté et la sottise multiformes du monde (famine, racismes, guerres…).
Une réalité souvent tragique
Bernard Rancillac en nous faisant entrer de plain-pied dans une réalité souvent tragique se garde bien cependant d’ajouter « de l’horreur à l’horrible ». Mais les controverses qui accompagnent ses tableaux depuis ses débuts prouvent qu’il dérange.
Toutefois, son registre thématique ne s’arrête pas à la seule politique : les femmes – qu’elles soient des stars ou des anonymes, vêtues ou nues – s’y taillent une belle place, ainsi que Mickey, le sport, les musiciens de jazz, les voitures…
Exigeante, cohérente et subversive, son œuvre accessible au plus grand nombre, composé de séries sur lesquelles il a opéré et opère parfois encore de nombreuses variations (Mickey, musiciens de jazz, stars de cinéma…), témoigne selon Bernard Ceysson « de la volonté délibérée du peintre de miner la réalité, après avoir miné l’histoire de l’art ».
Bien que l’effet plastique prévale sur toute autre préoccupation et que son combat premier soit avant tout la peinture, Bernard Rancillac utilise son pinceau comme un coup de poing non pour défendre une quelconque idéologie, mais pour forcer le regard de celui qui ne veut pas voir.
« Très souvent, chez moi, l’émotion est de nature politique, même quand je peins des Mickey, des musiciens de jazz, des voitures ou des stars de cinéma »
je ne connais pas cet artiste, une découverte.
@mitié