Tous les samedis, Yves Carchon, écrivain, nous ouvre son univers littéraire, en nous offrant le plaisir de la lecture d'une nouvelle ou d'une micro-fiction.

Les animaux me parlent

Mon chien qui m’a quitté il y a deux ans m’est apparu en rêve. Il me parlait et je lui répondais. Normal, me dira-t-on : ce n’était là qu’un rêve.

Erreur.

Le lendemain, en m’éveillant, mes trois chats étaient là, attendant leur pitance. Et c’est Pelote qui, la première, a cru me faire quelques reproches…

Pas en miaulant : en me parlant, avec une pointe d’agacement en arrière-fond de voix. Comme quoi je me levais trop tard et lambinais par trop, et patata.

Passons.

J’ai préféré rien lui répondre…

Le pire, c’est qu’en longeant la haie de mon jardin, j’ai entendu le chien de mes voisins qui me hélait. Il me faisait comprendre que si mes chats se permettaient de pénétrer dans son jardin, il en ferait une bouchée.

J’ai bien noté tout ça.

J’allais pas lui répondre, polémiquer à l’infini !

Que répondre à ce mal embouché canin ?

Là-dessus, je vais au zoo et qu’entends-je : le singe qui m’agonit, l’hyène qui me prévient que la planète est en danger, le lion qui m’engueule de mettre le bordel dans sa savane…

Et j’en passe !

Quel monde !

Quand je pense qu’il y a peu je mangeais du lapin, du bœuf et du cabri. Il y a trois jours, le porc de mon éleveur préféré m’a fait un speech dément et moralisateur.

Même les guêpiers, qui viennent nicher rituellement dans le bas-de-fosses tout près de chez moi, m’ont houspillé littéralement.

Un comble !

J’ai beau leur dire que je respecte la Nature, tous me ricanent dessus !

Et merde !

Vivement que je retourne à l’état animal, sous forme de vers ou je ne sais quoi d’autre !

Une micro-fiction signée Yves Carchon, écrivain, auteur de "Riquet m'a tuer", de "Vieux démons", de « Le Dali noir », et de son nouveau polar « Le sanctuaire des destins oubliés »