L’exposition de l’artiste Dalila Dalléas Bouzar, Innocente, se tiendra du 13 décembre 2019 au 29 février 2020, à la Galerie Cécile Fakhoury, à Adibjan. Artiste née à Oran, en Algérie, et résidant en France, à Bordeaux, Dalila Dalléas Bouzar présente sa deuxième exposition personnelle à Abidjan.
Exposition Innocente par Dalila Dalléas Bouzar
L’exposition se tiendra du 13 décembre 2019 au 29 février 2020.
Innocente est la deuxième exposition personnelle de l’artiste francoalgérienne
Par le biais de la peinture et de la performance, l’artiste mêle l’intime et le social en inscrivant la critique de la condition actuelle de la femme au sein d’un cheminement entre les vides et les pleins qui fondent son identité́ plurielle. Dalila Dalléas Bouzar s’attache au pouvoir de la femme comme transmission, objet de contestation et aujourd’hui de revendication.
Dans ses œuvres, elle partage une réflexion sur la place des femmes dans la société́, en choisissant de faire de leur corps l’élément central de ses toiles. Le mot Innocente résonne avec force, comme un espoir, une lutte, un cri.
L’artiste continue ici son œuvre de détournement des codes de la peinture occidentale, au fondement de son travail, en bousculant les régimes de représentation du corps de la femme, à travers une série de peintures intitulée Sorcières et la tapisserie brodée Adama, pièce maîtresse de l’exposition réalisée lors d’une résidence en Algérie. Au travers de ces œuvres, Dalila Dalléas Bouzar invoque les mémoires collectives ancestrales afin d’investir nos imaginaires d’images de femmes transfigurées par leur propre force.
« J’ai l’impression qu’il y a comme un secret que je cherche et qu’il me faut révéler, comme si quelqu’un d’une génération antérieure me parlait. Un peu comme quelque chose qui tape à la porte de façon continue. »
Extrait d’un entretien entre Dalila Dalléas Bouzar et Elsa Guily
Adama, un outil de pouvoir au service de la libération de la femme
La tapisserie, Adama, est inspirée d’une technique de broderie à fil d’or traditionnellement utilisée en Algérie lors des mariages, comme vêtement porté par la future mariée. Cette pièce illustre le renversement d’une dépendance verticale arbitraire vers un nouvel ordre des choses.
Adama charrie avec elle toute une lignée de femmes : celles qui composent la famille algérienne de l’artiste, les brodeuses et les couturières qui l’ont confectionnée et plus largement la femme, dans sa pluralité et sa globalité, inévitablement concernée par la question de la symbolique de son corps.
Technique de broderie à l’origine destinée et réservée aux chefs de guerre, le karakou est devenu une tenue rituelle de mariage portée par la mariée.
Aujourd’hui, Dalila Dalléas Bouzar souhaite à nouveau en détourner la fonction symbolique pour en faire un outil de pouvoir au service de la libération de la femme. Un déplacement a ainsi lieu, d’une situation de soumission à un retour vers une position de puissance.
En écho à cette tapisserie, qui constitue le cœur de l’exposition envisagée comme un corps – le corps étant à son tour envisagé comme un lieu –, répondent les nus féminins, aux couleurs contrastées. Dalila Dalléas Bouzar vient renverser les codes de la peinture classique : certains traits restent inachevés, le genre de la peinture à l’huile est bousculé par des couleurs fluorescentes en arrière-plan et la perspective est déconstruite avant d’être subtilement recréée par le placement des volumes.
Au-delà des éclats de couleurs, deux teintes s’imposent aux yeux du public : le noir et l’or. La première apporte une dimension quasi-mystique et se fait matière d’où jaillit la lumière, quand la deuxième est symbole, de pouvoir, de transmission, du sacré.
La peinture de Dalila Dalléas Bouzar est une parole profonde et plurielle, faite de savoirs invisibles et d’un héritage transmis en pointillés, qu’il est nécessaire de se réapproprier. La performance qui accompagnera l’exposition sera habitée par cette nécessité pour l’artiste de se positionner dans une filiation et par-là de provoquer un processus de libération transgénérationnelle, en rendant à la femme sa juste place, celle que chacune souhaite se donner.
Dans Innocente, Dalila Dalléas Bouzar nous fait éprouver la force de la réappropriation d’un langage pictural et nous met en relation avec une constellation de vécus, de mémoires et de voix.
Dalila Dalléas Bouzar
Née en 1974 à Oran en Algérie. Elle vit et travaille à Bordeaux, France.
Dalila Dalléas Bouzar questionne le statut du peintre, l’histoire de l’art et la représentation comme outil de pouvoir. La peinture est le moteur d’une réflexion née de sa révolte face à la condition des femmes et à l’histoire des dominations.
Si Dalila Dalléas Bouzar soulève la question de l’identité, elle la laisse se dire par la voix de la chair, de la trace à même la peau. En reliefs délicats, dans le sourcillement des traits du pinceau et de la graphie, dans les vibrations de sa peinture, son geste assuré est parfois interrompu. L’image révèle alors sa fragilité, la figure tient son mouvement en équilibre.
En réinterprétant les images de l’histoire algérienne, elle aborde la mémoire individuelle et collective dans Algérie Année Zéro (2012) ou Princesses (2015) ainsi que la vision fantasmée de l’Orient dans la série Femmes d’Alger d’après Delacroix (2012-18). Dans les séries Omar (2018) ou Saint-Georges et le dragon (2018) elle cherche à peindre des identités invisibles dans le champ des représentations dominantes d’hier et d’aujourd’hui.
Partant de la peinture, sa recherche se décline dans des performances : elle déconstruit les clichés de la représentation des femmes arabes dans Studio Orient (Quai Branly, 2019), elle ritualise le lien du peintre au monde et au musée dans 1/365 Revolution (Musée des Civilisations noires de Dakar, 2019) et elle interroge le statut du peintre durant la performance Studio Dakar (2018), dans le cadre de la Biennale de Dakar, en réalisant à l’huile les portraits de passants à Ouakam et Grand-Yoff (Sénégal).
Suite à une résidence en Algérie aux côtés de brodeuses traditionnelles, son œuvre textile Adama sera présentée au Musée du Bardo (Algérie) à l’été 2019 puis à la Galerie Cécile Fakhoury – Abidjan (Côte d’Ivoire) en décembre 2019.
Expositions (sélection) : Galerie Cécile Fakhoury, (Abidjan, 2016 et 2019 / Dakar, 2019), Biennale de Dakar 2016 et 2018, Biennale du Caire 2018, SAFFCA (Johannesburg, 2018), Musée des Civilisations noires (Dakar, 2019).
La Galerie Cécile Fakhoury
La Galerie Cécile Fakhoury a ouvert ses portes à Abidjan en Côte d’Ivoire en septembre 2012. Au printemps 2018, elle inaugure un nouvel espace à Dakar au Sénégal et un showroom à Paris en France.
La galerie œuvre à la promotion de l’art contemporain sur le continent africain. Elle offre une visibilité à la créativité et à la diversité artistique contemporaine en Afrique à travers sa programmation d’expositions monographiques et collectives, mais aussi par sa participation aux foires et biennales internationalisation et par ses collaborations avec des galeries étrangères.
Les artistes représentés par la galerie, forts de leurs identités et histoires respectives, se distinguent par un langage plastique qui s’affranchit des frontières et refuse la stigmatisation géographique. Observateurs d’un monde dont ils sont les contemporains, ces artistes portent un regard éclairé et critique sur notre société.
La diversité de leurs gestes esthétiques, mouvements engagés pour se saisir des complexités de l’histoire, contribue à l’écriture d’une mémoire vive de leurs pays et nous pousse à reconsidérer notre lien au monde.
pas du tout mon style, mais bien celui du contemporain !
Bonne journée Bernie
Oui c’est du contemporain.
La peinture une me fait repenser à Courbet… et en deux c’est une bien jolie sorcière…. je découvre cette dame et son oeuvre…
C’est une belle exposition