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Alexandra Papiers Mâchés : un arc-en-ciel de passions colorées

Qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire de ma vie ? Et si le métier dont vous rêvez n’existe pas, n’est-ce pas là une belle opportunité de lui donner vie ? Alexandra Papiers Mâchés a deux passions : les mots et la cuisine, elle a confié à Virginie Vanos sa rage d’être libre de ses mouvements et de ses pensées.

Alexandra 6 derrière la cuisine de Messieurs à Liège
Alexandra Papiers Mâchés Page Facebook

A la rencontre d’Alexandra : Oser quitter les idées préconçues d’un avenir monotone au détriment d’un arc-en-ciel de passions colorées.

Virginie Vanos : Bonjour Alexandra, nous nous sommes rencontrées sur Simplement Pro, un site d’échanges entre auteurs et chroniqueurs littéraires. Qu’est-ce qui vous a menée à nouer ou renouer avec ces deux passions que sont la lecture et l’écriture ?

Alexandra : J’ai toujours aimé flâner en brocantes ou foires. Et justement, il y en avait une près de chez moi dédiée aux livres. J’ai sauté sur l’occasion en me disant que j’allais forcément trouver une pépite. Ma récolte ne fut guère productive en définitive et, je suis revenue avec deux ouvrages : Biographie de la faim d’Amélie NOTHOMB et Pourquoi les Japonaises ne vieillissent pas et ne grossissent pas de Naomi MORIYAMA et William DOYLE.

En novembre 2018, j’ai commencé à lire celui d’Amélie NOTHOMB, puis d’un coup, j’ai pensé à un concept qui associerait l’émotion ressentie à la lecture avec un mets qui provoque une émotion semblable. Peut-être que le titre m’a inspirée quelque part. Depuis, je re-dévore des livres de tous genres littéraires que je chronique avec gourmandise.

Ce qui m’a amenée à obtenir mon second rencart cette fois-ci avec une vieille amie : l’écriture. J’ai toujours aimé ça, depuis petite je couche sur le papier ce que je tais mais qui pourtant anime mon corps tout entier. Pour moi, écrire et lire sont comme deux poumons, l’un ne va pas sans l’autre.

Psychologiquement, j’étais en proie à des phases de déprime. J’avais donc besoin d’être nourrie intérieurement, et surtout d’extérioriser en écrivant. J’avais besoin de remonter à la surface et les mots sont mes formidables moyens de propulsion.

VV : Vous m’avez confié récemment être animée par la quête du bonheur personnel, en dépit des conventions sociales. Quelle est votre définition du bonheur ?

Alexandra : Excellente question qu’on ne nous pose pas assez souvent voire pas du tout ! Même si c’est un exercice difficile, je pourrai en dire qu’il s’agit pour moi d’une forme de liberté. Celle qui me fait me sentir invincible, en harmonie profonde avec moi-même.

C’est un exercice très difficile que de se concentrer sur soi. Pour m’y aider, je me focalise sur ma rage intérieure. Elle me pousse à me surpasser et à dépasser ce qu’on attend de moi, à me trouver là où on ne m’attend pas.

C’est cette rage de ne pas être conventionnelle qui me fait penser le monde autrement pour ne pas en être écœuré. Je dirais donc que je vis ces émotions autrement que ce que la société me donne à en voir et à définir. Plus vous chercher à être heureux et plus vous serez malheureux de constater que c’est une notion abstraite.

Alors, je vis ma vie sans trop chercher à définir une notion trop complexe comme le bonheur. J’ai simplement la rage d’être libre de mes mouvements et de mes pensées.

Alexandra 3 librairie toutes directions sur liège
Alexandra Papiers Mâchés sur Instagram

VV : A vos yeux, quels sont les principaux obstacles qui empêchent un être d’accomplir pleinement et heureusement sa destinée ?

Alexandra : Le regard qu’on porte à la différence, est clairement la première chose qui vient contrecarrer mes plans. La conjoncture économique n’étant pas simple et prônant celui qui aura le plus amasser d’argent, aura la plus belle maison etc. n’aide bien évidemment pas à se concentrer sur ses passions enfouies. Ce sont pourtant elles qui nous motivent et qui dessinent notre avenir.

Je trouve que beaucoup de choses nous sont imposées comme le fait d’être une bonne mère, le fait de réussir à faire le plus d’études possible… Ces diktats ne me font pas sens et je suppose que d’autres sont autant perdus que moi et perdent leurs âmes à tenter de s’y conformer. Si vous êtes attentifs aux publicités qui nous entourent, on nous lance en pleine face le message qu’il faut être « parfait », pas le droit à l’erreur, être joli(e), faire du sport pour garder la ligne… le concept de la société de consommation n’est pas un leurre mais l’appât d’une perte de conscience de ses propres besoins, selon moi, une forme de propagande.

Puis le –quand dira-t-on ayant l’immortalité dans les esprits, il ne faut surtout pas s’éloigner des sentiers battus. Alors on s’évertue à suivre les chemins que nos aînés ont creusé, à l’image d’une tombe à ciel ouvert et, nous marchons encore plus malheureux que ces derniers car aucun d’eux ne vous aura appris à être heureux mais à faire ce que l’héritage culturel aura décidé. J’ai tenté pour vous, je ne vous conseille pas d’essayer ! Enfin, le manque d’audace et la peur du ridicule, pour dépasser ces idées viennent freiner nos mouvements et nous réduire au silence.

Alors, quand on arrive à ouvrir les yeux, ce que j’ai commencé à faire, on se rend compte que notre conception d’une vie « réussie » va au-delà de porter telle marque de baskets pour être à la mode. Là peut commencer un travail d’introspection personnelle pour se recentrer sur son être et non sur le groupe de personnes auxquelles on pensait appartenir.

Quitte à passer pour une personne égoïste, j’ose dépasser et déchirer les étiquettes que l’on souhaite m’attribuer sans pour autant vivre comme une recluse mais sans non plus enrichir un système collectif dans lequel je serais devenue une machine ou un matricule plutôt qu’un humain.

Alexandra 2 librairie toutes directions sur liège

VV : Poursuivre ses rêves… Bien des gens en parlent, y songent mais renoncent à moyen-terme. C’est en tout cas mon ressenti. Qu’en pensez-vous ? Et pourquoi est-ce si ardu de mener sa vie en-dehors des sentiers battus ?

Alexandra : Je vous suis tout à fait dans cette réflexion. On ne nous apprend pas à être heureux ni même à se poser la question ! Personnellement, j’ai grandi avec un manque de confiance en moi qui me faisait taire mes plus grandes ambitions de devenir. Alors, j’ai suivi les routes qui étaient déjà présentes et vérifiées comme certifiées authentiques, même si je me disais intérieurement que cette voix ne me convenait pas.

Mais, par manque d’informations et par peur, j’ai renoncé à faire ce que j’aime depuis toujours : écrire et lire. Ce n’est pas évident parce que mon entourage me voyait exercer tel ou tel métier, bien aux antipodes de mes volontés. Mais « ils me connaissaient » je me suis dis, alors que ça devait être ça ma destinée.

Je pense qu’on renonce à mener la vie que l’on rêve parce qu’on écoute trop cette petite voix intérieure qui nous demande de ne pas sortir du rang. Pourquoi n’aurions-nous pas le droit d’être des originaux ? Parce-que pèse sur nous le poids du regard de l’autre qui peut être synonyme de jugement sur nos faits et gestes.

Que feriez-vous si on posait des caméras dans chaque angle de vue 24h/24h pour surveiller que vous ne vous écartez pas du « droit chemin » ?

Et bien vous aurez la frousse de vous retrouver exclu, isolé, abandonné, livré à vous-même dans un monde qui ne tourne qu’autour de l’intérêt que vous porte quelqu’un d’autre vous porte. Il apparaît presque logique d’abandonner son rêve pour porter un masque plus conventionnel quitte à finir en burn out dans quelques semaines.

C’est beaucoup moins honteux et dégradant que de porter un échec en épée de Damoclès en avançant à l’aveugle. Une vraie expérience moderne de la pression et du contrôle social qui emprunte son architecture au modèle panoptique que décrit si bien Michel FOUCAULT dans son ouvrage « Surveiller et punir ».

On nous fait croire aussi que ça coûte de l’argent d’aller au bout de ses rêves, mais c’est ce qui au contraire produit la richesse d’un pays mais surtout vous libère d’un poids : le regret. Nous n’avons pas besoin d’argent pour nous sentir épanoui. N’est-ce pas les terres sauvages encore vierges de toutes traces d’hommes qui sont les plus belles ?

VV : Vous avez eu cette très jolie phrase : « oser quitter les idées préconçues d’un avenir monotone au détriment d’un arc-en-ciel de passions colorées. ». Quelle est votre perception de ces idées ? Et quelle est votre définition de la passion de la vie? »

Alexandra : Personnellement, j’ai fait des études en communication suite à un baccalauréat en marketing = voie logique. J’ai poursuivie un an après avec des études d’assistant social, tentant de revenir un plus proche de ma volonté d’être en contact direct avec l’autre.

Mais cela ne me convient pas. Mon être aspire à autre chose et ce quelque chose est comblée dans la lecture et l’écriture = retour aux sources !

Comme je vous le confiais précédemment, j’ose m’aventurer hors de la voix traditionnelle pour me concentrer aujourd’hui sur ce que j’aime, ce qui me fait me lever chaque matin, ce qui me fait souvent penser que je pourrais écrire ou lire 30h/24h.

J’aime aller à la rencontre de l’autre mais pas derrière un bureau comme je suis pré-formée (ou pré-fabriquée) pour. J’ai fini par comprendre que, pour me sentir vivante, il fallait que je réfléchisse à l’envers, soit, en me concentrant sur ce que je faisais avant d’enchaîner les phases de déprime et les insomnies pour tenter de répondre à la question : qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire de ma vie ?

J’ai arrêté de penser à ce que veulent les autres car quoi qu’il arrive, ils ne seront jamais satisfaits. J’aime la façon dont les émotions me traversent, je ne cherche plus à les refouler et les faire passer par écrit seulement. Je me trace ma propre voie, même si ses bords sont irréguliers, tant qu’ils me conviennent, j’ai gagné mon pari, j’élève ma voix et fait taire celle qui me demande de m’écraser. Je profite de chaque journée, j’échange avec des gourmands de lecture, des écrivains en herbe ou confirmés.

Je ne me force pas à apprécier ces moments, je les vis à 100% et je me nourris des encouragements, des compliments mais aussi des points d’amélioration que je peux mettre en œuvre pour peaufiner mon concept que j’ai nommé : Alexandra Papiers Mâchés : Et si chaque livre avait un goût ?

En contribuant chaque jour à la visibilité de mon concept, je fais ce qui me fait vibrer. C’est ça ma passion, être de plus en plus souvent de bonne humeur, avoir envie que la semaine ne se termine pas. Ma passion passe aussi par le partage de ma joie de vivre tout simplement : comme carrefour, je positive.

Alexandra 5 - Fnac Liège

VV : Vous refusez la voie classique du devenir. Quelles sont d’après vous ces voies, pour un homme et pour une femme ? Les deux sexes sont-ils soumis aux mêmes obligations sociologiques ?

Alexandra : Je dois être anticonformiste au fond de moi pour penser ainsi mais je ne veux pas finir idiote, alors je tente mes propres expériences quitte à me ramasser en bas de l’escalier.

Il y a quelques jours, j’entendais au journal parlé que l’Académie Française avait décidé de féminiser des noms de métiers trop masculin à son goût comme « chef » contre « cheffe » ou « auteur » contre « autrice », pour combattre le fait que les filles se sentent moins valorisées que les garçon et osent exercer un métier masculin comme pompier. Bon, pourquoi pas. Ce que je ne comprends pas c’est pourquoi ces deux catégories de métier existent encore ?

Nous ne sommes plus en 1914, une femme peut exercer une autre profession qu’infirmière ou assistante sociale. Mais comme c’est inscrit quelque part dans nos gênes, ces pensées perdurent et sont chaque année remises au goût du jour : un métier viril pour un homme et doux et sensible pour une femme.

Vive le sexisme !

On parle beaucoup des jeunes filles et des femmes qui se doivent d’être gentilles et obéissantes dans le domaine professionnel, mais je préfère largement une femme qui a les dents longues et des muscles apparents.

Malheureusement, je trouve que l’on attend beaucoup d’une femme qui se lancerait dans une voie représentée purement par la gente masculine.

Mais il faut aussi souligner la pression pour un homme de se voir exercer une fonction dite « féminine ». Une réelle frontière existe et n’avance pas assez vite comme le fait la technologie. C’est bien dommage et c’est ce qui fait qu’au salon SIEP vous ne verrez que des jeunes hommes apprenant le métier de maçon…

Et si le métier dont vous rêvez n’existe pas, n’est-ce pas là une belle opportunité de lui donner vie ?

VV : Enfin, si j’étais votre sœur et que je vous demandais conseil au sujet du bonheur et des chemins que je n’ose pas entreprendre, que me diriez-vous ?

Alexandra : Je commencerai par l’inviter à réfléchir sur sa propre quête du sens. « Qu’est-ce qui fait sens pour moi ? » C’est une question que j’ai beaucoup entendu durant mes formations mais que j’ai compris bien plus tard.

Ne te contente pas de demander aux autres comment ils te voient, quel métier ils imaginent pour toi ou encore quelle décoration irait bien dans ton appartement, demandes-toi plutôt ce que toi tu aimes. Je citerai cette magnifique phrase d’Eric-Emmanuel SCHMITT : « Une vie réussie, que ça soit une vie d’artiste ou une vie d’homme, c’est une dialectique entre le désir et le soupçon, une dialectique entre la peur et l’enthousiasme ».

Virginie Vanos © Marc Naesen
Virginie Vanos © Marc Naesen

Une rencontre signée Virginie Vanos

(Re) découvrez l’interview de Virginie Vanos qui nous parle de son dernier roman Anna Plurielle

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Bernie
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13 commentaires

  1. Super interview ! Plein de belles idées motivante pour vivre (enfin) pour soi. Je te suis à 100 % Alexandra et suis heureuse de parcourir ce chemin rempli de bonheur à tes côtés. Profitons de chaque instant. 🙂

  2. en tout cas cette jeune femme me parait pleine d’énergie….. alors je lui souhaite de continuer son rêve….passe une bien agréable journée

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