Précédemment
Ce n’est pas la première fois et probablement pas la dernière fois (last but not least) que je vous présente un roman de Stéphanie Hochet. Je vous avais fait découvrir l’éloge du chat qui m’avait fait beaucoup sourire.
D’ailleurs je pense à ce livre à chaque fois qu’un de nos chats est assis en position d’attente derrière une porte fermée.
Nous avions fait un peu plus connaissance avec Stéphanie lors de l’interview qu’elle avait eu la gentillesse de m’accorder et où elle nous annonçait la publication de son nouveau roman aux éditions rivages : « Un roman anglais ».
Lorsque Stéphanie m’a proposé de me l’envoyer pour le chroniquer, j’ai accepté avec plaisir car je savais que ce serait un moment agréable de lecture. Je remercie vivement Stéphanie Hochet d’avoir pensé à moi pour une nouvelle chronique.
Mon avis
Lorsqu’une maman a un enfant en bas âge et que son mari ou conjoint est souvent absent, la recherche d’une nourrice devient rapidement une nécessité.
Voici un sujet que beaucoup d’entre nous ont rencontré et qui est un élément quasi quotidien de notre société d’aujourd’hui.
Oui, mais voilà, Stéphanie nous emmène de manière subtile dans la campagne anglaise en 1917. Et quand Anna Whigh se lance dans la recherche d’une nourrice elle reçoit des réponses et va choisir George.
Ce si beau prénom George, Anna l’imagine et est heureuse d’accueillir George à la gare. Et oui en 1917 les lettres ou curriculum vitae sont sans photo et à l’arrivée du train Anna découvre que George est un jeune homme.
Dans cette ambiance post-victorienne avec de la subtilité, de la finesse et un vocabulaire puissant Stéphanie nous donne un regard sur les ambigüités des relations amoureuses voir sexuelles entre Anna et George, Anna va-t-elle succomber.
Dans une Angleterre où les femmes vont obtenir le droit (1917 alors qu’en France il faudra attendre 1945 …) Anna va s’émanciper
Tout au long des 170 pages de ce roman, le style à la léger et travailler de Stéphanie nous fait autant découvrir les situations que les tourments de l’âme des personnages.
Ce roman où Stéphanie a aussi le mérite de faire revivre entre les lignes l’exceptionnelle Virginia Woolf est très aboutit et c’est pour moi un chef d’œuvre pour lever le voile sur l’atmosphère qui pouvait régner dans la brume anglaise du Sussex en 1917.
1917 dans le Sussex : Une famille comblée
Edward et Anna Whig sont comblés depuis la naissance de Jack. Mais Anna aimerait reprendre ses travaux de traduction tout en offrant à son fils les meilleurs soins possible. « Je voulais que Jack jouisse de la vie avec insouciance, dans un nid de mensonges bienveillants que j’avais fabriqué pour lui. » (p. 10)
L’arrivée de George : Un gardien inattendu
À l’annonce postée dans le Times, c’est George qui répond. George comme l’auteure George Eliot. Mais ce n’est pas une jeune fille qui descend du train : c’est un jeune homme qui sera le garde d’enfant de Jack. Décidant de ne pas donner prise aux préjugés, Anna accueille avec curiosité ce garçon au cœur fragile qui sait si bien s’occuper de Jack. « J’ai remarqué comme il aime tenir la main de Jack tout comme Jack aime avoir sa main dans la grande paume du jeune homme. L’un lié à l’autre, aussi intimement qu’une éléphante à son petit, avec la même disproportion de taille entre les deux. Comme si l’enfant se hissait en se tenant à George. Comme si George puisait en Jack la joie même de l’enfance. » (p. 70)
Edward : Le père jaloux
Quant à Edward, horloger minutieux et aux ambitions réduites, il est jaloux de cet inconnu qui lui vole l’affection de son fils et l’attention de sa femme, qui le place en intrus dans sa propre maison, qui fait de lui le bouffon d’un drame intime. « Edward rêve à son monde avant que George ‘y fasse irruption. Un jeune homme cardiaque entre chez vous, votre l’enfant l’apprécie et votre femme change, qu’en penser ? » (p. 136)
Une réflexion intime
Les chapitres sont courts et présentent une réflexion ininterrompue qui relève de l’intime, sans jamais tomber dans l’écueil – éculé – du journal. Le lecteur est pris dans une manifestation du stream of consciousness : ce que l’on lit, ce n’est pas le personnage narrateur qui s’exprime consciemment, c’est plutôt le flot coupablement débridé de ses pensées.
La guerre en toile de fond
La guerre en fond sonore ajoute à la tension qui se noue dans le théâtre domestique : l’incertitude qui entoure la survie du cousin John et l’horreur qui arrive par bribes de France jettent des ombres sinistres. « Comment avez-vous métamorphosé les Flandres en champs de boue, en territoire de sang ? » (p. 75)
Portrait d’Anna : Une femme remarquable
L’auteure propose un remarquable portrait de femme : Anna, déchirée par l’accouchement, doit recomposer sa féminité en y ajoutant la maternité. « Je suis une lionne aimante en colère, ma nature demeurée secrète est d’une sauvagerie sanglante. J’ai tous les droits face à toi, Jack. » (p. 87) Face à George, Anna se redécouvre et change, jetant aux orties une pelisse qu’elle ne savait pas avoir endossée et qu’elle ne savait pas si inconfortable. Anna devient sublime et – comme la femme du bandeau qui entoure le roman et qui ressemble tant à une peinture de Dante Gabriel Rossetti – elle irradie de mystère.
Stéphanie Hochet : Une plume moderne et originale
Si vous êtes toujours à l’affût des plumes de demain, arrêtez-vous ici : Stéphanie Hochet est une plume d’aujourd’hui, moderne et originale, érudite et modeste. La lettre qu’Anna Whig écrit au ministre de la guerre contient toute la beauté et tout le talent de l’auteure. Lisez-la, relisez-la. En un sens, elle fait écho aux lettres de poilus que l’on connaît tous un peu. L’écriture de Stéphanie Hochet est fine, précise et très évocatrice. Il y a des images dans ce roman. Je n’ai pas pu m’empêcher de prêter à George les traits de David Bowie dans Merry Christmas Mr Lawrence (titre français : Furyo), pendant les années de pensionnat du personnage : ce jeune homme blond, longiligne et troublant s’est imposé à mon imagination, comme un mirage, comme une évidence.
Et vous ?
- Que vous inspire la campagne anglaise ?
- Avoir un homme comme nourrice, est-ce dérangeant ?
- Votre prochain livre sera-t-il un roman anglais ?
Merci pour cette jolie découverte littéraire 🙂
avec plaisir
Merci pour ce partage, une auteure que je ne connaissais pas .
Pourquoi pas une nounou homme , à condition qu’il aime les enfants.
Belle soirée Bernie
tout comme une nounou femme
Il doit etre tre interessant, ce roman! Merci du partage!
Bonne soiree!
Photographer Gil Zetbase
http://www.gilzetbase.com/
avec plaisir
salut
une auteure que je ne connais pas
bonne journée
à découvrir alors
Bonjour Bernie !
Merci pour ta chronique, je ne connaissais pas cet auteur en plus, à découvrir donc!
La campagne anglaise (j’en reviens donc c’est un sujet qui m’inspire) reflète pour moi, le calme, le goût du vrai, les contacts dans les pubs seuls endroits où il y a du monde à qui parler, les jolies petites maisons très bien entretenues, et « Arabesque » série dont je ne ratais aucun épisode quand j’étais petite car j’étais fans de Jessica Fletcher…
Pour ce qui est de la nounou homme, moi ça ne me dérangerait pas, mon mari à mon avis serait contre.
Je ne vais pas te parler de mon prochain roman, j’en ai déjà 2 en cours, tous français : « Chronique des jours de cendre » de Louise Caron ed. Aux forges de Vulcain et « Natures mortes » de Christophe Darlanuc (auto-édition).
Ravie d’avoir découvert ton blog !
Audrey
merci pour ta visite Audrey tu as aussi un bel appétit littéraire
Merci pour ce nouveau partage littéraire.
Ma liste s’allonge 😉
Bonne journée
je sais et tu vas bien devoir tourner la page 🙂
Bonjour,
Une certaine douceur de vivre, pour la campagne anglaise, mêlée à de la mélancolie!
Disons si je suis son « Bébé » pourquoi pas, lol, je ne me sens plus concerné par le sujet, mes enfants sont grands maintenant, mais bon, les temps changent. et bien des étudiants le pratique pour un soir lors d’une sortie des parents.
Ce n’est pas sans me plaire.
Bonne journée
@mitié
oui des baby brother
hello Bernie
la campagne anglaise le vert et encore le vert que j’aime les jolies maisons etc….
pourquoi serait ce dérangeant a la limité je préfèrerais me semble que j’aurais plus confiance, mais le problème n’existe pas pour moi 😉
pour l’instant je suis plongée dans « Aurevoir Là haut » après c’est après
bonne journée
bises **
ah Pierre Lemaitre, excellente lecture
Pour y avoir vécu, la campagne anglaise est bien décrite dans Miss Marple et/ou Midsummer murders (Inspecteur Barnaby), Morse, Lewis, Vera etc…..
Vert, calme, majestueux.
Les livres anglais cotaient aussi bien ms livres français; je peux passer de l’un a l’autre sans difficulté 😉
Et avoir un homme comme nourrice, pas genant du tout; ils ont autant d’amour que les meres, juste des reactions différentes mais pas moins aimant 😉
je pense que tu apprécierais cette lecture
Un homme comme nourrice…? Ce ne sont certes pas les compétences que je mets en doute, mais… voilà ce qui peut arriver par la suite!! Ceci dit, la même chose pourrait bien arriver au mari, avec une jolie nurse… 😉
Donc, prudence… 🙂
Merci pour ce partage. Stéphanie Hochet doit être un auteur à connaître. Je vais me renseigner…
femme ou Homme la prudence doit être la même, la confiance aussi
mon prochain livre est d’halan coben et je ne suis jamais allée en angleterre donc je ne sais pas si la campagne est aussi belle que chez nous…nourrice comme homme,c’est tellement rare où je crois que je serais très gênée
Pourquoi serais tu gênée ?
J’ai un problème avec l’Angleterre donc avec la campagne anglaise avec… que j’ai dû fouler 2 fois…
Une nourrice « homme » non cela je n’aurais pas aimé…
Amitié
Jean
je comprends
une version féminine de l’ amant de Lady Chatterley peut être !
Bonne journée
Amitié
non pas ce style
Que vous inspire la campagne anglaise ? la campagne anglaise est l’un des plus beaux visages du pays, des villages et cottages, des pelouses d’un vert pétant et des prairies recouvertes de jonquilles.
Avoir un homme comme nourrice est-ce dérangeant ?
Au centre sociale, j’avais mis en place « les petits pas dans les grands », et J’avais fait un partenariat avec une association d’assistante maternelle, dont le président était un homme, une personne très compétente.
le président un home oui mais les assistantes maternelles ? y avait -il des hommes ?
je t’ai répondu sauf que je me suis trompée en cliquant sur Répondre donc la réponse est chez dom !
Lol je viens de voir ça
Un homme ? Ca prête à confusion …
pourquoi ?
En plus d’être président, il était assistant maternelle (paternel je dirais 🙂 lui même !!
Et à part lui
Tu es insatiable Bernie !
Non je pose des questions
Oui c’est bien ce que je dis ta curiosité est insatiable, mais au sens positif bien sur !
très bonne soirée
Oui c’est bien ce que je dis ta curiosité est insatiable, mais au sens positif bien sur !
très bonne soirée
Et la réponse est?
La campagne anglaise, du vert intense… Un homme comme nourrice, si doux ma foi… mon prochain livre…I don’t know…. merci Bernie
le vert anglais …