Étude pesticides Générations Futures

La question de l’exposition des riverains des zones cultivées aux pesticides est au cœur des préoccupations de Générations Futures depuis des années. Cette année, nous avons lancé une campagne étudiant la présence de pesticides dans l’air présents au niveau de leurs habitations. Nous l’avons voulue participative, c’est-à-dire permettant aux citoyens de prendre part facilement à cette campagne.

Parmi les participants, deux sont originaires d’Ambres, village situé à côté de Lavaur dans le Tarn. Les résultats révèlent la présence de fluopyram (fongicide utilisé notamment contre la tavelure du pommier) et plus inquiétante, de métolachlore, un désherbant, pourtant interdit en France depuis 2003.

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Étude pesticides Générations Futures : La méthode

Avec le laboratoire Yootest nous avons conçu la méthodologie pour rendre cette campagne la plus pertinente, innovante et participative possible.

Nous avons donc :

  • • Choisi une liste réduite de 30 pesticides autorisés uniquement pour des usages agricoles à analyser en les sélectionnant parmi les plus utilisés en France.
  • • Choisi une méthode de prélèvement sur vitre simple et innovante.
  • • Recueilli, à l’aide d’un questionnaire, des informations sur les cultures environnantes et leurs distances des domiciles testés.
  • • Analysé les 58 échantillons réceptionnés par chromatographie en phase liquide et par chromatographie en phase gazeuse couplées à un spectromètre de masse en tandem.

Principaux résultats

  • • 79,3% des prélèvements analysés présentent au moins un résidu de pesticide !
  • • La distance aux cultures influence ce pourcentage d’occurrence. Ainsi entre 95 % (fenêtre à moins de 21 m) 90% (fenêtre entre 20 et 100 m des cultures) et 50,0% (fenêtre à plus de 101 m des cultures) des échantillons présentent au moins un résidu de pesticide.
  • • Les fenêtres situées à moins de 20 m des cultures présentent plus de pesticides différents (3,1 résidus de pesticides en moyenne) que celles situées entre 21 m et 100 m (2,6 résidus de pesticides en moyenne) et celles à plus de 101 m (1,2 résidus de pesticides en moyenne)
  • La plus grande partie (72,7%) des échantillons sans résidus de pesticides ont été prélevés sur des fenêtres situées à plus de 101 m des cultures. Cependant l’échantillon le plus éloigné des cultures avec des résidus de pesticides était situé à une distance de 1500 m de la première culture !
  • La nature des cultures influence également ce pourcentage. Ainsi il est plus fréquent de détecter des pesticides à proximité des vignes (94,4%) par rapport aux grandes cultures (73,1%). Sur les 30 pesticides recherchés, 15 ont été détectés au moins une fois. Il s’agit de 9 fongicides, 5 herbicides et 1 insecticide.
  • Parmi les substances recherchées et retrouvées on note 4 perturbateurs endocriniens suspectés ou avérés [1], un cancérigène possible (Lénacile), un reprotoxique suspecté le spiroxamine ou encore des SDHI (boscalid et fluopyram).

Conclusion

Ces résultats obtenus sur un nombre limités d’échantillons demanderaient à être confirmés sur un plus grand nombre de prélèvements. Toutefois une tendance se dessine qui montre que l’exposition moyenne aux pesticides (en termes d’occurrence de résidus, de nombre de résidus trouvés et de concentration médiane) semble assez comparable dans notre échantillonnage dans les zones 0 à 20 m des cultures et 21 à 100m des cultures. On ne trouve des chiffres significativement plus bas que pour les prélèvements réalisés au-delà des 100m des cultures.

« Ces premiers résultats plaident donc pour la mise en place de zones sans traitement réellement efficaces, bien plus larges que les 5 à 10 m prévus actuellement. La distance de 100 m, demandée par Générations Futures et de nombreuses ONG depuis longtemps, semble bien avoir un effet très net sur la baisse de l’exposition aux pesticides. Générations Futures demande au gouvernement, qui doit réécrire partiellement les textes sur l’utilisation des pesticides suite au récent jugement du conseil d’État[2], de prendre en compte cette situation afin de renforcer les distances trop faibles actuellement en place. »

déclare François Veillerette, porte-parole de Générations Futures.

« J’ai beau être originaire du Vaurais, ce n’est que seulement depuis le printemps dernier que j’ai pris conscience de l’impact que pouvait avoir la culture de 323 hectares de vergers industriels situés à 800m environ de ma maison. En effet, pour lutter contre le gel, la direction des Vergers de Fontorbe (Groupe Vergers du Sud) a allumé des bottes de paille mouillée et imbibées d’hydrocarbures provoquant des nuages de fumées toxiques à des kilomètres à la ronde.

J’ai alors voulu savoir ce qu’il en était des traitements de produits phytosanitaires, car eux ont lieu à de nombreuses reprises tout au long de l’année – la pomme étant le fruit le plus traité. Grâce à l’enquête proposée par Générations Futures, j’ai pu obtenir un début de réponse avec sans surprise ; la présence de fluopyram (fongicide utilisé notamment contre la tavelure du pommier) et plus inquiétante, de métolachlore, un désherbant, pourtant interdit en France depuis 2003. Ce dernier peut aussi avoir été répandu par un autre agriculteur… Il n’empêche que l’État doit agrandir le champ d’étude de PestiRiv qui vient d’être lancée pour les riverains demeurant à proximité de vignes. Il est important d’inclure les autres cultures ainsi que l’élevage, et d’avoir des relevés tout au long de l’année en différents endroits d’un même territoire.

La littérature scientifique et plusieurs études sanitaires, particulièrement dans le Tarn-et-Garonne [3], démontrent le danger pour la santé de respirer les produits phytosanitaires. Il est urgent de légiférer pour préserver la santé du tous. »

témoigne Florence Millet du collectif Respirons 81.

L’action de Tarn Sans Pesticides

Le glyphosate est une molécule active qui rentre dans la composition de plusieurs herbicides. Le CIRC (Centre International de recherche sur le Cancer) classe depuis 2015 cette molécule comme potentiellement cancérigène.

L’association Tarn Sans Pesticides a donc organisé en avril 2019 des prélèvements d’urine puis les a fait analyser afin de mesurer la quantité de glyphosate présente dans le corps. Le résultat a été sans appel. Tous les prélèvements ont été positifs avec des taux moyens de 1,17 ng/ml alors que cette molécule n’étant pas présente dans la nature, elle ne devrait donc pas se retrouver dans notre corps.

Le 25 octobre 2019, Tarn Sans Pesticides a donc déposé 66 plaintes au tribunal de grande instance de Castres. Ces plaintes ont été déposées pour – Empoisonnement, tromperie aggravée, atteinte à l’environnement. Des prélèvements ont été effectués sur la presque totalité du territoire français avec 6848 prélèvements effectués. Seuls 14 prélèvements n’ont pas révélé trace de glyphosate mesurables.

[1] Boscalid (F, Occurrence 5,2%), Cyprodinil (F, 5,2%), Dimethomorph (F, 17,2%) et Terbutylazine (H, 10,3%)

[2] https://www.generations-futures.fr/actualites/justice-pesticides-riverains-victoire/  

[3]https://fne.asso.fr/actualite/pesticides-des-cancers-plus-frequents-chez-des-riverains-de-vergers

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4 commentaires

  1. On est tous concernés par le problème d’autant plus quand on vit en campagne…il faudrait tous pouvoir faire des analyses et là on pourrait agir concrètement peut-être ?

    • Il faudrait surtout que les politiques interdisent les pesticides et en même temps la chasse

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