Durant le confinement, Le ThéâtredelaCité reste au côté de son public et prépare activement la rentrée prochaine

Dans la précipitation et avec beaucoup de tristesse, le ThéâtredelaCité a dû fermer ses portes et annuler l’ensemble des spectacles à venir, pour le moment, jusqu’au 4 avril. Les rencontres publiques, interventions artistiques et projets menés avec les partenaires scolaires, universitaires et associatifs sont suspendus pour l’instant. Mais les portes du site internet et des réseaux sociaux sont toujours ouvertes.

Durant le confinement, Le ThéâtredelaCité reste au côté de son public

Images, lectures…

Le théâtredelaCité donne rendez-vous à son public dès maintenant sur ses réseaux sociaux, pour partager quelques clins d’œil des artistes de la saison et du théâtre et quelques images et retours sur la saison en cours !

Images lecture Le théâtredelaCité
©théâtredelaCité

Modalités de report ou de remboursement des billets

Concernant les modalités de report ou de remboursement des billets, le théâtre communiquera la marche à suivre prochainement.  En attendant, l’accueil du théâtre est en télétravail et toujours disponible les après-midis, du mardi au vendredi, au 05 34 45 05 05 ou par mail : accueil@theatre-cite.com.

 

Un petit mot de Galin Stoev, Artiste-Directeur

Je suis resté silencieux pendant un certain temps parce que j’avais du mal à trouver des repères dans cette situation nouvelle et parce que je n’avais pas de vision suffisamment perspicace ou une résolution intéressante à apporter. Surtout quand tout le monde fait des efforts incroyables pour rester connecté tout en sachant que le courant a été coupé.

Je fais le constat que l’art se trouve dans une suspension intellectuelle et dans un silence profond que la sensibilité de chacun traduit différemment, en commençant par faire du bruit pour l’étouffer ou bien en plongeant dans la fuite pour l’apprivoiser.

Chacun a ses stratégies. Je me suis demandé si quelqu’un avait lu ou entendu récemment une nouvelle qui ne soit pas liée au Coronavirus. En quelques jours seulement, la planète entière a été inondée par ce sujet avec des chiffres alarmants de contaminés et de morts. Il s’agit ici d’un des visages les plus effrayants de la Globalisation.

Comme si l’idée du libre-échange de personnes, de marchandises et de capitaux avait révélé sa face pervertie dans l’image d’un virus invisible à l’œil nu, mais qui en quelques jours a réussi à bloquer tous nos systèmes de communication en débranchant le câble et en envoyant chacun dans sa chambre.

Aujourd’hui, nous sommes confinés, seul ou bien avec nos proches, avec pour conséquence que chacun est obligé de rectifier son rapport intime au temps, à l’espace et au mouvement. Nous sommes forcés d’examiner notre rapport à la liberté, que nous prenons d’habitude pour acquis. Et il se trouve que c’est une liberté complexe (liée aussi bien au mouvement libre qu’à l’esclavagisme volontaire) qui délègue d’une manière consciente ou pas la responsabilité de nos choix aux hommes politiques, aux multinationales, au système financier ou bien aux algorithmes autogérés. Et tout cela avec pour seul but d’accumuler des profits.

L’actualité nous dépasse à tel point que la seule chose qui nous reste, c’est de chercher et appliquer une ou plusieurs grilles de lecture qui pourraient rendre tout cela compréhensible, tangible et surtout explicable. Car dans le cas contraire, on va sombrer dans la folie.

Le problème advient quand des grilles de lecture opposées s’entrechoquent sur une zone réduite dans l’espace et dans le temps. Cela produit des tremblements de magnitudes variées qui vont sans doute réorganiser toutes nos installations et réactualiser notre disque dur.

Ce qui va compter finalement ne sera pas le discours officiel mais le récit personnel que chacun de nous tissera en traversant cette expérience. Le confinement, inévitablement, nous dresse devant nous-même. C’est pour cela qu’il est important de le faire en conscience. Et la seule chose qui nous reste, c’est de vivre pleinement chaque instant, sans forcément penser à ce qu’on fera quand tout cela sera fini. Parce qu’il faut avoir le courage d’avouer que « tout cela », quelque part, sur un autre plan de conscience, continuera et ne finira peut-être jamais. Alors il est temps d’en extraire le meilleur.

Et quand tout cela sera fini, et quand, je l’espère, on se reverra de nouveau, il ne faut surtout pas oublier que nous ne serons plus les mêmes. L’expérience traversée avec ses peurs, ses pertes et ses joies nous aura changés pour toujours. Tout ce temps passé dans l’isolement, dans la cellophane, derrière les vitres et les gestes de distanciation sociale aura sans doute fait tomber d’autres barrières invisibles et indétectables.

Peut-être aura-t-on appris à sentir et à considérer autrui différemment, à décoder ses peurs et ses espoirs autrement, et répondu à la question essentielle : sommes-nous prêts à partir, à quitter cette réalité, sans regrets qui nous retiendraient à cause d’une tâche inachevée ou d’une mission inaccomplie ?

Notre rapport au sens des choses, aussi bien que notre rapport au sens de la vie, pourrait peut-être changer radicalement. On aura peut-être ressenti avec tout notre être à quel point la cupidité du consumérisme devient empoisonnante quand on lui abandonne les commandes. On aura reformulé notre rapport au Tout, à la planète, à ses ressources et à ses nombreux habitants.

 On aura peut-être changé notre rapport au sens global de la création. Nos émotions auront évolué et seront peut-être devenues plus nobles, plus ancrées et plus intelligentes. Peut-être même que notre amour sera devenu autre. Dans tous les cas, nous devrons être tous ensemble en temps réel face à notre situation existentielle.

Exactement comme dans une salle de spectacle pendant une représentation, nous serons les co-créateurs du moment présent. Pourvu qu’on le fasse avec dignité et grâce.

Galin Stoev photo ©Ivana_Kalvacheva
©Ivana_Kalvacheva

Galin Stoev

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