Lettre à mon moi passé.

A l’aube de mes 30 ans, j’aimerais pouvoir rencontrer la petite fille et l’ado que j’ai été pour leur dire que tout ira bien. Qu’elles deviendront la jeune femme que je suis, réconciliée avec l’Amour et la Vie.

enfance visage sourire enfant

 

« Ne t’inquiète pas, tout ira bien. »

Lettre à mon moi passé.

 

Salut toi,

Ou devrais-je dire « Salut moi ».

Je ne suis pas devant la glace mais devant une photo. Tu sais, cette photo-là. Tu ne regardes pas l’objectif. Tu portes une robe à fleurs, tes boucles courtes entourent ton visage rond d’enfant, entre tes mains tu serres un petit ballon. Il te faudra bien une dizaine de pas pour rejoindre la balançoire alors tu ne sais pas si tu lâcheras ce ballon pour te concentrer sur la longue marche qui t’attend.

Tu es dans ton paradis d’enfant et sur le chemin, tu t’arrêteras pour cueillir des marguerites et des pissenlits. Tu t’approcheras de Maman et tu brandiras toute fière ton beau bouquet. Ou alors c’est Papy qui te prendra sur ses genoux et tu fermeras les yeux parce que le soleil est bien trop haut dans le ciel et t’empêche de voir.

 

En ce temps-là, rien n’avait d’importance. Tu n’avais rien à décider. Tu n’étais qu’une enfant. Une toute petite fille, aux lèvres si rouges qu’on lui demandait parfois si elle portait du rouge à lèvres.

Alors tu sortais toute fière ton bâton de labello de ta poche, et tu disais « Non, je mets du labello. C’est Maman qui me l’a donné ». Je dois te dire que plus de 20 après, tu as toujours un tube de labello dans ton sac. Et dans ta poche de manteau. Et dans la voiture.  Il y a tellement de choses qui 20 ans après sont restées.

 

En ce temps-là, la vie avait ce quelque chose de léger qu’on ne retrouve qu’au détour de ces petits bonheurs qui viennent illuminer la vie d’adulte. Il y avait l’insouciance, la méconnaissance de la peur. Tu n’avais peur de rien.

Tu riais pour tout.

Tu souriais beaucoup.

 Parce qu’il y avait de l’amour autour de toi, une grande famille faite d’un tas de tontons, tatas, cousins et cousines. Tu vas grandir entourée de cet amour-là que seule la famille donne, celui fait d’un mélange subtil d’autorité et de tendresse, de folie et de sérieux.

Tu adoreras les baisers que tes mamies déposeront sur tes joues, juste avant que tu t’endormes.

Tu penseras aussi que si tu dors beaucoup, tu te réveilleras chez toi, dans ton grand lit d’enfant, entourée de tes peluches. Avec Papa et Maman et ton petit frère qui dorment juste à côté.

 

En ce temps-là, tu sens déjà à quel point la vie c’est compliqué. Et simple à la fois. Qu’on en oublie souvent l’essentiel. Alors tu es calme.

Tu observes déjà tout ce qui se passe autour de toi. Tu ressens.

Et parfois tu as peur. Parce que tu ne comprends pas tout. Rassure-toi, même plus tard tu ne comprendras pas tout, et ce n’est pas grave. Le mystère fait partie de la vie.

 

Et puis tout va basculer. Il fera noir autour de toi. Tu auras mal, sans comprendre ce qui se passe. Tu te sentiras happée par ce mal-être que tu appelleras plus tard « Douce mélancolie ». Tu gribouilles des pages et des pages de mots à maux.

Il te faudra du temps pour ouvrir les yeux sur ce que tu traverses, pour voir le mal derrière ce qu’on t’interdit de raconter et qui pourtant à tes yeux d’enfant ne te paraît pas déplacé. Il faudra du temps pour accepter, pour sortir du silence dans lequel tu t’es murée comme une grande forteresse. Il faudra de l’amour, en lequel tu ne crois plus vraiment parce que blessée, abusée, traumatisée. Il te faudra le pardon.

Tu apprendras alors le prix de la vérité, le mal qui te ronge parce que ton secret est trop lourd à porter. Tu laisseras la lumière fendiller ton armure d’obscurité pour tout doucement réapprendre à vivre, à faire confiance et à aimer.

 

Oui, aimer. C’est là la clé. C’est l’Amour que tu rencontreras et qui mangera la colère qui te grignotait alors le cœur. C’est l’Amour qui te guidera à rentrer là d’où tu viens alors que tu avais fui. Tu ressentiras au fond de toi ce Trésor qui dormait et attendait patiemment que tu t’éveilles.

 L’Amour d’un homme, cadeau de Dieu, te sauvera même si tu devras lui dire au revoir. Tu garderas dans le cœur une gratitude et un amour puissant pour cet homme qui aura été un compagnon aimant, bienveillant et tendre.

Tu comprendras que la vie n’est pas un long fleuve tranquille mais qu’elle est belle. Tu accepteras que les coups, les insultes et les gestes indécents t’auront nourrie de la force de te battre et de vivre tel que tu l’as décidé : avec bienveillance et avec douceur.

 

Et si parfois tu pleures, c’est parce qu’il faut bien que le cœur s’épanche, c’est parce qu’il faut bien que l’âme guérisse. Et bien sûr parfois tu aurais préféré que les choses soient bien différentes. Pourtant tu trouveras la force de te pardonner, de pardonner aux autres, et tu avanceras, pas à pas, jour après jour, vers une vie que tu partageras avec un homme qui t’aimera et fera la promesse de rester près de toi jusqu’à la fin.

Et tu y croiras.

Tu te souviendras de ce rêve étrange qui t’avait ébranlé profondément mais qui t’avait révélée cette vérité que tu ne voyais pas « Ne t’inquiète pas, tout ira bien ». Alors bien sûr tu doutes, tu as peur, tu ne te fais pas assez confiance, tu te sens encore souillée… mais il n’y a que toi qui peux faire disparaître tout ça.

C’est en toi qu’est l’essentiel : la légèreté des premières années de ta vie, l’insouciance de ton rire d’enfant, la gourmandise dans tes joues rebondies, la féminité dans les robes que tu portais.

Tu sais que quand tu es faible, tu es forte et que ce qui ne te tue pas te rend plus forte. En toi brûle le feu de la vie et Dieu veille sur toi.

 

Petite fille émerveillée, ado blessée et perdue, jeune femme apaisée… Quoi qu’il puisse se passer, sache tu es aimée. Ce bonheur que tu t’interdisais te tend les bras et te sourit. Tu peux marcher vers lui le cœur rassuré et l’âme apaisée.

Namasté.

sortir penombre visage bonheur

 

Une chronique signée BJ

 

Cette première chronique, est pour moi l’occasion de souhaiter la bienvenue à notre nouvelle chroniqueuse BJ dont la plume rime avec émotions.

Bernie

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Moi, c'est Bernie. Incubateur d'actualités pour vous informer autrement.

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14 commentaires

    • Et oui, c’est moi 🙂 Merci Cécile d’avoir lu ce petit billet !
      Bonne et douce soirée à toi 🙂

  1. Bonjour
    tellement d’émotions dasns cette « lettre « ,on a l impression de se mettre dans la peau de cette fillette qui grandit,C est vrai que dans la vie d une femme il ya tellement d’évènements, de choses bien ou parfois moins bien qui se passent, qui parfois forgent notre mental, notre vécu …et parfois ça détruit qqs parties.
    On doit aller de l avant , regarder en arrière a tendance à freiner notre marche …
    Perso , j ‘essaye de voir les aspects positifs et c ‘est ma façon de resister .
    j ai beaucoup aimé .
    Bon mercredi!

    • Bonjour,
      Merci d’avoir pris le temps de répondre à cette « lettre ». Je crois que nous sommes la somme de tout ce que nous vivons, et si je pensais que regarder en arrière freinait notre marche, j’ai réalisé qu’il n’était pas sain de s’en cacher. Les aspects positifs nous nourrissent, tout comme les épreuves. Nous apprenons de tout, mais seulement si nous acceptons ce qui a pu se passer de bien et de mal, même si c’est difficile.
      Encore merci.
      Bonne soirée, Julie

    • Les mots douceur et douleur sont proches quand on y pense, à une lettre près. Et c’est surtout le côté salvateur de mots qui est important, soulageant les maux.

  2. Une belle chronique. Rien ne vaut une rencontre avec soi-même. Effectivement la vie n’est pas toujours un long fleuve tranquille. Elle est même parfois une succession de moments difficiles que ce soit affectivement, professionnellement ou pécuniairement. Pourtant, comme tu l’écris si bien, elle vaut la peine d’être vécu particulièrement lorsque l’on parvient à dépasser, voire à sublimer une situation compliquée et qu’à « Après la pluie vient le beau temps ».

    • Et cette lettre n’est que le début d’un cheminement vers soi ! 🙂 Cette expression citée à la fin de ton commentaire « Après la pluie vient le beau temps » m’accompagne au quotidien quand les jours sont plus difficiles que d’autres. Je crois que d’une certaine manière, on mesure à quel point la vie est précieuse quand on se retourne sur les difficultés passées…même si sur le coup, on aurait bien aimé que les choses soient plus simples ! L’important est de ne pas oublier que la vie est belle 🙂

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