« Il est à toi ce beau pays » écrit par Jennifer Richard, publié aux éditions Albin Michel, est un grand roman utile, nécessaire qui a le souffle des grandes épopées américaines.

Il est à toi ce beau pays : Colonisation de l’Afrique et ségrégation
Le jour où j’ai mis le pied en Afrique, au Kenya pour être précis, je suis devenu un amoureux inconditionnel de ce continent.
Ce somptueux roman, de 700 pages, nous plonge dans la période de la période entre 1873 et 1916. J’avais remarqué dans les différents pays que j’ai visités, Niger, Namibie, Burkina-Faso, Mali, Sénégal, Algérie, Maroc… combien les européens, les américains, les chinois révèlent leur vrai visage sur ce continent.
Se plonger dans l’histoire de la colonisation de l’Afrique, est un moment de lecture d’une grande ampleur.
Un soir de mars 1916, dans une petite ville du Sud des Etats-Unis, Ota Benga, un Pygmée natif du Congo, se tire une balle dans le cœur :
– Quels événements peuvent expliquer ce geste ?
– Le massacre de son clan ?
– Sa capture et sa vente sur un marché aux esclaves ?
-Son exposition au zoo du Bronx, en 1904 ?
– Peut-être faut-il remonter plus loin ?
– Peut-être faut-il remonter à la mort de l’explorateur britannique David Livingstone en 1873, dans un village de l’actuelle Zambie ?
Ces deux événements a priori sans rapport sont pourtant liés : appétits féroces d’une Europe en pleine industrialisation, ségrégation naissante aux États-Unis, lutte désespérée des royaumes africains pour survivre à la pression de la colonisation.
Sur les trois continents, chefs d’État sans scrupules, explorateurs intrépides, missionnaires idéalistes agissent sous la bannière trompeuse de la civilisation. Un leurre derrière lequel se cache le développement d’un nouveau modèle économique.
Dans cette saga, horrible et magnifique, le destin de héros impuissants se mêle à celui d’écrivains engagés et de militants des droits civiques.
Nous voyageons d’Angleterre aux ÉtatsUnis, de France en Belgique, d’Allemagne en Afrique. On croise au fil des pages Léopold II, Albert Thys, Henry M. Stanley, Booker T. Washington, W.E.B. Du Bois, Joseph Conrad, Roger Casement, Jules Ferry, Pierre Savorgnan de Brazza…
Un roman à vous procurer au plus vite si vous vous intéressez à l’Afrique, à la colonisation ou à la ségrégation.
Quatrième de couverture
Roman total par son ampleur, son ambition et sa puissance d’évocation, Il est à toi ce beau pays est la fresque tragique et monumentale de la colonisation de l’Afrique.
Livrée aux appétits d’une Europe sans scrupules, elle est le théâtre d’un crime qui marque au fer rouge le XXe siècle. Sur trois continents, chefs d’Etat, entrepreneurs avides, explorateurs intrépides et missionnaires idéalistes agissent sous prétexte de civilisation.
Au fil d’un récit où se croisent héros inconnus et figures historiques, dont Léopold II, le « saigneur » du Congo, le pasteur George Washington Williams, l’aventurier David Livingstone, Joseph Conrad, Henry Morton Stanley ou encore Pierre Savorgnan de Brazza, Jennifer Richard nous donne le grand livre noir de l’Occident colonialiste.
Et restitue, de la ruée vers les terres d’Afrique à l’instauration de la ségrégation aux États-Unis, le terrible destin d’une humanité oubliée.
Jennifer Richard
Écrivain franco-américain, d’origine normande et guadeloupéenne, Jennifer Richard est l’auteur de trois romans publiés aux éditions Robert Laffont : Bleu Poussière, 2007 ; Requiem pour une étoile, 2010 ; L’illustre inconnu, 2014.
Documentaliste pour la télévision elle met à profit sa connaissance des archives et des ressources historiques pour approfondir les thèmes qui lui tiennent à cœur, et en restituer le contexte avec la plus grande justesse.
Je comprends le souhait de Jennifer Richard de défendre les peuples opprimés. Je la rejoins sur ce point. Malheureusement, je ne suis pas d’accord avec certains raccourcis sur l’origine de la richesse de la Belgique. La richesse de la Belgique est bien plus liée à son industrialisation précoce, qu’à la colonisation du Congo. (La Belgique était en 1850 la deuxième puissance industrielle mondiale, après l’Angleterre !… soit bien avant la colonisation du Congo ! De même, on ne peut présenter Léopold II comme un « génocidaire » qui aurait « 10 millions de morts sur la conscience ». C’est salir injustement sa mémoire et son oeuvre. Je vous invite à lire les études sérieuses et objectives à ce sujet, notamment les travaux de Jean Stengers, professeur à l’Université Libre de Bruxelles.
Bonjour, visiblement un sujet auquel vous êtes sensible. la colonisation, tout pays confondus, a fait beaucoup de morts.
L’histoire de la colonisation montre bien la recherche de pouvoir, de profit et d’argent de l’humain, sans compter sur l’asservissement. Une jeune femme dont j’ai vu l’interview à la télé disait sa crainte de ces investissement : les grandes puissances investissent en Afrique, mais que vont-elles demander en retour? Très intéressant !
Pour avoir été très souvent en Afrique, je peux dire que les craintes de cette jeune femme sont justifiées.
J’ai lu il y a quelques jours un article dans le journal la Provence qui était justement une chronique de ce roman, l’auteur en disait beaucoup de bien et, j’avais d’ailleurs noté le titre.
Alors nous sommes au moins deux à en dire du bien.