Potter, Houellebecq, Nothomb et moi

Trois sorciers littéraires : Rowling, Houellebecq et Nothomb poursuivent leur glorieux chemin d’auteurs consacrés, traduits chacun en des dizaines de langues et confrontés depuis toujours à la notoriété. La médiatisation a ses attraits : jusqu’où un écrivain peut-il s’y conformer sans y laisser des plumes ?

rowling Houellebecq Nothomb
© DR

Potter, Houellebecq, Nothomb et moi

Le succès littéraire : une énigme

Le succès en matière littéraire a toujours été – et reste encore pour moi – énigmatique, voire incompréhensible. Comme d’ailleurs l’insuccès. Souvent lié à ce qu’on nomme l’air du temps, un livre prend son essor sur le terreau des interrogations, des doutes et des hantises d’une époque.

La nôtre a ses sorciers pour la partie dite littéraire.

Apprenti pour Potter, maîtres es savoir-faire pour Amélie Nothomb et Michel Houellebecq. Je n’ai évidemment rien contre leurs ventes en librairie, ni ne dénigre leur succès : ils ont leurs qualités puisqu’ ils ont leur public !

Cet argument est aujourd’hui irréfutable. Autrement dit, tout livre qui ne trouve pas son lectorat est non seulement voué aux oubliettes mais regardé comme n’étant pas un livre. Enfin un livre d’écrivain, il faut le préciser.

Avant, un livre était un livre 

Avant, un livre était un livre ; aujourd’hui, ce peut être un livre de cuisine ou un livre pour maigrir. Pour m’être frotté à la chose littéraire, je sais pourtant que le succès comme l’insuccès reposent souvent sur un malentendu.

Un écrivain est rarement aimé de son vivant pour ce qu’il a écrit. Il est soit le jouet d’une mode, d’un engouement subit et moutonnier, soit l’objet d’un rejet pouvant aller jusqu’à la haine. J’oublie une chose : un écrivain peut être aussi l’objet d’une grande indifférence !

Mais là encore, il faut rester prudent. Il ne faut pas confondre le livre écrit et l’homme. Ce dernier trop souvent étouffe le premier par ce qu’on nomme la médiatisation.

Ah, le méchant petit vocable !

En nos temps cathodiques, il est pourtant de bon aloi d’aller vendre son livre sur les plateaux télé. Et là, évidemment, c’est l’enfer pour l’auteur (j’entends celui qui porte réellement une œuvre). Il n’aura ni le temps de parler écriture, ni l’écoute aiguisée que nécessite l’explication d’une œuvre.

A ce sujet, – et tant pis si je passe pour un esprit chagrin – je ne crois pas que le travail de l’écrivain soit de passer à la télé, ni même de vendre sa prose ou de l’expliciter, sauf si l’on considère bien sûr qu’un écrivain doit se prêter aux numéros de cirque.

Cela dit, soyons clairs : je ne dégoise pas sur le cottage de Joanne où brûle un magnifique feu de bois, ni même sur les bibis et la face grimée de cette chère Amélie, encore moins sur l’œil terne ou l’imper tout fripé de Michel Houellebecq.

Loin de moi cette pensée !

Mais je ne peux que constater que tout cela relève du music-hall et non de l’écriture.

 

Yves Carchon

Spread the love
Bernie
Bernie

Moi, c'est Bernie. Incubateur d'actualités pour vous informer autrement.

Articles: 11473

7 commentaires

  1. Devenu marchandise le livre cesse-t-il d’être une œuvre de l’esprit ? L’auteur accepte-t-il son propre formatage pour atteindre le lecteur formaté et les gros tirages afférents ? Quand j’entends parler de cours d’écriture dispensés chez les plus gros éditeurs en France, j’ai l’impression de vivre dans le Meilleur des mondes. Calculette et marketing, divinités modernes dévorant tout ou presque. Voilà sans doute pourquoi je relis davantage que je ne lis.

  2. j’acquiesce ,je souscris et comme dirait une blogueuse de mes amis ,je « plussoie « .Evidemment un livre doit être lu sans en savoir le moins possible sur l’écrivain lui-même .Car il est des œuvres magnifiques produites par des individus exécrables .Et quand bien même seraient-ils des plus aimables ..çà changerait quoi à leur écriture ?Comme je le dis souvent un écrivain ne doit pas écrire pour un lectorat potentiellement formaté ,comme le font hélas des « têtes de gondole » du prêt à lire .Du consommable ,du prémâché aux ingrédients bien connus pour faire recette .

  3. Moi non plus, je ne comprends pas le succès de ces auteurs mais comme tu le dis si bien, ils ont leurs lecteurs dont je ne fais pas du tout partie , grand bien me fasse

  4. Ah ma foi Bernie, je te rejoins… dans la vie les uns réussissent avec leur « oeuvre », art, les autres… mystère et boule de gomme !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *