Tous les samedis, Yves Carchon, écrivain, nous ouvre son univers littéraire, en nous offrant le plaisir de la lecture d’une nouvelle ou d’une micro-fiction.
Le rêve de Macha
Existait-elle sous son pinceau ?
Palpitait-elle d’une vie secrète ?
On aurait pu le croire.
La lumière de sa peau, sans cesse retravaillée, la faisait exister chaque jour. Elle y mettait du soin, Macha, et beaucoup de tendresse, pour insuffler la vie à cette jeune fille, sortie de sa palette. Une jeune fille lascive, reposant simplement, au seuil du sommeil ou de la rêverie.
Macha avait gardé le souvenir d’une empathie avec le jeune modèle qui lui avait permis de réaliser ce tableau, un vague, très vague souvenir, le tableau peu à peu s’étant éloigné du modèle.
Chaque matin, entrant dans l’atelier, Macha retrouvait l’abandon sur le drap de ce qui peu à peu devenait une personne et qu’elle peignait depuis un mois. Un jour, elle le savait, la jeune femme sortirait de la toile.
Pour l’heure, grâce à des touches discrètes de couleur, elle s’en tenait à irriguer de vie cette douce créature, dont la langueur éveillait chez Macha de petits séismes intérieurs…
L’œil surtout qui, quoique abandonné, ne semblait ne rien perdre du manège de Macha et qui la surveillait, mine de rien, avec des airs de Sainte Nitouche légèrement compassée. La main ouverte sur le drap, et ce nombril, ces jeunes seins, ces épaules alanguies…
Oui, se disait Macha, un jour elle s’en ira. Un acheteur, dans une expo, l’enlèvera. Elle ira faire sa vie ailleurs, sur d’autres rives ou d’autres continents… Mais pensait-elle, tant qu’elle la garderait captive dans son atelier, elle serait sienne.
Enfin, tant qu’elle se prêterait à son étrange cérémonie, Macha aurait tout le loisir de l’admirer, de retoucher encore, encore et mille fois encore son indéniable beauté. Le soir, elle croyait bon fermer à double tour son atelier.
Qui sait, pensait Macha, elle pourrait se sauver ! Une nuit, elle descendit à l’atelier, ouvrit sans bruit la porte qui grinça. Dans l’atelier, un pâle rayon de lune inondait le tableau. Un tableau vide et nu.
Macha chercha des yeux sa créature. Plus loin sur un petit divan, elle reposait, l’œil grand ouvert, rêveur, la main toujours ouverte. Même pas troublée par la présence de Macha, elle attendait que l’aube vînt pour réintégrer son tableau.
Attention : à partir de la semaine prochaine retrouvez la plume d’Yves Carchon le mercredi sur mon blog littéraire Rainfolk’s Diaries. Pensez à vous abonner, c’est gratuit et ça fait toujours plaisir.
Une micro-fiction signée Yves Carchon, écrivain, auteur de « Riquet m’a tuer« , de « Vieux démons« , de « Le Dali noir », et de son nouveau polar « Le sanctuaire des destins oubliés »
Un vrai chef-d’oeuvre ce tableau, très original je trouve ! Passez un bon week-end de printemps
Merci
J’aime bien le texte mais encore plus le tableau.
Difficile de choisir
J’adore quand le fantastique s’invite .
C’est vrai que le modèle semble guetter la réaction de l’artiste ou de celui qui regarde le tableau .
Bon samedi
C’est totalement cela
un oeuvre peut être une réincarnation !
Bonne journée Bernie
absolument
magnifique choix
ce tableau est une merveille
j ‘aime beaucoup
bon printemps pour toi
kénavo Bernie
merci !
j’aime bien ce tableau….subtilité et beauté, toujours très agréable à regarder…..passe une bien agréable journée
merci
Hello Bernie
Pour faire ce tableau, je le fais durer un an avec ce modele hi hi hi
@+
Il faut savoir prendre le temps