Dans les temps difficiles que nous traversons, la transparence impose une diffusion quotidienne de chiffres clé implacables pour donner un éclairage ou pas.

S’en sortir, sans sortir, sans chiffre

Effectivement, impossible en cette période de pandémie mondiale du Covid-19 d’échapper à une vague de chiffres clés pour donner une vision la plus transparente de la situation en France, et dans certains pays comme l’Italie, l’Espagne, la Chine, l’Allemagne, l’Iran, la Grande-Bretagne ou encore les USA. Vous noterez le focus très restreint sur certains pays, si on prend comme référence la planète Terre.

Par ailleurs, il est intéressant de voir que d’un côté les sources des chiffres sont toujours citées pour apporter une crédibilité indiscutable, mais dans le même temps aucune précision n’est donné sur le contexte des données, et sans contexte la comparaison ne fait aucun sens.

Fournir des chiffres, une crédibilité discutable

« Est-ce que vous avez des chiffres ? » C’est une question journalistique classique que je peux entendre régulièrement, dont je peux comprendre le besoin pour étayer un article, notamment si la source est l’Insee, et sans doute pour répondre à un besoin affirmé des lecteurs, ou des auditeurs. Il est d’ailleurs intéressant de noter que pour être certain que le chiffre sera compris, il est souvent accompagné d’une comparaison avec un élément qui est censé clarifier la vision comme un terrain de football, de tennis, ou la hauteur de la Tour Eiffel.

Ceci étant, interpréter des données chiffrées est une autre histoire, alors qu’elle permet d’avoir des informations précieuses. Lorsque l’on parle de taux de mortalité lié au coronavirus, il s’agit du rapport ente nombre de morts sur le nombre de personnes contaminées. A partir de là, la comparaison entre taux de mortalité d’un pays à l’autre voit le jour. Le sordide, qui ne me surprendrait pas, serait de publier un Top 10 du taux de mortalité par pays.

Seulement voilà, et je prends plaisir à me souvenir de ce que disait notre professeur de mathématiques en classe de Terminale « on n’additionne pas des carottes avec des choux-fleurs ». Une phrase gravée dans ma mémoire, et qui dans l’exemple du taux de mortalité prend tout son sens.

De quel nombre de morts parlons-nous ? Déjà au niveau national, les précisions sont données sur la manière dont ce chiffre est recueilli, et qu’il ne correspond pas à la réalité puisque par exemple une personne qui décède chez elle sans avoir consultée ne sera certainement identifiée comme un décès lié au coronavirus. C’est un premier point, mais comment sont comptabilisés les morts de cette pandémie dans les autres pays : si vous avez la réponse, je suis preneur. Donc, déjà sur ce point,on parle de carotte et de chou-fleur.

Le nombre de personnes contaminées est quant à lui une vraie farce. Pour connaître ce chiffre, la base est de faire des tests. Le premier élément, sans entrer dans le débat du nombre de tests à effectuer ou disponibles, est qu’à ce stade seule une partie de la population est testée, et c’est même une infime partie de la population française. Ce chiffre est donc directement lié au nombre de tests, et vous imaginez bien que plus on teste, plus on va trouver des personnes contaminées.

D’un jour à l’autre, le chiffre représente un jour une carotte, le lendemain un chou-fleur. Vous imaginez bien qu’il n’y a aucune stratégie internationale ou accord international sur le nombre de tests a effectué par jour. L’industrie pharmaceutique est lucrative même en temps de pandémie. Ce qui fait que le nombre de personnes contaminées qui est communiqué est certainement fondé, mais que dans l’absolu, il ne veut pas dire quelque chose à lui tout seul.

En conclusion de cette partie, vous aurez bien compris que fournir des chiffres peut créer un effet salutaire, car oui, nous devons rester chez nous, mais qu’il convient d’avoir la capacité à les analyser pour leur donner de la crédibilité.

Les chiffres clés d’un blog

Pour prendre un sujet plus futile, les blogs n’échappent pas à cette maladie des chiffres. Qui ne vous a pas posé au moins une fois la question : « Et tu as beaucoup de visites ? » ? C’est d’ailleurs la première question qui vient, avant même de parler du contenu même des publications, ce qui est par nature le cœur d’un blog.

Il existe pour moi deux chiffres clé factuels d’un blog :

• Année de création
• Nombre d’articles publiés

Dans le nombre d’articles publiés, j’inclus tous les articles qu’ils aient été écrits par un ou plusieurs rédacteurs. Ces deux chiffres peuvent permettre de comparer des blogs, sans pour autant y voir une notion quelconque de concurrence.

Les autres chiffres sont pour moi, des chiffres construits avec la stratégie et les moyens de chacun, et en voici une liste non-exhaustive :

• Nombre de visiteurs uniques par jour
• Nombre de visiteurs uniques par mois
• Nombre de pages visitées
• Nombre de pages visitées par visiteur
• Nombre de partages sur les réseaux sociaux
• Nombre de commentaires.
• …

Chacun de ces chiffres a naturellement un sens, c’est une évidence, mais ça ne va pas plus loin. Comparer purement le nombre de visiteurs uniques par jour d’un mois à l’autre de manière brute ne fait pas sens, tout simplement parce que les jours de la semaine sont différents, la météo n’est pas la même, l’actualité est différente, le nombre d’articles peut l’être aussi. Bref, encore une fois cela nécessite un véritable travail d’analyse qui est assez chronophage et qui demande des moyens importants.

D’ailleurs, les moyens sont aussi un élément en défaveur d’une comparaison entre les blogs. Les moyens humains et la disponibilité sont un premier élément qui va influencer les données. Les résultats seront différents si un blogueur publie une fois de temps en temps, ce qui est respectable, parce qu’il estime qu’il ne veut pas, ou ne peut pas, consacrer plus de temps à son blog. Il en va de même pour les partages sur les réseaux sociaux.

Ensuite, les moyens financiers vont aussi changer la donne. Sans parler de grande campagne de publicité, vous pouvez pour quelques euros faire des publications sponsorisées sur les réseaux sociaux afin d’acheter, ne nous voilons pas la face, de l’audience et de la visibilité.

Pour ma part, c’est une stratégie qui ne me convient pas indépendamment de l’aspect financier. A partir de cet élément comment comparer les chiffres d’un trafic sans campagne publicitaire avec un trafic avec campagne publicitaire.

Pour terminer, ne pensez pas que je sois fâché avec les chiffres, c’est même tout le contraire puisque j’ai suivi un cursus scientifique, mais je suis fâché avec l’utilisation qui en est faite aujourd’hui.

Et vous, êtes-vous attachés à avoir des données chiffrées pour vous forger un avis ?