Depuis 2023, le Pic du Midi de Bigorre et son observatoire sont en phase d’accompagnement par le comité français du patrimoine mondial (CFPM). Cette candidature, débutée en 2014, a franchi une étape importante en avril dernier avec la reconnaissance de la valeur universelle exceptionnelle de ce site par le CFPM. L’enjeu est désormais de finaliser les démarches pour une inscription officielle au patrimoine mondial de l’UNESCO, prévue pour 2024-2025.

Le Pic du Midi et son Observatoire : Vers l’Inscription au Patrimoine Mondial de l’UNESCO

Une Histoire Ancrée dans la Science et le Tourisme

Fondé en 1878 par la société Ramond, l’observatoire du Pic du Midi a rapidement été transféré sous la responsabilité de l’État, devenant un lieu incontournable pour les scientifiques du monde entier. Son potentiel unique, lié à sa situation exceptionnelle en haute montagne, a permis des avancées majeures dans divers domaines tels que la météorologie, l’astronomie, la botanique et l’étude de l’atmosphère. Aujourd’hui, l’observatoire joue également un rôle crucial dans l’étude des effets des activités humaines sur la biosphère.

La création de cet observatoire s’inscrit dans un mouvement plus large de convergence entre la science et le tourisme au milieu du XIXe siècle. À cette époque, l’élite européenne fréquentait les stations thermales au pied du Pic du Midi, et c’est dans ce contexte que le projet d’observatoire a vu le jour, avec la construction de la station du col de Sencours en 1851. Dès ses débuts, les populations locales ont été impliquées, faisant de ce projet un enjeu partagé entre les communautés locales et scientifiques.

Un Enjeu Partagé et Pérenne

Malgré plusieurs menaces de fermeture au fil des décennies, l’observatoire du Pic du Midi a toujours pu compter sur la mobilisation des communautés locales et scientifiques pour continuer ses activités. Dans les années 1990, un effort conjoint de l’État, de l’université Toulouse III – Paul Sabatier, et des collectivités locales a permis de repositionner le tourisme au cœur de son fonctionnement, assurant ainsi la pérennité de ses activités scientifiques. En 1995, les collectivités ont formé un syndicat mixte pour valoriser le Pic du Midi, incluant les collectivités environnantes, le département des Hautes-Pyrénées, et la région Occitanie.

Aujourd’hui, les installations sommitales restent la propriété de l’État, tandis que l’activité scientifique est pilotée par l’Observatoire Midi-Pyrénées, rattaché à l’université Toulouse III – Paul Sabatier. Un traité de concession de 30 ans (2000-2029) permet au syndicat mixte du Pic du Midi d’assurer la valorisation touristique et la maintenance des infrastructures.

Pourquoi une Inscription au Patrimoine Mondial ?

L’observatoire du Pic du Midi, bientôt cent cinquantenaire, représente bien plus qu’une simple montagne. Il incarne une œuvre universelle née du rapport audacieux de l’humanité avec la montagne. Ce site est également l’emblème de la Réserve Internationale de Ciel Étoilé, témoignant de l’engagement humain pour la protection de l’environnement.

L’inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO garantirait la pérennité de ce site exceptionnel, préservant sa valeur universelle pour les générations futures. Cette reconnaissance permettrait de protéger l’observatoire des menaces de fermeture et de mettre en avant son importance à l’échelle internationale.

Le Processus de Candidature

Depuis son inscription sur la liste indicative de l’État français en octobre 2022, la candidature du Pic du Midi est suivie par le CFPM. Cette phase de suivi comprend trois auditions, chacune portant sur des aspects spécifiques du dossier. La première audition, en avril 2024, a validé la valeur universelle exceptionnelle du site. La prochaine audition, prévue pour le 15 octobre 2024, portera sur les périmètres et les protections du bien, suivie d’une troisième audition sur le plan de gestion.

La dynamique de la candidature et l’engagement des acteurs locaux permettront de fixer rapidement un calendrier pour la présentation finale du dossier à l’UNESCO. Cette dernière étape inclut une évaluation par les experts internationaux de l’ICOMOS, un processus qui dure environ 18 mois.

Prochaines Étapes

Création du GIP du Pic du Midi

Pour répondre aux exigences du comité du patrimoine mondial, l’université Toulouse III – Paul Sabatier et le syndicat mixte du Pic du Midi ont créé un Groupement d’Intérêt Public (GIP) avec l’accompagnement de l’État. Ce GIP, créé par arrêté préfectoral le 1er juillet 2024, permet de mutualiser les moyens et les compétences pour porter la candidature et préparer la gestion future du site.

Finalisation du Périmètre du Bien

Le Pic du Midi bénéficie déjà de diverses protections (sites classés, Natura 2000, Réserve Internationale de Ciel Étoilé). Le GIP du Pic du Midi doit maintenant finaliser un périmètre de protection répondant aux exigences de la convention du patrimoine mondial. Cette étape sera conclue durant l’été 2024 en concertation avec les parties prenantes et présentée lors de la seconde audition en octobre.

Implication du Territoire et Construction du Plan de Gestion

L’UNESCO exige désormais que les candidatures incluent un projet de développement local et durable. Le GIP du Pic du Midi travaillera donc avec les acteurs locaux tout au long de 2024-2025 pour renforcer l’appropriation de la valeur universelle du site. Ce projet permettra de préparer les territoires environnants à tirer pleinement parti de l’inscription au patrimoine mondial, tout en anticipant les évolutions futures.

Une Ambition à la Hauteur du Pic

L’ambition de faire inscrire le Pic du Midi et son observatoire au patrimoine mondial est à la hauteur de ce site emblématique. Cette candidature engage non seulement les acteurs locaux et scientifiques, mais aussi toute une communauté qui voit en ce projet une opportunité de développement et de rayonnement international.

Une Montagne, Un Avenir

Le Pic du Midi et son observatoire, avec leur histoire riche et leur importance scientifique, méritent une place au patrimoine mondial de l’UNESCO. Cette inscription serait une reconnaissance de leur valeur universelle exceptionnelle et garantirait leur préservation pour les générations futures. L’engagement des acteurs locaux, des scientifiques et des institutions publiques est crucial pour atteindre cet objectif ambitieux. L’avenir du Pic du Midi dépend de cette mobilisation collective, reflétant l’importance de cette montagne non seulement pour la France, mais pour l’humanité tout entière.