Cela ne vous aura pas échappé, l’abstention sera une nouvelle fois, être au rendez-vous des élections municipales qui se dérouleront les 15 et 22 mars 2020.
Même si, alors que les communes ont de moins en moins de pouvoir, les élections municipales restent les élections chouchous des Français. Elles ont historiquement le plus faible niveau d’abstention, la proximité géographique des élus étant un des éléments favorisant le vote.
Ne plus se déplacer au bureau de vote est devenu une attitude qui exprime une absence totale de confiance et de défiance envers les politiques. Plus le lieu où vont siéger les élus s’éloignent, plus l’abstention est grande.
Il suffirait de faire une simple graphique avec en abscisse les élections départementales, régionales, nationales ou européennes, et en ordonnée le taux d’abstention, pour en faire la démonstration. Avec un bémol toutefois, pour l’élection présidentielle, alors que dans le même temps le rôle d’un président monarque est de moins en moins accepté. Ceci est d’ailleurs encore plus marqué depuis le quinquennat qui exclue presque totalement toute possibilité de cohabitation.
Et ce n’est pas le manque de choix qui justifie la démarche des abstentionnistes, nous avons même parfois un nombre incalculable de listes comme aux dernières élections européennes. D’ailleurs, nous pouvons nous interroger pour savoir quel pourcentage des inscrits a lu l’ensemble des programmes politiques. Je parle bien de les avoir lus, pas de les avoir compris, c’est évidemment une autre histoire.
Par ailleurs, le discours des politiques, et des médias, induit une confusion sur l’objectif propre de l’élection. Si nous prenons les élections municipales, l’objectif est d’élire le Conseil municipal, et c’est le Conseil municipal qui élira le maire. Le maire n’est pas élu au suffrage universel direct.
Certes, la plupart des listes affichent qui sera le futur maire, mais le débat, et je le conteste, devient qui sera le prochain maire, et occulte le programme politique qui sera mené durant la mandature. Sommes-nous capables de nommer les colistiers ? Je ne vous parlerai pas des listes où foisonnent les candidats fraîchement débarqués dans la commune qui bénéficient d’une adresse de complaisance pour pouvoir se présenter… Ce type de magouille électorale, même si légale, ne contribue pas à restaurer la confiance vers les politiques, elle renforce au contraire l’idée de « tous pourris ».
La réponse est simple et tient en un mot : rien. Ah si, j’ai entendu une candidate dire qu’elle faisait du porte-à-porte pour s’adresser aux abstentionnistes. Avouons que ça ne peut pas faire de mal, mais son but est d’obtenir un vote, pas de lutter contre l’abstention.
Avez-vous entendu un politique faire des propositions visant à diminuer l’abstention ? Pour ma part, j’ai en 2016, proposer 5 mesures pour lutter contre l’abstention, un article qui est resté bouteille à la mer.
Les politiques se satisfont que des quartiers entiers ne se déplacent plus pour voter et soient donc hors de la société. La seule raison plausible de cet accord tacite entre tous les bords politiques est qu’il est plus facile de s’adresser à 50 % des inscrits, qu’à la totalité, cela fait mathématiquement moins de monde à convaincre. Le raisonnement qui consiste à dire que cela ne changerait pas le résultat est fallacieux, et perpétue l’idée que ceux qui sont élus à la majorité, le sont en réalité par une minorité du peuple.
Tout ceci nuit au fonctionnement d’une démocratie, et rappelle des heures sombres, pourtant personne ne bouge.
Et vous pensez-vous que l’abstention soit un fléau pour notre démocratie ?
Qui sème le vent ? 2019 - Pierre Ardouvin