Pourquoi la polémique est-elle devenue le quotidien des réseaux sociaux ? Devons-nous nous réjouir, des médias qui font de la controverse leur ligne éditoriale ? La polémique sur le net est-elle la censure 2.0 ?
La polémique n’a jamais été aussi proche de sa définition. Le terme de polémique (du grec πολεμικός, polêmikôs « qui concerne la guerre », « disposé à la guerre », polêmikon museion, musée de la guerre, « batailleur, querelleur ») désigne une discussion, un débat, une controverse qui traduit de façon violente ou passionnée, et le plus souvent par écrit, des opinions contraires sur toutes espèces de sujets (politique, scientifique, littéraire, religieux, etc.) (Source Wiki.).
De manière factuelle, vous comme moi, nous pouvons constater que la polémique fait de plus en plus recette dans les médias ou les réseaux sociaux. Si vous regardez les sujets ou les internautes commentent le plus, vous vous apercevrez qu’il s’agit 99 fois sur 100 d’un débat, que dis-je d’une opposition violente, parfois haineuse.
Naturellement, le sujet de mon article est inspiré par la récente polémique sur les dons faits par les grandes fortunes pour reconstruire Notre Dame.
Les églises et cathédrales ont été bâties pour évangéliser les peuples. Le lieu n’était jamais choisi au hasard, il correspondait très souvent à un lieu païen. C’est ainsi, que la cathédrale Notre Dame de Paris a été construite sur l’île de la cité.
Il existait à la pointe orientale de l'île de la Cité une sorte de temple élevé à Jupiter et à d'autres dieux par les bateliers (nautes) parisiens (Hésus). Des fouilles faites au début du XXVIIIe siècle sous le chœur de Notre-Dame ont permis la découverte de pierres qui avaient formé ce monument; l'une d'elles avait pour inscription: « Sous Tibère César Auguste, à Jupiter très bon, très grand, les nautes parisiens élevèrent publiquement cet autel. ».
Au final est-ce plus lieu qui est sacré plus que le bâtiment lui-même ?
Ne polémiquons pas sur ce sujet, ce n’est pas l’objet de la critique actuelle.
L’incendie du 15 avril 2019 a transformé Notre Dame en Notre Drame, et au-delà de l’émotion qui a touché croyants et non-croyants, alors que le feu prenait de l’ampleur, nous pouvions entendre les médias, ou des personnalités s’interroger sur l’efficacité des secours, fallait-il utiliser un Canadair ? Belle idée stupide, puisque l’utilisation d’un Canadair aurait conduit à la destruction du bâtiment… Ou encore des journalistes étrangers s’étonnant, presque de manière outrageuse, qu’aucun plan n’est anticipé un tel incendie… Des jolis sujets de polémique, sans parler de ceux qui s’interrogeaient sur l’origine de l’incendie en n’excluant pas un acte criminel…
Le fleuron des polémiques nées de cet incendie tragique est sans nul doute celui autour de l’afflux vertigineux des dons pour reconstruire Notre Dame. Prenons les faits, les grandes fortunes ont décidé immédiatement de donner des fonds pour la reconstruction d’un des symboles de Paris, et même de la France. Cet élan est certainement proportionné à la dimension de l’émotion et de la tristesse.
Pour autant, alors qu’une partie de la population se réjouit de cet élan, des voix se sont élevées pour s’indigner de voir autant d’argent soudain disponible alors que pour les logements sociaux, l’urgence sociale, l’argent ne ruisselle pas… Le débat fait rage, la polémique est minable pour certains.
Et dans le même temps, il est rappelé que les dons sont en partie financés par de l’argent public. En effet, la loi Aillagon de 2003 prévoit que les entreprises qui investissent dans la culture peuvent déduire 60% de leurs dépenses en faveur du mécénat (66% de réduction d’impôt sur le revenu pour les particuliers) voir plus quand il s’agit de biens nationaux.
« Fluctuat nec mergitur » alors Paris et la France ont immédiatement voulu reconstruire la cathédrale Notre Dame. Le Président de la République a annoncé que la reconstruction serait achevée dans 5 ans : impossible disent les experts… Le débat est lancé.
Et puis, faut-il reconstruire à l’identique ?
La charpente avait nécessité 1300 chênes, mais une charpente métallique, ne serait-elle pas plus adaptée aujourd’hui ?
Au final, je pourrais multiplier les sujets de polémiques autour de cet incendie dramatique. En y regardant de plus près, nous pouvons constater, et déplorer pour ma part, que tout est aujourd’hui sujet à polémique, et que finalement, il est parfois préférable d’éviter un sujet ou une position : la polémique est une forme de censure 2.0.