La nuit, toutes les choses se ressemblent, l’absence de luminosité nivelle la perception des couleurs, nous distinguons moins bien les détails. Le travail de nuit, ce moment atypique, accroît potentiellement les risques, mais il reste indispensable pour de nombreux services.
Nous sommes programmés pour être éveillés de jour et dormir la nuit. Pourtant, un certain nombre d’entre nous sont contraints de travailler la nuit. En effet, je parle de contrainte, car selon mon avis, ce n’est pas un choix de travailler la nuit.
D’ailleurs, saviez-vous que les femmes ont obtenu le droit de travailler dans l’industrie en 2001 ?
Sans surprise, parmi les métiers concernés, nous allons trouver ceux qui assure un service 24 heures sur 24, 365 jours par eux, comme ceux liés à la sécurité du territoire, à la médecine, à la fourniture de l’énergie, au transport aérien… J’en oublie naturellement.
Ex aiguilleur du ciel, j’ai donc fait partie, pendant une partie de ma carrière, des personnes ayant comme contrainte de travailler la nuit. Nous habituons nous à réellement à travailler de nuit comme de jour, rien n’est moins sûr, et pourtant la tendance au travail de nuit s’accentue.
Tout d’abord, mon expérience n’a pas été d’enchaîner des nuits de travail, mais bien une alternance de travail durant la journée, et durant la nuit. Un cycle qui naturellement respectait les règles du code du travail.
La « période travail de nuit » se situe, et je parle là de la sensation et non en termes réglementaires, entre minuit et six heures u matin. D’emblée, il faut garder à l’esprit que travailler dans la continuité de la journée, comme par exemple de 20 heures à 2 heures du matin, est totalement différent de travailler pendant la période allant de 2 heures du matin à 6 heures du matin.
En effet, se réveiller à deux heures du matin, pour exercer une activité qui demande de l’attention, nécessite de retrouver en un temps très court toutes les facultés nécessaires et de ne pas être dans un demi-sommeil.
En réalité, ce qui m’a vraiment frappé, c’est la différence d’ambiance entre le travail exercé de jour et le même travail exercé de nuit. Le silence est beaucoup plus perceptible la nuit, l’ambiance est feutrée et pourtant l’intensité était identique. Le trafic étant plus réduit, l’effectif était adapté et donc moins nombreux. C’est donc dans une tour de contrôle, ou dans une salle de contrôle, que nous nous retrouvions quelques-uns et quelques-unes à assurer un service public.
De surcroît, le silence entre deux messages, prend une autre dimension, mais reste en harmonie avec l’ambiance plus « cocoon » de la nuit. Moins d’appels téléphoniques, moins de mouvement, une activité réduite, mais une fatigue plus grande qu’en journée. La récupération après un travail de nuit varie d’un individu à l’autre, et même évolue avec l’âge. Avant 30 ans, il m’arrivait de ne pas me recoucher la journée suivante. Puis le besoin de sommeil s’est fait sentir. Il faut alors arriver à se recaler au rythme des autres.
Mon expérience était donc dans l’habituel. La répétition des nuits, on oubliait le mot travail, devient une habitude physiologique, qui est un peu facilitée par la connaissance à l’avance des nuits travaillées, mais aussi par une meilleure gestion des descentes de nuit.
Aujourd’hui, si ponctuellement, je devais travailler de nuit, les choses seraient tout autres et pas uniquement à cause de l’âge. Le corps prend l’habitude du travail de nuit, il a cette capacité d’adaptation.
Attention, je ne suis pas en train de vous dire que l’habitude du travail de nuit le rend plus facile. Non, le travail de nuit n’est pas dans la nature de l’homme, et il reste une contrainte physique et physiologique. Ce que j’exprime, c’est que l’occasionnel augmente la pénibilité et qu’il ne doit pas être pris à la légère
Quoi qu’il en soit, pour travailler de nuit, il faut être éveillé et le rester. Le sommeil est très complexe, et je ne vais pas entrer dans les explications des différents cycles de celui-ci. Je préfère attirer votre attention sur le micro-sommeil dont on parle beaucoup moins que de la micro-sieste.
De ce fait, il est important de définir le micro-sommeil. Pour parler simplement, il s’agit d’une phase de sommeil de courte durée (une à dix minutes) qui se produit essentiellement lorsque vous êtes éveillés la nuit.
Alors, me direz-vous, oui, on s’endort, on somnole quelques instants. Certes, il s’agit de sommeil, et pas de somnolence, mais la différence, c’est que vous n’avez pas conscience d’avoir eu un micro-sommeil. Ces 10 minutes de sommeil n’existent pas pour vous, vous n’en avez aucune conscience. Si vous étiez en train de regarder un film, vous le réaliseriez peut-être parce qu’il vous manquera des éléments à sa compréhension.
Pour autant, lors d’un travail de nuit, comme celui que j’ai exercé, les conséquences peuvent être graves. C’est une des raisons qui font que le travail s’effectue à deux, sinon la sécurité serait en jeu. Et si un micro-sommeil arrive et que vous êtes seul, un préfet pourrait être réveillé plus loin. Je n’en dirais pas plus sur cette anecdote, même s’il y a prescription, tirée d’un fait réel.
Et vous, que pensez-vous du travail de nuit ?