Aujourd’hui est jour de fête, vous venez de recevoir les tirages de votre premier livre ! Bien que vous débordiez littéralement d’enthousiasme, il y a malheureusement certaines erreurs à ne pas commettre, au risque de paraitre peu crédible, voire de dépenser vingt fois plus que ce que votre opus pourrait éventuellement vous rapporter.
C’est hélas de ma propre expérience dont je vais parler, mais aussi de celles de certains confrères qui m’ont fait part de leurs mauvaises idées et des conséquences qui en ont découlé. A mon sens, il y a plusieurs écueils principaux, sur lesquels il n’est pas rare de se casser les dents, tant par naïveté que par manque d’expérience.
La première erreur est de faire 20 posts par semaine sur le net en brandissant la pancarte « ACHETEZ MON BOUQUIN ! ». N’écrivez qu’un statut annonçant votre joie de voir votre roman paru et ne notifiez que tous les évènements vraiment marquants. Par exemple, le fait que votre œuvre soit disponible au Canada, votre participation à un salon, le lien vers une chronique à la fois élogieuse et pertinente, etc.…
En parlant de chroniques, n’hésitez pas à contacter les blogueurs spécialisés dont les articles vous plaisent. Bien que vous devrez sacrifier quelques exemplaires papier et payer les frais postaux, si vous avez bien choisi votre partenariat et que le contact se soit bien passé durant les échanges de mails, vous y gagnerez autant en référencement qu’en crédibilité.
Certains articles rédigés par mes meilleurs chroniqueurs peuvent me rapporter entre 5 et 10 livres vendus dans le mois suivant la parution.
N’acceptez JAMAIS de payer des sommes à trois chiffres pour obtenir une pige. Je suis déjà tombée dans le piège, la chroniqueuse m’ayant eue en m’expliquant sa « pénible » situation. Elle a reçu mes livres (envoyés par mes bons soins à l’étranger….), a rédigé des mois plus tard un article totalement hors-propos (j’ai vite compris qu’elle avait lu en diagonale, vu le nombre d’erreurs qu’elle a commise sur l’analyse de l’histoire à proprement parler).
Ensuite, elle s’est envolée dans la nature. Son adresse mail n’était plus valable, son blog ainsi que tous ces profils sur les réseaux sociaux avaient disparu !
Bref, je n’ai qu’à m’en prendre à moi-même.
Un de mes confères a poussé le bouchon encore plus loin en achetant de ses propres deniers 50 exemplaires afin de les envoyer à tous les journaux francophones, quotidiens, hebdomadaires et mensuels.
Un an plus tard, il n’avait obtenu d’un mince entrefilet dans un journal ultra régional. Sans parler du fait qu’il avait organisé une grosse fête pour la parution de son bouquin, avec location d’une salle, traiteur à l’appui et champagne à gogo.
Sur les 300 personnes qu’il attendait, sont venues environ 40. De mémoire, il a vendu tout au plus 15 livres. Je vous laisse imaginer l’impact que cela a eu sur son existence…
Personnellement je vise un effort soutenu, dans un cadre relativement confidentiel, sans chercher l’énorme buzz. J’avance lentement, pas à pas, en alternant quelques posts, recherchant des chroniqueurs une fois par trimestre, participer à quelques concours, requérir un feed back aux lecteurs qui m’envoient des mails encourageants (cela ne coûte rien de demander un commentaire de 5 lignes sur les URL de mes bouquins…
Au pire, on me dit simplement non, cela ne me flanquera pas un ulcère !).
En ce qui concerne les évènements, j’alterne les Tea Time littéraires chez moi et les foires plus officielles. Les grosses chroniques et les petits commentaires.
Même si certains jours sont désespérants, je ne tombe pas dans ces chausse-trapes que j’ai pu voir chez d’autres : hanter tous les évènements littéraires et frotter des manches à tout va, hurler sur Facebook dans un grand cri de rage « Que ceux qui n’ont jamais acheté un de mes bouquins se barrent de mon profil », descendre en flèche ou encenser les auteurs que j’envie.
Je crois que c’est le réalisateur suédois, Maurice Stiller qui l’a dit : « Un éléphant qui va au pas ira plus loin qu’un cheval au galop ».
A bon entendeur…
Virginie Vanos