Construire un barrage, un aéroport, un centre commercial, une ligne grande vitesse, un tunnel, un espace sportif sont aujourd’hui des dossiers sensibles. Le futur aéroport de Nantes n’échappe pas à cette règle.

Notre Dame des Landes : décollage aux forceps

Notre Dame des Landes : décollage aux forceps

Notre Dame des Landes : décollage aux forceps

Les constructions du château de Versailles, de la tour Eiffel ou du centre Georges Pompidou pourraient-elles voir le jour en 2016 ?

Il est sans doute complexe de répondre à cette question, surtout sans disposer de témoignages de l’époque, mais je me souviens de la polémique, autour de l’architecture du centre Beaubourg qui a pourtant finalement vu le jour, et qui fait désormais partie de notre patrimoine culturelle.

Le domaine de l’aéronautique, et plus particulièrement celui de l’aviation n’échappe pas à cette règle. Construire une nouvelle piste, ou, qui plus est un aéroport, est une vraie croisade.

Mon article n’a pas pour propos de vous exposer mon avis (qui a peu d’intérêt dans ce débat) mais d’apporter une vision des points positifs et négatifs sur le nouvel aéroport de Nantes : Notre Dame des landes (NDDL).

D’ailleurs, partisans ou opposants au projet peuvent s’ils le souhaitent publier un article, sans censure, pour exprimer leur positionnement.

Mon analyse est par ailleurs basée sur mon expérience acquise au sein de la DSNA (Air Navigation Service Provider française).

 

Des projets qui n’ont jamais décollé

Des aéroports qui n’ont jamais vu le jour, il en existe quelques uns dans les cartons. Je pense notamment au troisième aéroport parisien, qui aujourd’hui ne semble pas de voir refaire surface, alors que dans le même temps le concurrent londonien se prépare à être le numéro 1 européen. L’enjeu économique est pourtant colossal.

Plus régional, le nouvel aéroport toulousain, a lui aussi été remisé au placard. Les objectifs étaient différents, car Toulouse-Blagnac a aussi pour particularité (et c’est unique) d’être aussi l’aéroport des essais de l’avionneur Airbus.

 

Des ouvertures sans fermeture.

Un argument avancé dans l’ouverture d’un nouvel aéroport est la fermeture de celui qu’il remplace. Le bénéfice pouvant être notable en termes de constructions plus « écologiques », de gestion des énergies et des impacts sonores par exemple.

Toutefois l’histoire nous montre qu’ouverture n’est pas synonyme de fermeture. Prenons par exemple de cas de Roissy Charles de Gaulle. Certes, et fort heureusement, de nombreuses compagnies (parfois par obligation) opèrent, et depuis longtemps, leurs vols depuis Roissy.

Mais, dans le même temps, Le Bourget et Orly n’ont pas été fermés. Le Bourget est spécialisé dans l’aviation d’affaires, c’est en fait la cinquième piste de Roissy. Orly continue, même avec des contraintes de fermetures et de limitation du nombre de vols conséquentes, à avoir un trafic qui peut faire pâlir bon nombre d’autres aéroports.

Entrons maintenant, dans le corps du sujet, avec la liste, non exhaustive des points positifs et négative du projet d’aéroport NDDL.

 

Du positif pour NDDL

En finir avec le survol de Nantes

L'aéroport de Nantes Atlantique, qui s'appelait précédemment Aéroport International Château Bougon, est au départ un camp d'aviation militaire créé en 1928. Il ne prend une allure civile que vers la fin des années 50.

Vous imaginez, et vous vous souvenez, qu’à cette époque l’urbanisation était moindre, tout comme le respect de l’environnement n’était pas une priorité. Survoler le centre ville, présentait déjà un danger mais le nombre de vols, rendait le risque « acceptable ».

Pour illustrer cet article, j’ai d’ailleurs choisi une photo, que j’ai prise, depuis le centre de Nantes sans téléobjectif.

Au-delà des nuisances sonores et visuelles, et même si Nantes n’est pas la seule ville dans ce cas (Toulouse a aussi son centre survolé), un réel problème de sécurité se pose. La seule, vraie solution étant le déplacement de l’aéroport actuel.

 

Nuisances sonores diminuées

Comme déjà précisé, l’agglomération nantaise a grandi, l’urbanisation n’a pas pu, ou su contourner les nuisances sonores. Nous pouvons le regretter mais le fait est là.

Même si les avions ont aujourd’hui une empreinte sonore plus faible, et si les procédures antibruit contribuent à la diminution du niveau de bruit, la quantité d’habitants impactée est considérable.

C’est aussi un élément moteur du projet.

 

Un atout économique

Construire cet aéroport, son coût est je crois supérieur à 990 millions d’euros, va naturellement créer du travail, et par voie de conséquence des emplois pendant les travaux.

Ce nouvel ensemble sera certainement en pointe sur tous les aspects liés à la biodiversité sur les aéroports.

Cet impact, non négligeable, sera limité dans le temps, mais un aéroport est aussi le symbole d’une région. Il exprime son dynamisme et sa capacité d’ouverture vers les autres régions, l’Europe et même le monde.

Regardez comment l’agglomération lyonnaise a choisi de renommer Lyon-Satolas (nom d’un des villages ou est implanté l’aéroport) en Lyon- Saint Exupéry. Tout simplement parce qu’Antoine de Saint-Exupéry est mondialement connu et cette association est des plus porteuses.

Il sera d’ailleurs, très intéressant de connaître le nom de cet aéroport : oublier Notre-Dame-des-Landes est, pour moi, une évidence en termes de communication.

 

Du négatif pour NDDL

Pistes croisées

Pudiquement nous pourrions dire que les pistes de cet aéroport sont désaxées. Mais la réalité, même si elles ne se recoupent pas, est que les deux pistes que comporte ce projet seront croisées

Il est facile, sans reparler du terrible accident de Tenerife en 1977 (583 morts), de comprendre qu’une configuration pistes parallèles est moins accidentogène qu’une configuration pistes croisées.

Ce fait est le résultat de compromis pour éviter le survol de certaines communes. L’argument environnement a pris le pas sur l’argument sécurité.

Expulsions

Quelque soit le lieu, le projet nécessite d’exproprier les personnes qui vivaient, et vivent encore d’ailleurs, dans la zone choisie.

Nous ne vivons pas avec des zones désertiques et nos campagnes sont l’outil de travail des agriculteurs et des éleveurs.

Le choix du lieu arrêté, il est alors nécessaire d’exproprier des personnes qui n’ont rien demandé. L’attachement à sa terre n’a pas de valeur marchande et vouloir y rester est des plus compréhensibles.

Un nouvel aéroport, oui mais ailleurs, qui d’entre nous n’aurait pas cette réflexion si il était concerné. Je n’entrerais pas dans le débat juridique, c’est ici l’humain qui est en jeu face à un besoin économique.

Est-il possible de parler de bonne solution ou simplement de la moins mauvaise.

Où sont les futurs passagers ?

Dans les scénarios j’ai pu lire qu’il était prévu le passage de 5 à 9 millions de passagers. C’est pratiquement le double par rapport à l’actuel. J’ai parfois des doutes sur ces projections.

La question simple est de connaitre la provenance de ces nouveaux 4 millions de passagers.

Est-il imaginé une augmentation phénoménale de la population ?

Si c’est le cas, cela signifie une urbanisation pour les accueillir, le pire scénario étant que les habitations soient construites autour du nouvel aéroport (nous avons quelques jolis exemples).

Est-ce qu’une partie de la population nantaise va soudain se mettre à prendre l’avion ?

J’avoue en douter, aujourd’hui l’avion est un moyen de transport qui s’est démocratisé, c’est donc une mauvaise piste.

L’impact économique va attirer de nouvelles entreprises et donc des hommes d’affaires voyageant en avion. Peut être, mais si nous pouvons déjà exclure toute la région parisienne, Nantes étant à deux de train de Paris, il reste peu de marge car beaucoup arriveront via Paris.

Votre avis

  • Suivez-vous le dossier de l’aéroport Notre-Dame-des Landes ?
  • Considérez-vous qu’un aéroport est un atout économique ?
  • Engager des grands travaux est-il possible aujourd’hui ?

Notre Dame des Landes

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