Lucie Léanne est aujourd’hui l’invitée de Bernieshoot. C’est avec sa plume qu’elle nous présente  son roman autobiographique « La Frontière ». De l’anorexie à l’internement psychiatrique un roman sans tabou.

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La Frontière

Résumé

« J’ai changé de banquise, l'autre avait fondu »La Frontière commence par cette phrase.

Miléna est internée dans un hôpital psychiatrique,  dans une cellule aux murs capitonnés. Elle attend, seule. Depuis combien de temps est-elle là, enfermée contre son gré, isolée des autres patients car « dangereuse » pour le corps médical ? Six mois ? Un an ?

Elle ne sait plus ; trop de calmants, trop de brume dans son cerveau. La folie la guette : elle entend des voix, « tranchantes comme des lames de rasoirs » ; elle a peur. Personne pour la rassurer : ni Madame Cuvier, l'infirmière désagréable qui chaque jour lui apporte ses repas et la gave de tranquillisants, ni le psychiatre, sourd à tout dialogue, encore moins les fous qui crient, hurlent dans tout l’hôpital.

Au bout de six mois, Miléna peut enfin sortir de sa cellule d'isolement. Elle plonge dans l’enfer psychiatrique « un foisonnement d’épouvante » : la plupart des fous sont maltraités, prisonniers d’une camisole chimique. Parmi eux, Sécotine, une jeune femme curieuse et vive. Elle aide Miléna à survivre, lui présente son groupe d’amis : Gérard, obsédé par le sexe des femmes,  Charlotte qui voit des lustres partout, Isabelle, persuadée d’être « un écureuil d’Ecosse » puis Mambo, enfermé dans son mutisme. Des personnages attachants, lucides, dotés d'un humour déjanté.

Mais les vrais fous ne sont pas ceux que l’on croit. Entre un psychiatre retranché derrière ses dossiers et une infirmière tyrannique, l’avenir des patients semble compromis. Et toujours ces malades qu’on noie de plus en plus dans le sommeil, qu'on gave sans raison de tranquillisants. 

Miléna se sent en danger, alors un soir, elle décide de ne plus prendre ses calmants.

Lucie Léanne

La Frontière est un roman autobiographique à quatre-vingt-dix pour cent ; quelques personnages ont été inventés pour mettre de l'humour, adoucir le contexte noir de l’hôpital psychiatrique.

A vingt-trois ans, j'ai été internée de force en hôpital psychiatrique pour anorexie mentale-mon poids étant très faible. Dans l'inconscient collectif, cette maladie est liée à un régime alimentaire drastique, à un désir de minceur afin de ressembler aux canons de la mode. Ce n'était pas du tout mon cas.

J'ai été élevée dans une « famille » extrêmement violente. L’anorexie vient de là, d'un désarroi profond. Cela a commencé enfant puis ça s'est aggravé à l’adolescence, et à vingt-trois ans, je n'en pouvais plus. Lorsqu'on m'a placée en hôpital psychiatrique, je ne désirais plus vivre, plus manger.
Cet internement ne m'a pas été bénéfique du tout ; au contraire, des mois après être sortie de l’hôpital, je faisais toujours des cauchemars et mon appétit ne revenait pas. Je voulais exorciser cette souffrance par l'écriture, en faire un roman poétique, transformer toute cette laideur en beauté mais stylistiquement, je n'étais pas prête et surtout je ne voulais pas susciter un quelconque apitoiement ou voyeurisme.
Des années plus tard, avec une certaine joie, mêlée d'angoisse, j'ai commencé à écrire La Frontière : un travail titanesque. La tâche était énorme, prétentieuse : frôler, atteindre le Beau littérairement parlant, en jouant avec le langage, les figures de style, la syntaxe, les mots, les jeux de mots…

Exemple : à partir du chapitre 3, le style devient plus rapide, plus sec, haché, ce qui correspond  au rythme cardiaque du personnage principal Miléna et à un événement décisif dans le roman.

En écrivant La Frontière, j'ai voulu dénoncer les abus pratiqués sur les patients en hôpital psychiatrique, les humiliations quotidiennes, la déshumanisation en général. Folle ou simplement dépressive, vous êtes mélangés à des gens qui souffrent de troubles mentaux plus ou moins sévères. Selon moi, on ne vous soigne pas, on endort votre douleur à coups de calmants.

 Ce roman n'est pas un pamphlet contre l’hôpital psychiatrique mais contre certains psychiatres qui manquent d'humanité. Des lecteurs m'écrivent et témoignent de leur séjour terrifiant dans ces structures.

L’hôpital psychiatrique est un sujet tabou en France ; je m'en rends de plus en plus compte.

 La Frontière véhicule plusieurs messages, la tolérance, la différence…mais c'est surtout un  message d'espoir, de liberté, de vie.

Je remercie Lucie Léanne pour cette présentation qui respire le vrai et le vécu. Un roman sur un sujet dérangeant qui pourtant est à côté de nous.

Contenu de l'article mis à jour le 15 septembre 2020.

Lucie Léanne : La Frontière

Lucie Léanne : La Frontière

La Frontière

Résumé

« J’ai changé de banquise, l'autre avait fondu »La Frontière commence par cette phrase.

Miléna est internée dans un hôpital psychiatrique,  dans une cellule aux murs capitonnés. Elle attend, seule. Depuis combien de temps est-elle là, enfermée contre son gré, isolée des autres patients car « dangereuse » pour le corps médical ? Six mois ? Un an ?

Elle ne sait plus ; trop de calmants, trop de brume dans son cerveau. La folie la guette : elle entend des voix, « tranchantes comme des lames de rasoirs » ; elle a peur. Personne pour la rassurer : ni Madame Cuvier, l'infirmière désagréable qui chaque jour lui apporte ses repas et la gave de tranquillisants, ni le psychiatre, sourd à tout dialogue, encore moins les fous qui crient, hurlent dans tout l’hôpital.

Au bout de six mois, Miléna peut enfin sortir de sa cellule d'isolement. Elle plonge dans l’enfer psychiatrique « un foisonnement d’épouvante » : la plupart des fous sont maltraités, prisonniers d’une camisole chimique. Parmi eux, Sécotine, une jeune femme curieuse et vive. Elle aide Miléna à survivre, lui présente son groupe d’amis : Gérard, obsédé par le sexe des femmes,  Charlotte qui voit des lustres partout, Isabelle, persuadée d’être « un écureuil d’Ecosse » puis Mambo, enfermé dans son mutisme. Des personnages attachants, lucides, dotés d'un humour déjanté.

Mais les vrais fous ne sont pas ceux que l’on croit. Entre un psychiatre retranché derrière ses dossiers et une infirmière tyrannique, l’avenir des patients semble compromis. Et toujours ces malades qu’on noie de plus en plus dans le sommeil, qu'on gave sans raison de tranquillisants. 

Miléna se sent en danger, alors un soir, elle décide de ne plus prendre ses calmants.

Lucie Léanne

La Frontière est un roman autobiographique à quatre-vingt-dix pour cent ; quelques personnages ont été inventés pour mettre de l'humour, adoucir le contexte noir de l’hôpital psychiatrique.

A vingt-trois ans, j'ai été internée de force en hôpital psychiatrique pour anorexie mentale-mon poids étant très faible. Dans l'inconscient collectif, cette maladie est liée à un régime alimentaire drastique, à un désir de minceur afin de ressembler aux canons de la mode. Ce n'était pas du tout mon cas.

J'ai été élevée dans une « famille » extrêmement violente. L’anorexie vient de là, d'un désarroi profond. Cela a commencé enfant puis ça s'est aggravé à l’adolescence, et à vingt-trois ans, je n'en pouvais plus. Lorsqu'on m'a placée en hôpital psychiatrique, je ne désirais plus vivre, plus manger.
Cet internement ne m'a pas été bénéfique du tout ; au contraire, des mois après être sortie de l’hôpital, je faisais toujours des cauchemars et mon appétit ne revenait pas. Je voulais exorciser cette souffrance par l'écriture, en faire un roman poétique, transformer toute cette laideur en beauté mais stylistiquement, je n'étais pas prête et surtout je ne voulais pas susciter un quelconque apitoiement ou voyeurisme.
Des années plus tard, avec une certaine joie, mêlée d'angoisse, j'ai commencé à écrire La Frontière : un travail titanesque. La tâche était énorme, prétentieuse : frôler, atteindre le Beau littérairement parlant, en jouant avec le langage, les figures de style, la syntaxe, les mots, les jeux de mots…

Exemple : à partir du chapitre 3, le style devient plus rapide, plus sec, haché, ce qui correspond  au rythme cardiaque du personnage principal Miléna et à un événement décisif dans le roman.

En écrivant La Frontière, j'ai voulu dénoncer les abus pratiqués sur les patients en hôpital psychiatrique, les humiliations quotidiennes, la déshumanisation en général. Folle ou simplement dépressive, vous êtes mélangés à des gens qui souffrent de troubles mentaux plus ou moins sévères. Selon moi, on ne vous soigne pas, on endort votre douleur à coups de calmants.

 Ce roman n'est pas un pamphlet contre l’hôpital psychiatrique mais contre certains psychiatres qui manquent d'humanité. Des lecteurs m'écrivent et témoignent de leur séjour terrifiant dans ces structures.

L’hôpital psychiatrique est un sujet tabou en France ; je m'en rends de plus en plus compte.

 La Frontière véhicule plusieurs messages, la tolérance, la différence…mais c'est surtout un  message d'espoir, de liberté, de vie.

Je remercie Lucie Léanne pour cette présentation qui respire le vrai et le vécu. Un roman sur un sujet dérangeant qui pourtant est à côté de nous.

Contenu de l'article mis à jour le 15 septembre 2020.