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Je ne sais pas faire de livres – André UGHETTO

André Ughetto est un réalisateur de cinéma, un poète, un traducteur de poésie et un critique littéraire français né à L’Isle-sur-la-Sorgue en 1942. C’est surtout un poète à découvrir à travers une œuvre riche et fournie.

andre ughetto
© DR

Je ne sais pas faire de livres

André Ughetto un vrai poète

Quand on ouvre Je ne sais pas faire de livres d’André Ughetto, on est simplement ébloui. C’est comme une sortie en mer qu’on ferait par temps calme, enfin avec un peu de houle. L’horizon est à nous : Ughetto nous murmure à l’oreille des réflexions profondes, énigmatiques et parfois drôles.

Je le soupçonne d’ailleurs d’être de ces marins immobiles au long cours qui vous racontent au coin du feu leurs merveilleux naufrages. Ses poèmes pourtant n’ont rien de débonnaire.

Ughetto est racé ; il va au nerf des sensations. Ses poèmes sont épures ; il y a en eux une hiératique beauté. Dans Méditerranée, les vers battent comme des vagues qui sculpteront « de nouvelles Venise ».

Il y est dit, dans une formule enchanteresse, que la « patience est dentellière illimitée ». On suit d’autant mieux le poète qu’il est lui-même fin dentellier. L’énigmatique poème qui suit, Bouteille à la mer, au titre couleur d’Iroise, nous dit combien la mer est nourricière et mère de toute vie. Notre vie est liquide « dès le subconscient ténébreux ».

Socles est d’une toute autre eau : il a le souffle des épopées à hautes voilures. Sobre dans sa facture, avec toujours cette hauteur de vue, vaillante et fière, d’où parle le poète, qui embrasse des siècles d’aventures humaines du haut de sa dunette.

Château est pure merveille et ensorcellement d’un temps figé. Le poème a parfois la simplicité d’une chanson de Verlaine et la proximité d’un Du Bellay.

Signatures est troussé joliment, instant pris sur le vif, croquis rapide et frais. Poignant, cinglant, dénonciateur, sans concessions m’est apparu Loin des piscines d’émeraude. La révolte est patente, en apathie totale, sans pose, avec tous ces errants « que d’aucuns aiment pour leur transparence ».

 Ajustée, faisant mouche comme le trait d’un archer ; Visage de fleuve, puissant, épique, salutaire, où Laure-Marie apparaît dans la Sorgue nageant entre deux eaux, l’un des plus beaux poèmes du recueil avec Socles et le poème qui clôt l’ouvrage, Locomotion souvenir qui, lui, reprend le ton feutré et murmuré de Bouteille à la mer avec plus d’amplitude comme un chant de passeur.

Bref, un festin royal auquel le Phocéen Ughetto nous convie avec un rare tremblé qui n’appartient qu’aux vrais poètes. J’ai d’ailleurs hâte de lire ses Rues de la forêt belle dont il signale la parution dans son introduction.

yves carchon auteur ecrivain polar

Une chronique signée Yves Carchon écrivain, auteur de « Riquet m’a tuer » et de « Vieux démons« 

 

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