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Genèse du roman de Virgnie Vanos : Le Spectateur

Ce ne fut pas sans mal que Virginie Vanos est arrivée à parachever ce qui est sans doute son livre « Le Spectateur » le plus intimiste et le plus profond. Certains vous diraient même le plus abouti.

virginie vanos Marc Naesen
© Marc Naesen

Genèse du roman « Le Spectateur »

Ecrit en une semaine, sur un coin de table

Chaque personne l’ayant lu et connaissant certaines bribes de ma vie personnelle ont reconnu, ou cru reconnaitre, des êtres ou des faits qui ont réellement existé. J’ai envie de leur répondre : « Ni oui, ni non mais bien au contraire »…

Ce qui veut tout et rien dire en même temps. Je m’explique : « Le Spectateur » est un livre que j’ai écrit en une semaine, sur un coin de table, dans un moment de désarroi survenu après une violente agression. J’étais totalement amorphe, je soignais mes blessures et je tentais de venir à bout des problèmes rénaux, ophtalmologiques et cardiaques qui faisaient alors mon quotidien.

Alexandra : mon alter ego

Avant de me mettre à table, au propre comme au figuré, j’ai passé un peu plus d’un mois à rêvasser puis à bouquiner. Dans mes rêveries éparses, j’ai d’abord imaginé le personnage d’Alexandra : mon alter ego.

Plus forte, plus réactive, plus salope aussi. Elle n’aurait, elle, jamais subi mon agression. J’ai repensé aussi au décès du docteur Y, le psy le plus nuisible de toute la francophonie. Je le connaissais un peu car nous avons été voisins durant plusieurs années.

Parce qu’aussi une de mes copines a travaillé pour lui comme secrétaire. Mais aussi car j’avais recueilli les confidences d’une grosse dizaine de personnes qui avaient eu le malheur de faire partie de sa patientèle.

Ce mec, c’était le genre à diagnostiquer une schizophrénie incurable à un être atteint d’une légère dépression exogène,  prescrire des neuroleptiques par camions entiers à toute personne franchissant sa porte. Sans parler du fait qu’il prenait 6 patients par heure.

Bref, une pompe à fric, dangereuse et irresponsable. Et le plus étonnant est qu’il se soit marié avec une ancienne escort girl !

J’ai repensé aussi à deux autres toubibs qui ont épousé des patientes. Et ce ne sont que les trois exemples les plus flagrants auxquels je pense, surtout que ces trois unions n’ont absolument pas été heureuses.

Je me suis alors plongée dans la lecture de « Tendre est la nuit », de F. S. Fitzgerald où la notion de contre-transfert, voire de folie partagée, était abordée de manière aussi pudique que sensible.

Enfin, je me suis souvenu d’une vieille connaissance qui, à l’époque où il était tout jeune infirmier, s’était violemment épris d’une patiente en fin de vie.

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© FB101

Alexandra, mon « moi » plus costaud

J’ai alors pris mon Alexandra, mon « moi » plus costaud mais aussi plus mystérieuse, voire manipulatrice, et je l’ai mise en face d’un jeune toubib, lugubre et solitaire, à qui j’ai rajouté quelques traits de caractère que je trouve soit touchants, soit horripilants.

Pour créer mon jeune psy, j’ai mis dans un mixer deux médecins spécialistes de ma connaissance, mon ancien kiné, mon premier amour et deux-trois copains. J’ai ajouté les notions d’honneur mal placé, de vulnérabilité, de conformisme et de tendresse.

Et après avoir mélangé le tout, j’avais mon Axel Ramaz. Ne restait plus qu’à savoir ce que j’allais en faire.

virginie vanos Edmond Delvenne

© Edmond Delvenne

Pas de happy end

Je ne voulais pas de happy end, cela aurait vraiment trop tiré par les cheveux. Je savais à peine d’où je partais. Le livre s’est un peu écrit tout seul. Il fallait qu’Alexandra le fasse tourner en bourrique, mais que l’on ignore si elle était vraiment perverse, totalement inconsciente ou bien si tout ce tralala se passait dans la tête d’Axel.

J’ai tout écrit presque d’un trait. Seule la fin m’a posé problème. Je crois que ce sont les 6-7 pages que j’ai le plus réécrites de toute ma vie d’auteure. Il fallait que cela sonne juste et que ça claque comme un énorme effet de surprise. Je pense avoir perdu trois litres de sueurs… .Mais je crois être arrivée à mes fins.

Mes proches se sont demandés pourquoi ce livre m’a tant éprouvée depuis sa parution. Je me suis toujours contentée de dire que j’ai mis tout mon amour, toute ma colère, toute ma tendresse et tout mon désespoir. Que c’était une sorte de gros baril de poudre.

couverture spectateur virginie vanos

Mais qui ou quoi a allumé la mèche… Ca, ça reste mon ultime secret.

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Bernie
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10 commentaires

  1. Oh, je viens d’écrire un article où je fais la part belle à ce qui se finit bien… mais il est vrai qu’on peut aussi opter pour un choix différent… Dans tous les cas, la fin reste une étape cruciale ! Sinon, pour la question de l’analyste qui « tombe amoureux » : bon… ça peut arriver, c’est humain ! Dans ce cas, il doit en principe diriger la patiente vers un autre praticien (ou alors, être sérieusement et rapidement supervisé et parvenir à gérer son « contre transfert »…).

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